Origine et histoire de la Fosse
La fosse n°2 dite Saint-Émile, ou Émile Rainbeaux, appartient à la Compagnie des mines de Marles et se situe à Marles-les-Mines, dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. La découverte de la houille remonte aux années 1850 et la première production à Marles commence en 1858 sous l'exploitation de la Compagnie des Mines de Marles. Un premier puits, le n°1, est foncé en 1853 mais le cuvelage s’effondre en juin 1854 sous l’effet d’infiltrations d’eau. Une seconde fosse est alors ouverte à cinquante mètres au sud‑est à partir de septembre 1854 ; le passage du niveau d’eau pose d’importantes difficultés, mais la base du cuvelage est établie le 15 octobre 1856 dans le terrain houiller à 83 mètres de profondeur. La fosse, rapidement productive, est nommée Saint‑Émile en l’honneur d’Émile Rainbeaux. Les venues d’eau restent néanmoins très importantes ; en 1865 la production atteint 62 487 tonnes malgré ces difficultés. Le 28 avril 1866, des mouvements du cuvelage se manifestent vers 56 mètres ; les détachements s’aggravent et, dans la nuit du 2 au 3 mai, la tête du puits s’effondre complètement, entraînant la chute des bâtiments de surface et l’ouverture d’un cratère d’environ 30 à 35 mètres de diamètre et 10 à 11 mètres de profondeur. Après cet accident, la fosse est abandonnée pendant plusieurs décennies, une large zone de la concession (840 hectares sur 2 990) étant laissée inexploitable. En 1907 la Compagnie reprend le déblaiement et, grâce aux progrès techniques, rétablit la fosse en 1908 avec un nouveau chevalement ; le puits sert à l’aérage de la fosse n°2 bis puis, à partir de 1917, un puits n°2 ter lui est ajouté. L’exploitation reprend après la Première Guerre mondiale et la fosse assure ensuite service, aérage et extraction, notamment lors des modernisations des années 1950. Nationalisée en 1946, la Compagnie intègre le Groupe d’Auchel. La concentration extrait sa dernière berline le 29 mars 1974 ; tous les puits, y compris le n°2 profond de 506 mètres, sont remblayés la même année. Le petit chevalement subsistant, de type poutrelles à treillis et antérieur à 1914, et la machine d’extraction à poulie Koepe sont conservés ; la machine reste dans son bâtiment d’origine, réaménagé en salle polyvalente. La ville rachète le chevalement et la machine en 1979 et le carreau de fosse est aménagé en espace vert. Le chevalement et les parties anciennes du bâtiment de la machine d’extraction sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 6 mai 1992 ; la tête de puits a été matérialisée au début du XXIe siècle par Charbonnages de France et fait l’objet d’inspections annuelles du BRGM. Le chevalement a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco le 30 juin 2012 comme site n°101. Enfin, au début du XXe siècle ont été construites, pour loger les mineurs, de vastes cités accompagnées d’une église et d’écoles.