Forteresse de Châtel-sur-Moselle dans les Vosges

Patrimoine classé Patrimoine défensif Forteresse

Forteresse de Châtel-sur-Moselle

  • 8 Rue des Capucins 
  • 88330 Châtel-sur-Moselle
Forteresse de Châtel-sur-Moselle
Forteresse de Châtel-sur-Moselle
Forteresse de Châtel-sur-Moselle
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Forteresse de Châtel-sur-Moselle
Forteresse de Châtel-sur-Moselle
Crédit photo : Zeb - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété privée ; propriété d'une société privée

Période

XVe siècle

Patrimoine classé

Parcelles cadastrales incluses dans le périmètre de l'enceinte : AB 26, 27 lieu-dit La Ville ; AD 134, au Nord de l'ancien donjon ; AD 142, 150 et 144, 145, lieu-dit Les Capucins (cad. AB 26, 27 ; AD 134, 142, 144, 145, 150) : inscription par arrêté du 18 avril 1988 ; Parcelles de l'enceinte : AD 147, 149, fossé Nord et double enceinte Nord de la citadelle ; AB 20, formant la partie Ouest du fossé Nord ; AB 28, 29, 37, entre la tour du Trésor et la tour du Sergent-Ferry ; AB 42, le boulevard ; AB 45, parties du boulevard et de la tour du Boulevard ; AB 49, partie de la tour du Boulevard et vestiges situés sous le monastère Notre-Dame ; AB 50, comprenant la tour de la Place ; AB 56, au Sud du cellier de Neufchastel ; AD 86, avec la tour de l'Etuve ; AD 87, entre la tour du Charbon et la tour du Parterre ; AD 146, entre la tour de la Chapelle, la tour du Colombier et la tour de la Campagne ; AD 134, partie Sud de la parcelle, entre l'ancien donjon et l'ancien hôtel de Werdenberg, comprenant aussi notamment la halle, les substructions de Vaudemont, la salle des gardes et le cellier de Neufchastel ; AD 133, correspondant au coeur de la citadelle avec les celliers et le puits, à l'exclusion du bâtiment moderne (cad. AD 133, 134, 146, 147, 149, 86, 87 ; AB 20, 28, 29, 37, 42, 45, 49, 50, 56) : classement par arrêté du 18 avril 1988

