Origine et histoire de la Forteresse
Le site du château de Ham est connu depuis une charte de 1052 ; la forteresse médiévale fut remaniée au XIIIe siècle par Odon IV, qui lui donna un plan polygonal cantonné de grosses tours cylindriques. Au fil des siècles, la seigneurie passa entre plusieurs mains — dont celles de Coucy, d'Orléans et des Luxembourg —, entraînant des reconstructions et des adaptations pour résister à l'artillerie, notamment la construction d'une imposante tour maîtresse dite « tour du Connétable ». Intégrée au réseau de forteresses seigneuriales, la place fut renforcée au XVIe siècle par une chemise bastionnée, puis modifiée à la fin du XVIIe siècle sous l'influence de Vauban. Transformé au XVIIIe siècle en prison d'État, le château a accueilli de nombreux détenus célèbres, parmi lesquels Mirabeau, le marquis de Sade, Louis-Napoléon Bonaparte — qui s'en évada de façon spectaculaire en 1846 — ainsi que d'autres personnalités politiques et militaires. Dynamité par les forces allemandes en 1917, le château n'offre aujourd'hui en élévation que sa tour d'entrée de plan carré et une partie de son réseau d'enceintes ; le reste des ruines a longtemps servi de carrière de pierre avant d'être préservé. Les vestiges sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques depuis 1965 et une association locale, créée en 1977, œuvre à leur sauvegarde et à leur mise en valeur par des travaux, des expositions et des animations. L'association organise des chantiers de jeunes bénévoles, des visites estivales au flambeau et depuis 2018 un événement médiéval proposant reconstitutions, ateliers et spectacles. Une plaque apposée en 1980 rappelle le séjour et l'activité politique de Louis‑Napoléon Bonaparte au fort. Sur le plan architectural, la forteresse présentait un tracé rectangulaire de 120 mètres sur 80, conforme au « schéma philippien », avec une tour ronde à chaque angle et des courtines protégées par deux tours carrées ; la porte d'entrée était défendue par une demi-lune et un pont‑levis. Un fossé alimenté par la Beine renforçait les défenses, jusqu'au creusement du canal de la Somme qui en assécha une partie ; les murs d'enceinte atteignaient 16 mètres de hauteur, reposant sur un soubassement en grès et des moellons en calcaire blonde, avec mâchicoulis et créneaux. La tour du Connétable, de proportions exceptionnelles, présentait un diamètre et une hauteur d'environ 33 mètres et des murs très épais ; ses accès étaient isolés par un fossé intérieur. Dans la cour subsiste un tilleul remarquable, qualifié parfois à tort d'« arbre de la liberté », dont la souche a repris après les destructions de 1917. Aujourd'hui, les vestiges dominent le canal de la Somme et font l'objet d'actions de valorisation qui cherchent à transmettre l'histoire du site au public.