Origine et histoire du Fort Sarah Bernhardt
Le corps de garde crénelé, de type 1846 n°3 et daté de 1859, a été adapté pour servir de poste garde-côtes ; sa version modifiée pour 30 hommes, comparable à celles de Port Maria et de Port Fouquet, a été construite entre 1860 et 1861. Des fortifications sont signalées à la pointe des Poulains depuis le XVIIIe siècle, lors des guerres de Succession d'Autriche et de Sept Ans. Pendant la guerre d'Amérique puis les conflits de la Révolution et de l'Empire, plusieurs batteries et bâtiments sont établis à la pointe et sur l'îlot. Les états de 1803 et de 1813 mentionnent une batterie orientale armée de deux canons de 24 livres et d'un mortier de 12 pouces, dotée d'un corps de garde, d'un magasin à poudre et d'un fourneau à réverbère. La Commission mixte d'armement de 1841 remplace les batteries par un poste garde-côtes, armé d'un obusier de montagne de 12 cm et d'une garnison de 30 hommes d'infanterie. Le poste n'est pas conservé par la Commission de défense des côtes en 1874 et le site est abandonné après 1870 ; il est déclassé par la loi du 27 mai 1889, versé aux Domaines le 26 juin 1890 et vendu le 11 septembre 1891. Un négociant de l'île acquiert alors la propriété, puis la revend le 11 novembre 1894 à la comédienne Sarah Bernhardt. Sarah Bernhardt transforme le corps de garde en résidence estivale : elle aménage les pièces, ouvre des fenêtres et larges baies, dessine le jardin et y installe un décor d'inspiration théâtrale. Elle étend son domaine sur 46 hectares, y construit la villa des Cinq Parties du Monde et la villa Lysiane, ainsi qu'une basse-cour, des courts de tennis, un jardin irrigué et un mur d'enceinte, et acquiert ensuite le manoir voisin de Penhoët. Pendant environ trente ans la comédienne passe ses vacances d'été sur place, recevant amis et invités et maintenant une ménagerie. Le poste est temporairement réoccupé par l'armée pendant la Première Guerre mondiale, et un projet d'installation d'un poste de défense contre les sous-marins armé de deux canons de 90 mm est envisagé en 1917-1918. En 1939-1940, un détachement assure la surveillance du phare des Poulains ; un poste d'écoute microphonique est également mentionné. Pendant l'Occupation, les villas servent au cantonnement des troupes chargées de la surveillance du littoral et le manoir de Penhoët est détruit en 1944. À la mort de Sarah Bernhardt, son fils vend la propriété ; celle-ci passe entre plusieurs particuliers et est progressivement laissée à l'abandon avant d'être rachetée par le Conservatoire du littoral en 2000. Le site est restauré en 2006 et aménagé en parcours muséographique consacré à la présence de Sarah Bernhardt à Belle-Île ; il est géré par la Communauté de communes de Belle-Île-en-Mer. Le fort est transformé en musée Sarah Bernhardt dans les années 2000 et accueille environ 25 000 visiteurs par an ; le décor théâtral y a été reconstitué à partir de photos et documents d'époque, et des vêtements donnés par la famille sont exposés. Le fort et le domaine sont la propriété du Conservatoire du littoral ; le site est inscrit aux monuments historiques depuis 2000 et labellisé Maisons des Illustres en 2011. Une partie importante du domaine d'origine a été aménagée en golf de Belle-Île-en-Mer à partir de 1984. Le musée de la citadelle de Le Palais conserve et expose également des objets personnels, des sculptures et des tableaux réalisés par Sarah Bernhardt ainsi que des documents et affiches d'époque.