Origine et histoire des fortifications
Les vestiges des anciennes fortifications entouraient la cité médiévale de Mouzon, sur la Meuse, à la croisée de l'ancienne voie romaine de Reims à Trèves. L'élément le plus ancien conservé est la porte de Bourgogne ; sa tour carrée, qui surplombe les remparts, remonte au début du XIIIe siècle. Côté ville, ses angles sont renforcés par quatre contreforts ; la porte s'ouvre à la base sur un passage voûté et se développe sur trois niveaux. Les salles de surveillance présentent de petites ouvertures vers la cité et, côté campagne, cinq archères disposées en quinconce ; l'une d'elles comporte une cheminée. Du côté extérieur, une niche gothique domine le passage ; elle a reçu des aménagements du XIXe siècle (peinture bleue, festons métalliques, tablette de bois et vitres) et abrite une Vierge à l'Enfant également datée du XIXe siècle. Les fortifications ont été modifiées entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIIe siècle pour tenir compte des progrès de l'artillerie : au cours de la seconde moitié du XVIe siècle on a construit un bastion pourvu de casemates, et entre 1638 et 1641 on a ajouté un bastion, une escarpe et une contre-escarpe côté extérieur de la cité. De ce bastion accolé à la tour carrée subsistent principalement un flanc et ses salles d'artillerie. La grosse tour, destinée à l'artillerie et édifiée vers 1510, ne conserve que sa partie basse ; les vestiges permettent d'estimer un diamètre d'environ 24 mètres, des murs d'environ 8 mètres d'épaisseur, des chambres de tir voûtées et une terrasse qui accueillait les pièces d'artillerie, le plan étant en fer à cheval et desservi par une rampe reliant la tour au rempart. De la tour dite Couaillote ne subsistent que les assises inférieures, et la tour Saint-Jérôme est entièrement remblayée. Des travaux rue de la Mothe ont mis au jour un mur d'enceinte antérieur, daté des IXe–XIe siècles ; les fortifications elles-mêmes sont généralement attribuées à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle et sont probablement contemporaines de l'abbatiale. Elles ont été réagencées et renforcées à l'époque moderne en particulier par l'ajout de bastions et l'épaississement des murs. La place a fait l'objet de plusieurs sièges : prise par des troupes espagnoles en 1650 puis reprise par les Français commandés par Turenne en 1653, elle a été démantelée quelques décennies plus tard. Les vestiges ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1926 et 2000, et la porte ainsi que des remparts ont fait l'objet d'une restauration partielle entre 1986 et 1989 par les bénévoles de l'association Chantiers Histoire et Architecture Médiévales (C.H.A.M.).