Origine et histoire de la Fosse
La fosse Ledoux, ou Charles Ledoux, est un ancien charbonnage de la Compagnie des mines d'Anzin à Condé-sur-l'Escaut. Les travaux du nouveau siège commencent en octobre 1900 ; le fonçage des puits, réalisé par congélation, débute le 6 juillet 1901 pour le puits n°1 et le 2 juin 1902 pour le puits n°2, le terrain houiller étant atteint à 154 mètres. La fosse entre en production le 16 juillet 1905 et prend rapidement en charge la production de la fosse Chabaud-Latour, qui cesse progressivement d'extraire au profit de Ledoux avant 1910. Partiellement détruite durant la Première Guerre mondiale, la fosse est réparée et reprend l'extraction le 3 juin 1919. À l'origine, l'extraction reposait sur deux machines à vapeur de la Compagnie Thomas Peslin et six chaudières ; des compresseurs sont installés dès 1907 et renouvelés dans les années suivantes, tandis que de nouvelles machines à vapeur et chaudières sont mises en place dans les années 1920. La fosse figure parmi les dernières de la Compagnie d'Anzin à utiliser des machines à vapeur avant l'installation, vers 1950, de nouvelles machines d'extraction de type poulie Koepe et l'électrification des installations. Après la nationalisation en 1946 et son intégration au Groupe de Valenciennes, Ledoux concentre la fosse Saint‑Pierre en 1948 et connaît une importante modernisation au début des années 1950, avec l'installation de nouveaux chevalements et de salles des machines. Le chevalement subsistant du puits n°1, construit en 1951 par les établissements Delattre et Frouard, est un portique en poutrelles d'acier boulonnées, doté d'un avant‑carré porteur et de mollettes superposées ; les chevalements de 1951 furent installés à 90° des ouvrages antérieurs. La fosse se développe encore dans les années 1950 et 1960 : un lavoir est construit en 1955, une galerie montante est commencée en 1954 pour exploiter la veine Saint‑Georges et débouche en 1960 dans la forêt de Bonsecours, tandis que les puits sont approfondis à partir de la fin des années 1960. Un traité d'amodiation de 1957 permet l'exploitation vers le sous‑sol belge ; le puits n°2 est approfondi à 660 mètres en 1968, le n°1 l'est peu après, puis le n°1 est ravalé à 740 mètres en 1980. Au fil du XXe siècle, des cités sont bâties à Condé‑sur‑l'Escaut et Vieux‑Condé pour loger les ouvriers, et quatre terrils sont édifiés à proximité durant l'exploitation. La concentration Ledoux cesse d'extraire le 30 décembre 1988 après avoir produit 33 645 000 tonnes ; les puits sont comblés en 1989 et la plupart des installations de surface sont détruites entre 1990 et 1991. Le chevalement du puits n°1, seul vestige conservé du carreau, est inscrit aux monuments historiques le 6 mai 1992. Au début du XXIe siècle, Charbonnages de France matérialise les têtes des puits et installe un exutoire de grisou sur le puits n°1, qui fait l'objet d'inspections annuelles du BRGM. Le carreau de fosse a été reconverti en espace naturel ; le chevalement du n°1, trois terrils et plusieurs cités figuraient parmi les 353 éléments répartis sur 109 sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco le 30 juin 2012, constituant notamment le site n°8. Les terrils liés à Ledoux comprennent le n°194 dit Acacias, anciennement exploité et situé au bord du lac, le n°195 Ledoux Nouvelle Route, terril plat boisé de huit mètres, le n°195A Ledoux Moulineaux, plateau boisé partiellement exploité, et le n°196 Ledoux Lavoir, terril conique boisé haut de 33 mètres. Parmi les cités classées figurent la cité‑jardin de la Solitude, la cité‑jardin des Acacias et la cité pavillonnaire de Lorette, qui témoignent de l'urbanisme minier développé et étendu après la nationalisation. Aujourd'hui le chevalement du puits n°1 reste le principal témoin architectural de la fosse Ledoux et du processus de modernisation de l'après‑guerre.