Origine et histoire de la Forteresse

La forteresse de Châtel-sur-Moselle, située à Châtel-sur-Moselle dans les Vosges, figure parmi les plus grands châteaux forts d'Europe. Elle occupe cinq hectares, comprend vingt-deux tours, 1,4 km de remparts, trois niveaux de galeries et des salles souterraines. Le site illustre l'évolution de la fortification du XIe au XVIe siècle et témoigne d'une adaptation précoce à l'artillerie à boulets métalliques. L'ensemble est partiellement classé et partiellement inscrit au titre des monuments historiques depuis le 18 avril 1988. Après la mort du duc de Lorraine Gérard d'Alsace, un partage intervient entre ses fils Thierry et Gérard, et l'empereur Henri IV attribue à ce dernier la région de Vaudémont et Châtel, formant ainsi le comté de Vaudémont, vassal de Lorraine. Entre 1072 et 1100 est probablement construit le premier château sur un éperon calcaire dominant d'une douzaine de mètres le lit de la Moselle : un donjon d'habitation de quatre étages haut de 35 mètres, entouré d'une enceinte quadrangulaire d'1,20 m d'épaisseur sans tours. Une église romane dédiée à saint Laurent, établie à l'angle nord-est, sert de paroisse jusqu'à la fin du XVe siècle. Faute de confort, le donjon voit son rôle domestique réduit au profit d'un hôtel seigneurial aménagé sur le flanc est, tandis que le premier étage du donjon conserve une salle d'apparat. En 1216 la suzeraineté de Châtel passe au comte de Bar, qui prête de l'argent aux Vaudémont pour renforcer le château ; les travaux étendent l'enceinte vers l'est et créent une seconde cour séparée par l'hôtel seigneurial. Quatre tours militaires sont alors introduites : une tour-porte à l'ouest équipée d'un pont-levis fait office de nouvelle entrée, et trois tours de flanquement au sud protègent les segments de murailles, deux d'entre elles descendant jusqu'au pied du rocher. La ville en contrebas se développe et s'entoure d'une enceinte jointe au château ; la charte de franchise accorde des droits aux habitants, les exonère de taxes et institue une commune, mesure confirmée en 1532 par Élisabeth de Neufchâtel. Après les successions du milieu du XIVe siècle, la seigneurie de Châtel échoit à la famille de Neufchâtel, liée culturellement à la Bourgogne, ce qui provoque des frictions avec le duc de Lorraine au XVe siècle. Face à l'apparition de l'artillerie à poudre, Thiébaut VIII de Neufchâtel fait édifier une grande enceinte au nord flanquée de cinq tours pourvues de canonnières, double la superficie du château, renforce l'entrée par deux tours flanquantes et une barbacane, et agrandit l'hôtel pour y loger le bailli. Le développement rapide de l'artillerie et l'usage du boulet de fonte conduisent, à partir de 1448 sous Thiébaut IX, à la construction d'une enceinte extérieure plus basse au nord, installée au fond d'un fossé large de 57 mètres, tandis que le flanc sud, bordé par la Moselle, est protégé par un mur-bouclier descendant jusqu'au pied du rocher. Après l'affaire d'Épinal, Thiébaut IX entre en guerre contre la Lorraine ; les sièges de 1467 et 1471 échouent, démontrant l'efficacité des améliorations défensives. Guillaume, dernier fils de Thiébaut IX, favorise sa nièce Élisabeth, qui épouse Félix de Werdenberg et obtient la protection de l'empereur Charles Quint ; Félix fait construire au début du XVIe siècle un nouvel hôtel seigneurial, orné de tuiles polychromes de tradition bourguignonne et comportant quatre pièces au rez-de-chaussée. Après la mort d'Élisabeth sans héritier et de longues procédures, Antoine, duc de Lorraine, reprend la forteresse le 1er février 1544 par échange, rendant Châtel à la Lorraine. Durant la guerre de Trente Ans et les efforts français d'incorporation de la Lorraine, Châtel subit neuf sièges successifs entre 1634 et 1670 ; à la fin de 1670 les troupes françaises occupent la forteresse et Louis XIV ordonne sa démolition. On fait sauter tours et bâtiments, puis, faute de poudre suffisante, les habitants sont contraints de recouvrir le château de terre, opération accomplie en quatre mois. Quarante ans plus tard, un couvent de chanoinesses de Saint-Augustin est élevé sur l'emplacement de l'ancienne porterie et abrite aujourd'hui le centre culturel Guyot d'Avilley, tandis qu'un couvent de frères capucins est édifié sur l'ancien hôtel seigneurial, puis transformé au XXe siècle en maternité ; ces bâtiments subiront des bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale. Pour empêcher la construction de nouveaux immeubles sur le château enfoui, M. et Mme Debry créent une association de sauvegarde ; les premiers déblaiements font alors apparaître l'étendue insoupçonnée du site. Un immeuble construit dans les années 1960, la « résidence des Capucins », est jugé incompatible avec le site médiéval et le second immeuble mentionné reste à démolir. Depuis 1972, l'association du Vieux Châtel et des bénévoles internationaux entreprennent des travaux de restauration visant à dégager et mettre en valeur les espaces, à tailler la pierre et à reconstituer des éléments défensifs. Les interventions ont mis au jour des éléments de la forteresse et des installations liées à son activité (forge, moulin), la tour de l'étuve côté Moselle, des archères et des canonnières dont l'une abrite une réplique de couleuvrine, ainsi qu'un pont-levis et d'importantes portions du château enfouies.

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