Origine et histoire du Fort Saint Elme
Fort Saint‑Elme domine Collioure et Port‑Vendres depuis une crête située à 170 mètres d'altitude, accessible par une route communale reliant Port‑Vendres à la D114 via le lieu‑dit Creu Blanca et le fort Dugommier. À l'origine, il s'appuie sur une tour de garde érigée par les Maures, construite à l'époque de leur présence sur la côte (VIIIe‑IXe siècle selon les sources). Sous les comtes et les rois de la région, la tour fut remaniée et intégrée à un réseau de tours de guet communiquant par fumées et feux pour signaler les dangers. Les rois de Majorque la reconnurent et l'occupèrent, puis des travaux importants furent entrepris après la conquête aragonaise pour améliorer la défense du site. Au XVe siècle une partie des remparts relève de la période de domination française puis espagnole de la région. Au XVIe siècle, l'architecte Benedetto de Ravenne transforma la position en une fortification bastionnée pour Charles Quint, exécutant entre 1538 et 1552 un plan en étoile à six redents adapté à l'artillerie de l'époque. Ce tracé à l'italienne, avec pans inclinés et terrasse à 360°, vise à réduire l'effet des boulets et à couvrir tous les angles de tir. Malgré ces aménagements, les Français prennent Collioure en 1642 et, après le traité des Pyrénées, Vauban complète ultérieurement les défenses en ajoutant fossés, contrescarpe et autres éléments défensifs. Pendant la Révolution, le fort est impliqué dans les combats : il est fermé aux troupes républicaines lors de l'attaque espagnole de 1793 et se rend, puis subit un siège en 1794 qui le force à abandonner après un bombardement massif orchestré par les troupes républicaines. Durant cette période, il porte brièvement le nom de Fort‑du‑Rocher. Démilitarisé en 1903 et laissé à l'abandon, il est vendu aux enchères en 1913 ; inscrit aux monuments historiques en 1927, il fait l'objet d'une restauration menée par un propriétaire jusqu'en 1936. Occupé par la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale, partiellement dynamité au départ des Allemands et réparé en 1950, il fait l'objet d'importants travaux à partir de 2004. Ouvert au public comme musée privé à partir de 2008, il n'est plus accessible aux visites depuis 2023. Le toponyme Saint‑Elme renvoie à plusieurs traditions : il peut évoquer Érasme de Formia, être associé à Pierre Gonzalès ou provenir de la forme Sanctus Ermus, et il est lié à la figure patronale des marins et à l'expression « feu Saint‑Elme ». À l'extérieur, la silhouette en étoile à six redents est l'élément le plus caractéristique, complétée par des fossés et des aménagements bastionnés. L'intérieur s'organise autour de salles integrées à la circonférence de la tour : dortoirs, salles d'armes, magasins, boulangerie et corps de garde témoignent de la vie militaire. Le pas de tir peut accueillir plus de vingt canons et obusiers, les murs atteignent parfois huit mètres d'épaisseur et la tour abritait le magasin à poudre. Le musée présentait des collections d'armes et d'objets du XVe au XIXe siècle — casques, boulets, canons maritimes, fragments d'obusiers, armures, armes blanches et à feu — ainsi qu'une épée ornée d'une coquille Saint‑Jacques réalisée à Venise et une couleuvrine du XVIe siècle ; on y voit aussi la porte de la tour de guet, encadrée de corbeaux en pierre. Les souterrains, non ouverts au public, ont servi autrefois d'entrepôts, de logements et d'ateliers pour les corps de métier nécessaires au soutien des garnisons.
