Fortifications à Aire-sur-la-Lys dans le Pas-de-Calais

Fortifications

  • 62120 Aire-sur-la-Lys
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Crédit photo : JonathanF08 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

4e quart XVIIe siècle

Patrimoine classé

Fort Saint-François (appelé aussi fort Gassion) , ses vestiges visibles, ainsi que le sol abritant les vestiges des fortifications (cad. ZB 44, 45, 125, 127) : inscription par arrêté du 27 avril 1990

Origine et histoire

L'enceinte d'Aire-sur-la-Lys est un ancien ensemble de fortifications qui a protégé la ville du Moyen Âge au XXe siècle et a façonné son développement urbain. Successivement première ligne de défense des Pays-Bas puis seconde ligne du Pré Carré de Louis XIV, la ville a connu trois sièges qui ont fait évoluer ses ouvrages jusqu'à leur démantèlement en 1893. Dès le XIe siècle, les comtes de Flandre ont élevé à l'est une motte castrale dite La Salle, pourvue d'un fossé, d'un pont-levis et de viviers, située à l'actuelle place des Béguines. Vers 1200, Baudoin IX fit édifier un second château à l'ouest, sur l'actuelle place du Château : un bâtiment carré aux murs épais, doté d'une cour centrale, de tours d'angle, d'un fossé et d'un pont-levis. Progressivement, le castrum s'étendit et la ville fut entourée de remparts doublés de fossés, dont les tours rondes à soubassement de grès sont voûtées de briques et comportent plusieurs pièces, dont une « haute loge » pour les veilleurs et les armes. Ce sont alors les bourgeois qui assuraient la défense de la cité, et les remparts furent renforcés aux XIVe et XVe siècles ; le tracé urbain resta inchangé jusqu'au démantèlement.

Aux XVe et XVIe siècles, les rivalités entre le royaume de France et les maisons bourguignonne puis des Habsbourg et la progression de l'artillerie rendirent obsolètes les fortifications médiévales et entraînèrent la construction de points d'appui le long de la frontière, faisant d'Aire une place frontière. À partir de 1522, sous l'impulsion de Charles Quint et en réaction aux travaux entrepris par François Ier à Thérouanne, la ville reçut des boulevards de transition entre la fortification médiévale et la fortification bastionnée. Dans les années 1540 et suivantes, quatre bastions furent ajoutés à l'enceinte : celui des Chanoines ou de Thiennes (1541), celui de la porte d'Arras (1546), celui de la porte de Saint-Omer (mentionné vers 1553, parfois daté de 1533) et le bastion Notre-Dame (entre 1560 et 1570). Le bastion de Thiennes, qui subsiste, est un bastion à orillons avec flancs casematés abritant de l'artillerie, disposition typique des bastions construits dans les années 1530-1540 ; le type des autres bastions n'est pas précisément connu.

En 1610, le plan de Pierre Coeulre ajoute deux bastions, la porte de l'Eau à l'est et la porte de Bienne à l'ouest, et une seconde ligne d'ouvrages extérieurs en demi-lune renforce la défense après l'élargissement des fossés. Ces aménagements furent mis à l'épreuve lors des sièges de 1641, d'abord par les Français au printemps puis par les Espagnols en décembre, et en 1642 le fort Saint-François fut construit pour protéger la ville des attaques venant de Flandres. Malgré le traité des Pyrénées de 1659, Aire resta sous domination espagnole jusqu'au siège de 1676, date à laquelle la place forte comptait huit bastions, dix demi-lunes et trois ouvrages à cornes.

Après la reprise d'Aire par la France en 1676, Vauban confia à l'ingénieur Gourdin des projets d'aménagement : en 1682 celui-ci proposa notamment une deuxième enceinte au bord du fossé et la conservation réduite à trois ouvrages à corne, et en 1686 Vauban ordonna la destruction de l'ouvrage à corne de la porte d'Arras et l'amplification des demi-lunes de Notre-Dame et de Saint-Omer. Vauban renforça le système défensif par l'eau en créant contre-fossés et batardeaux ; en 1710 on inonda les champs autour des fortifications, mesure qui n'empêcha pas la reprise de la ville par les Espagnols la même année, avant le retour à la France par le traité d'Utrecht en 1713.

Au XVIIIe siècle, trois ingénieurs marquèrent les grands travaux : Matthieu Demus, qui de 1740 à 1744 fit construire la contre-garde de Thiennes, rasant la demi-lune de 1742 et élevant la caserne Notre-Dame et un pavillon d'officiers ; Louis Courdoumer, qui de 1744 à 1751 acheva des contre-gardes et entreprit celles des Chanoines ; et Étienne Chevalier de Lencquesaing, qui de 1751 à 1761 reconstruit une demi-lune à l'ouest du château, les corps de garde des trois portes et fit édifier quatre contre-gardes protégeant les bastions d'Asfeld, des Chanoines, de Thiennes et d'Arras, ainsi que la caserne de la Blanchierie (actuelle résidence Bayart). Après 1760, les travaux ultérieurs restèrent essentiellement au stade de rapports et l'effort se concentra sur l'entretien pour éviter la dégradation des ouvrages.

Le démantèlement s'ouvrit en 1893 : l'armée se débarrassa des canons le 1er juillet et les premières opérations de destruction commencèrent le 14 juillet à la porte Beaulieu, tandis que le processus s'étalait après une décision de principe prise en décembre 1871 et de longues oppositions. Le 1er octobre 1888, le conseil supérieur de la guerre déclassa la place, laissant à la ville la charge des frais ; après négociations avec l'armée et le directeur du Génie, la municipalité prit à sa charge risques et coûts et reçut gratuitement les terrains dégagés. Les travaux, menés pendant trois ans, transformèrent la ville : les remparts furent démolis, des boulevards tracés, des conduites de gaz posées et un accès direct à Moulin-le-Comte créé, mais l'opération connut des interruptions à cause d'inondations, des accidents et trois décès en février 1893 et février 1894. Le coût initialement estimé à 600 000 francs atteignit finalement 925 000 francs.

Subsistent aujourd'hui les portes d'Arras et de Saint-Omer, le bastion du Mont des Chanoines, les portes d'entrée du fort Gassion, le bastion de Beaulieu, la poudrière et les casernes de Listenois et Taïx. Les portes d'Arras et de Saint-Omer furent conservées grâce au maire André Faucquette en 1897 ; une porte reconstruite avec les pierres des anciennes portes se situe devant le parc des sports, rue d'Isbergues. En 1893 le conseiller municipal François Saudo demanda la conservation du bastion du Mont des Chanoines ; malgré des aménagements au XXe siècle, ce bastion restitue assez fidèlement l'aspect des fortifications du XIXe siècle. Du fort Gassion ne subsiste que la porte d'entrée ; sa chapelle a été démontée puis reconstruite à La Motte-au-Bois comme façade d'une église. Le bastion de Beaulieu, érigé au début du XVIIe siècle par les Espagnols, demeure le mieux conservé à l'entrée de la ville, et sa poudrière du XVIIIe siècle a été restaurée en 1991. Les casernes, qui n'étaient pas concernées par le démantèlement, ont été préservées et réhabilitées en logements, à l'exception de la caserne Coislin qui a brûlé en 1908.

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