Origine et histoire de la Fosse
La fosse n° 11-19, dite Saint-Pierre ou Pierre Destombes, est un ancien charbonnage situé à Loos-en-Gohelle, dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le puits n° 11 a été foncé pour la Compagnie des Mines de Lens en 1891 (ou selon d'autres sources en 1893), près des limites avec Lens ; un puits d'aérage, le n° 11 bis, a été mis en service en 1909 sur un carreau voisin. L'exploitation a commencé en 1894 et, comme pour d'autres fosses de la région, les installations ont été détruites pendant la Première Guerre mondiale puis reconstruites dans le style des mines de Lens. Le chevalement métallique en poutrelles à treillis, daté de 1923, a servi à l'extraction jusqu'en 1949 ; la machine d'extraction de type bi-cylindroconique subsiste dans le bâtiment de recette, aux côtés des bains-douches et des ateliers reconstruits de la même époque. Nationalisée en 1946, la Compagnie a intégré le Groupe de Lens, qui fusionna en 1952 avec le Groupe de Liévin pour former le Groupe de Lens-Liévin, ce qui imposa la création de sièges de concentration. Le puits n° 19 fut entrepris à partir de 1954 et atteint 585 mètres en 1957 ; il a un diamètre utile de 6,65 mètres pour deux compartiments et la tour d'extraction en béton armé, construite vers 1960, mesure 66 mètres et pèse environ 10 000 tonnes. La salle des machines, au sommet de la tour, était équipée de deux machines d'extraction de 4 000 chevaux, et les cages comportaient quatre plateaux pouvant recevoir des berlines de 3 000 litres. La fosse a commencé à extraire en 1960, d'abord à 475 mètres, puis à 585 mètres à partir de 1966 ; sa production a atteint 8 000 tonnes par jour après adaptation des installations, alors qu'elle avait été initialement prévue pour 6 000 tonnes. À partir de 1960, plusieurs fosses (2 et 2 bis, 3 et 3 bis, 4, 9, puis 12 en 1966 et 7-7 bis en 1973) furent concentrées sur le siège 11-19 ; un nouvel accrochage à 710 mètres fut créé en 1971 et les skips furent remplacés par un convoyeur à bande pour la mise à terril. La fosse a fermé le 31 janvier 1986 ; les puits, respectivement profonds de 852 et 815 mètres, ont été remblayés en 1987 et l'église Saint-Pierre a été détruite la même année. Le lavoir et le triage ont été démolis, mais la plupart des installations principales ont été conservées puis rénovées ; au début du XXIe siècle Charbonnages de France a matérialisé les têtes de puits et le BRGM effectue des inspections annuelles. La tour et le bâtiment d'extraction du puits n° 19, ainsi que le chevalement et le bâtiment d'extraction du puits n° 11 et leurs dispositifs techniques, ont fait l'objet de protections au titre des Monuments historiques, et plusieurs éléments du site (cités, fosses et terrils) ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco le 30 juin 2012 au titre du site n°63. Le site, encore très dégradé mais partiellement rénové, accueille aujourd'hui des manifestations culturelles, notamment grâce à l'installation de la scène nationale Culture Commune. L'exploitation a généré trois terrils numérotés 74, 74A et 74B, les deux premiers coniques et le troisième tabulaire ; les terrils coniques atteignent environ 146 mètres de hauteur (altitude 187,50 m), les trois terrils couvrent près de 90 hectares pour un volume total d'environ 24 000 000 m3 et ont été alimentés par plusieurs fosses de la compagnie. La diversité écologique du site a été relevée : on y a recensé quelque 205 espèces végétales, 82 espèces d'oiseaux, deux espèces d'amphibiens et de reptiles, douze espèces de mammifères, neuf espèces de libellules et 53 espèces de papillons diurnes et nocturnes. Les cités ouvrières qui entourent le carreau, construites sur les communes de Lens, Liévin et Loos-en-Gohelle, témoignent des modèles d'habitat minier et font partie des éléments protégés et inscrits au patrimoine mondial.
