Fort Vauban d'Alès dans le Gard

Patrimoine classé Patrimoine militaire Fort

Fort Vauban d'Alès

  • 21-27 Rue Soubeyrannes
  • 30100 Alès
Fort Vauban dAlès
Fort Vauban dAlès
Fort Vauban dAlès
Fort Vauban dAlès
Fort Vauban dAlès
Fort Vauban dAlès
Fort Vauban dAlès
Crédit photo : ICE-Marseille - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

4e quart XVIIe siècle

Patrimoine classé

Bastions avec leurs échauguettes, courtines, porte et pont d'accès (cad. CB 144) : inscription par arrêté du 24 mai 1973

Origine et histoire du Fort Vauban

La citadelle, traditionnellement appelée « fort Vauban », a été édifiée sur la colline de la Roque, dominant le centre d’Alès, à l’emplacement des anciens châteaux comtal et baronnial ruinés au début du XVIIe siècle. Sa construction fut décidée en 1686 et financée par la province ; les meubles des officiers y furent installés en 1688. Le chantier, piloté par l’intendant Basville, fut coordonné par l’ingénieur en chef François Ferry, assisté localement par Michel Raulet ; Sébastien Le Prestre de Vauban ne s’est pas rendu sur les lieux malgré l’attribution populaire de son nom. Pour édifier le nouveau fort on démolit la tour Sainte-Anne, on rasa le château des barons à l’exception d’une porte du XIIIe siècle intégrée à la courtine, et l’on fit disparaître le couvent des Capucins. Un plan du XVIIIe siècle mentionne six bastions nommés la Roque, Camus, de la Ville, des Capucins, royal et de la Prairie ; l’entrée principale s’ouvrait au milieu de la face du bastion royal, une poterne donnait dans une courtine et était défendue par une place d’armes. À partir de 1789, les casernes intérieures accueillirent des prisonniers.

Le site a des origines médiévales : la butte de la Roque fut fortifiée dès le XIIe siècle et la seigneurie se divisa rapidement entre les familles Pelet d’Alès et Bernard d’Anduze, donnant lieu dès les années 1170 à deux tours élevées dans une même enceinte, la tour Péletine et la tour royale. La co-seigneurie appartint au roi de France de 1236 à 1343 ; plus tard l’une des parts devint baronnie puis vicomté, l’autre fut érigée en comté et passa aux Montmorency. Les deux châteaux furent progressivement ruinés par la fin des guerres de religion et par le siège de 1621 ; les deux tours furent abattues en 1632 et certaines pierres réemployées pour relever la collégiale Saint-Jean.

Le fort se présente en U, composé de deux corps de logis : celui du midi servait de logement au gouverneur et à l’état‑major et s’ouvre sur une terrasse ajoutée ultérieurement, l’autre abritait la garnison et pouvait fonctionner comme prison. Au centre se trouve un grand escalier en rampes qui dessert les ailes en retour. L’enceinte défensive comporte six petits bastions, près d’une quarantaine d’embrasures pour canon, un fossé, une porte principale avec escalier et demi-lune attachée au corps de place, ainsi qu’une porte de secours avec pont-levis et grille sur la contrescarpe. Les bastions, leurs échauguettes, la porte et le pont d’accès ont été inscrits aux Monuments historiques le 24 mai 1973.

Le tracé de l’enceinte dessine un pentagone irrégulier ; les ouvrages avancés comme les demi-lunes ont en grande partie disparu lors de la création de jardins publics, qui n’ont laissé subsister que les fossés autour du grand bastion. L’entrée principale actuelle se situe dans le bastion dit « 6 » et est précédée d’un pont à deux arches ; subsistent des échauguettes aux pointes des bastions « 3 » et « 6 ».

Au cours du XIXe siècle et du XXe siècle, la citadelle connut de nombreux changements d’affectation et de propriétaires : elle servit de prison révolutionnaire, fit l’objet de transferts entre l’État et la ville, fut partiellement aménagée pour des casernements et des ateliers de détenus, et fit l’objet de réparations ou d’ouvertures réclamées par l’autorité militaire. Des aménagements municipaux et militaires se succédèrent, notamment un gymnase construit sous le fort pour les écoles et la garnison. Des conventions et échanges entre la ville et le département permirent d’accueillir des détachements d’infanterie à la fin du XIXe siècle et d’effectuer des travaux de réparation et d’adaptation.

Les relations entre la municipalité et l’administration pénitentiaire furent longues et parfois conflictuelles en raison de la proximité des locaux municipaux et du chemin de ronde accessible au public ; la maison d’arrêt fut supprimée quelques années entre 1926 et 1930 puis rouverte le 1er octobre 1930, et la cohabitation entre prison et locaux municipaux perdura jusqu’à la fermeture définitive de la maison d’arrêt en juin 1990. Le département du Gard reste propriétaire de la citadelle.

Anecdote : le surnom de « fort Vauban » traduit une influence stylistique due aux fortifications en étoile, mais l’ouvrage est l’œuvre de François Ferry, élève du maître, et non d’un passage de Vauban lui‑même.

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