Forteresse de Salses à Salses-le-Château dans les Pyrénées-Orientales

Patrimoine classé Patrimoine défensif Forteresse

Forteresse de Salses

  • Le Portichol
  • 66600 Salses-le-Château
Forteresse de Salses
Forteresse de Salses
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Forteresse de Salses
Forteresse de Salses
Crédit photo : Albert Sarola Juanola - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Période

4e quart XVe siècle

Patrimoine classé

Le château : classement par arrêté du 12 juillet 1886 ; La forteresse de Salses avec l’ensemble de son dispositif de défense, situés sur la parcelle 19 de la section AA du cadastre, tels qu’ils figurent délimités et hachurés en rouge sur le plan annexé à l’arrêté : classement par arrêté du 27 juin 2018.

Origine et histoire de la Forteresse de Salses

La forteresse de Salses, située sur la commune de Salses‑le‑Château à 17 km au nord de Perpignan (Pyrénées‑Orientales), dépend aujourd’hui du Centre des monuments nationaux. La principale campagne de construction s’est déroulée entre 1497 et 1503 ; les rois catholiques Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille en ordonnèrent l’édification et les sources citent des ingénieurs espagnols tels que Ramírez et Francisco Ramiro López. L’ouvrage occupe la « plaine‑goulet » formée par la bande littorale étroite entre les Corbières maritimes et l’étang de Leucate, point de passage obligé pour les convois d’artillerie et attesté comme stratégique depuis l’Antiquité (Voie Domitienne) jusqu’aux voies modernes (RN 9, A9, ligne Narbonne–Port‑Bou). Après la destruction du village et du château de Salses en 1496, la forteresse fut élevée pour verrouiller ce passage et résista dès 1503 à un siège français marqué par l’explosion d’une mine de guerre qui fit plusieurs centaines de victimes et entraîna la construction, côté extérieur, d’un talus maçonné protégeant la base des courtines et des tours. Charles Quint visita la place en 1538, puis la paix de 1544 instaura un siècle de tranquillité durant lequel l’architecture bastionnée, née en Italie du Nord, rendit progressivement l’édifice moins novateur. La forteresse fut de nouveau le théâtre de combats pendant la guerre de Trente Ans : prise après 40 jours par les Français le 20 juillet 1639, elle servit ensuite de siège aux troupes françaises retranchées, assiégées du 1er septembre 1639 au 6 janvier 1640, puis fut définitivement conquise par la France le 5 septembre 1642. Le traité des Pyrénées de 1659 fit perdre à Salses son rôle frontalier, et des projets de destruction furent évoqués à partir de 1685 puis en 1718 et 1726, sans être exécutés en raison du coût élevé. Vauban dirigea des restaurations et des transformations à partir de 1691 ; la forteresse servit ensuite de prison d’État (notamment pour l’affaire des poisons), de magasin à poudre au XIXe siècle, retrouva une garnison de 1793 à 1804, et vit son donjon converti en magasin à poudre en 1817. Le château fut classé monument historique en 1886 ; en 2018 le classement a été précisé quant à la parcelle cadastrale.

Le plan général est un rectangle d’environ 115 m sur 90 m, typique d’une architecture militaire de transition entre le château médiéval et les fortifications bastionnées. L’enceinte, semi‑enterrée, se compose de deux parties séparées par un fossé intérieur et une courtine à éperon : à l’est la vaste place d’armes, bordée de logements et d’écuries, et à l’ouest le réduit, centré sur la tour de l’Hommage, donjon isolé défendu par son propre fossé et accessible par un pont‑levis depuis la place d’armes. Les murailles, épaisses de six à dix mètres (jusqu’à quinze mètres si l’on inclut le talus incliné), associent moellons de pierre dure et bandes de briques pleines, matériau employé pour mieux résister aux boulets métalliques ; la forteresse est conçue pour limiter l’impact de l’artillerie en enterrant les masses et en multipliant les postes de tir. Trois tours d’artillerie détachées, en forme de fer à cheval, avancent au fond du fossé et sont reliées au corps de place par des couloirs semi‑souterrains voûtés appelés caponnières, qui servaient à la circulation protégée et à la défense rasante du fossé. Un réseau de galeries d’écoute et de contre‑mine, des douves, de très nombreuses meurtrières extérieures et intérieures, des poternes et des portes en chicane composent un système défensif pensé pour transformer l’enceinte en un piège pour l’assaillant. La forteresse illustre l’art militaire espagnol, italien et bourguignon : complexité des circulations internes, symétrie structurelle, enfouissement des masses, ouvrages avancés reliés par des galeries, et dispositifs d’alerte et de contre‑mine ; elle innove aussi par la captation et la conservation de l’eau pour un usage domestique et militaire.

