Origine et histoire du Fort Marie-Christine
La barrière de l'Esseillon, dite aussi forts de l'Esseillon, est un ensemble de cinq fortifications érigées sur les communes d'Aussois et d'Avrieux, en Savoie, sur un verrou rocheux fermant la haute vallée de l'Arc en amont de Modane. Construites entre 1819 et 1834, ces défenses avaient pour rôle de protéger la partie cisalpine du royaume de Sardaigne contre une éventuelle invasion française ; leur édification a été financée par les indemnités versées par la France après le congrès de Vienne et s'est effectuée sous la pression de l'Autriche. L'ensemble protège l'accès au col du Mont-Cenis et remplace les fortifications du val de Suse détruites lors des campagnes de la fin du XVIIIe siècle ; l'intérêt stratégique du passage était renforcé par l'amélioration de la route en direction du Piémont. L'artiste William Turner a représenté les forts dans une aquarelle des années 1830 conservée au Metropolitan Museum de New York, œuvre dont il a probablement repris des détails d'une gravure publiée par William Brockedon en 1827. Les ouvrages n'ont jamais été engagés au combat : l'alliance franco-sarde de 1857 les rendait obsolètes et, lors du traité de Turin qui a organisé l'annexion, la France s'est engagée à détruire ces forts — engagement peu suivi d'effets, à l'exception du fort Charles-Félix. Après l'annexion de la Savoie en 1860, l'armée française a utilisé ces fortifications pour défendre le territoire dans le sens inverse ; le fort Victor-Emmanuel a par ailleurs servi de prison en 1943 (réf. nécessaire). Conçus selon le modèle de Montalembert, ces ouvrages misent sur des forts perpendiculaires et des tours à canons permettant des tirs croisés, contrairement au système de Vauban. Quatre forts et une redoute composent la barrière : quatre ouvrages se trouvent sur la rive droite de l'Arc, sur la commune d'Aussois, tandis que la redoute Marie-Thérèse occupe la rive gauche, sur la commune d'Avrieux, reliée par une petite passerelle appelée pont du Diable. Une tranchée bastionnée, aujourd'hui disparue, reliait le fort Marie-Christine au fort Charles-Albert pour protéger le nord du quadrilatère ; l'ensemble pouvait servir de camp retranché pour près de 10 000 hommes. Le fort Marie-Christine, le plus élevé et le plus proche du village d'Aussois, a fait l'objet des premières restaurations : transformé en restaurant et en gîte, il accueille également un centre culturel, un gîte d'étape et l'une des entrées du parc national de la Vanoise. Quatre des ouvrages sont classés au titre des monuments historiques : les forts Charles-Félix et Marie-Christine depuis le 27 juin 1983, et les forts Victor-Emmanuel et Marie-Thérèse depuis le 30 décembre 1991. Restaurés ou en cours de restauration, ces forts constituent aujourd'hui des lieux de tourisme, de culture et de gastronomie, et proposent des activités de plein air (via ferrata, parcours d'accrobranche et tyroliennes autour de l'Arc et près de la redoute Marie-Thérèse). Depuis 1972, l'Association des Forts de l'Esseillon, fondée en 1970, organise des chantiers bénévoles pour leur restauration, le fort Marie-Christine ayant été le premier objet de ces travaux.