Les choix de construction présentent des avantages et des limites : l’enfouissement et l’épaississement des murailles rendent l’ouvrage résistant aux boulets métalliques et aux mines, mais réduisent le champ de tir, d’où la multiplication des embrasures (environ 400 meurtrières dirigées vers l’extérieur) et un grand nombre d’ouvertures défensives vers l’intérieur. Les tours à plan circulaire restent vulnérables aux sapes en raison d’angles morts et l’enterrement de la forteresse a eu pour effet de rendre les escarpes beaucoup plus hautes que les contrescarpes, exposant la muraille sur plusieurs mètres au tir adverse et limitant les tirs rasants efficaces depuis les plateformes défensives.

Le fossé extérieur, large de 12 à 15 mètres et pourvu au centre d’une cunette de drainage, a le fond au niveau des salles les plus basses de l’ouvrage ; il n’était pas conçu initialement pour être inondable et les chambres de tir balayant les fossés furent bouchées après le siège de 1503 par le talus maçonné. Les ouvrages avancés en demi‑lune, dotés d’éperons pour dévier les boulets et d’une artillerie sommitale, sont reliés par des caponnières et empêchaient l’ennemi de placer sa propre artillerie à portée efficace. Les galeries d’escarpe, voûtées en demi‑berceau et parcourues par une cunette et un égout, servaient d’écoute et de contre‑mine ; leur étroitesse et leur voûtement empêchaient une pénétration massive de l’ennemi et facilitaient le repli des défenseurs vers le réduit et le donjon.

Quatre tours d’angle encadrent l’enceinte : celles orientées vers la France culminent à 21 m avec quatre niveaux de casemates, tandis que celles côté « Espagne » mesurent 18 m et comportent trois niveaux ; les niveaux inférieurs, munis d’embrasures rayonnantes, furent murés après 1503 par le talus. Chaque tour est traversée par un orifice central servant à la manutention des pièces d’artillerie, à l’évacuation des fumées et à la transmission des ordres ; elles ne communiquent pas verticalement par des escaliers mais horizontalement par les niveaux de casernement, et chaque tour abrite un puits alimenté par des sources naturelles pour l’alimentation et le refroidissement des canons. L’artillerie de la forteresse comprenait vingt‑quatre canons et les plateformes supérieures, aujourd’hui modifiées, furent initialement couronnées de parapets crénelés et de guérites en encorbellement.

Le châtelet d’entrée protège l’unique accès et s’atteint après une succession d’obstacles (pont dormant, barbacane, pont‑levis, demi‑lune, passage coudé) ; extérieurement il présente deux tourelles cylindriques en briques et un bas‑relief orné d’armes attribuées aux Rois Catholiques. La tour de l’Hommage, rectangle plat côté cour et semi‑circulaire côté campagne pour dévier les boulets, s’élève sur sept niveaux et culmine à 26 m ; elle comporte des logements et bureaux du gouverneur, des cheminées, des latrines reliées à un système d’évacuation, de nombreuses embrasures et un important réseau de communications internes. Le réduit, « forteresse dans la forteresse », regroupe les fonctions vitales (magasins à poudre, prison, magasins de vivres et de farines, boulangerie, écuries ou bergerie, cuisine/laïterie) et capte des sources pour l’approvisionnement et la distribution de l’eau ; ses accès sont peu nombreux et protégés par des chicanes et un pont mobile. La place d’armes, bordée de portiques et de casernements surmontant les écuries, comporte un puits central destiné aux hommes et aux chevaux ; les installations permirent d’accueillir jusqu’à 300 chevaux et environ 1 500 hommes de troupe dans les casernements supérieurs. La chapelle dédiée à saint Sébastien occupe l’aile est et reçut au XVIIe siècle un retable orné du Soleil Royal de Louis XIV. Aujourd’hui certaines écuries accueillent des expositions d’art contemporain, tandis que l’intérieur des bâtiments reste en grande partie en ruine.

Liens externes