Période
2e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Ensemble de bâtiments situé à droite de l'entrée du carreau : bâtiments administratifs (bureaux) , bains-douches dans leur partie d'origine, ateliers de réparation, ancienne chaufferie, château d'eau, anciens garages et magasins, salle de paie (cad. AT 101) : inscription par arrêté du 6 mai 1992 - Ensemble des bâtiments et machines liés directement à l'extraction du charbon comprenant : les deux puits avec leur chevalement et leur bâtiment de recette ainsi que les dispositifs liés à l'extraction ; les bâtiments des machines et leurs installations techniques, à savoir les machines (les deux machines à tambour bicylindroconique, le groupe moteur, les quatre compresseurs, les deux ventilateurs) et tous les dispositifs liés au fonctionnement de ces machines ainsi que les équipements électriques connexes (le réfrigérant, les réservoirs d'air comprimé, l'ancien bâtiment du treuil de secours) , ainsi que le sol et le sous-sol s'inscrivant dans un quadrilatère encadrant les bâtiments ci-dessus désignés (cad. AT 101) : classement par arrêté du 10 février 1994
Origine et histoire de la Fosse
Découverte du charbon à Oignies par l'ingénieur foreur Georges Mulot, la ville a été fondée par la Compagnie des mines de Dourges et a abrité la dernière exploitation du bassin minier Nord-Pas-de-Calais, qui s'est achevée en décembre 1990. La fosse n° 9-9bis Declercq-Crombez forme un ensemble fonctionnel centré sur l'axe du carreau de fosse, avec des bâtiments de surface en béton armé revêtus de briques rouges, dessinés dans un style néo-régionaliste. Ces constructions, réalisées entre 1928 et 1932, sont l'œuvre de l'architecte Dellile et de l'ingénieur en chef Foby pour la Compagnie des mines de Dourges. Les machines d'extraction et les installations techniques sont en grande partie d'origine, parmi lesquelles une machine Jeumont de 1930, deux compresseurs Messian et Rateau et une machine à vapeur. Les puits 9 et 9 bis ont été forés en 1930 et la fosse a été mise en service quelques années plus tard, précédant la nationalisation. Le puits 9 était principalement dévolu à l'aérage, le puits 9 bis assurant l'aérage et l'extraction ; les deux puits présentent un diamètre de 5,10 mètres et un cuvelage en briques en tête de puits. Des cités ouvrières ont été bâties à proximité et un terril conique, le n°110 de Dourges, s'élève à l'ouest du carreau. La Compagnie des mines de Dourges a été nationalisée en 1946 et la fosse 9-9bis a intégré, avec la fosse 8-8bis, le Groupe d'Oignies. À partir de la seconde moitié des années 1950 la fosse a préparé les travaux de fonçage de la fosse n°10 à Dourges; lorsque celle-ci est entrée en service en 1961, la 9-9bis a été transformée pour assurer surtout l'aérage et le service. Elle a ensuite été adaptée pour acheminer du matériel vers la fosse n°2 à partir de 1966 et le personnel des autres fosses y a été progressivement regroupé au fil des fermetures. Les puits ont été approfondis au cours de l'exploitation, le puits 9 bis atteignant 531 mètres en 1963 et le puits 9 780 mètres en 1970. La dernière remontée de gaillette du bassin a été effectuée le 21 décembre 1990 et la fosse a définitivement cessé ses activités en juin 1991 après avoir servi au démantèlement des installations du fond. Les deux puits ont été remblayés en 1991 selon des procédés techniques successifs et leurs accès directs en surface ont été condamnés par la réalisation de dalles de fermeture en 1993, les évents de décompression subsistant. Menacé de destruction, le carreau de fosse a été sauvegardé et protégé par plusieurs mesures : l'arrêté du 6 mai 1992 a inscrit aux monuments historiques l'ensemble des bâtiments situés à droite de l'entrée du carreau, puis l'arrêté du 10 février 1994 a classé l'ensemble des bâtiments et des machines liés à l'extraction, y compris les deux chevalements. Le carreau de la fosse, le terril n°110, la cité-jardin Declercq, un dispensaire de la Société de Secours Minière et la cité moderne des Bonniers ont été inscrits le 30 juin 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco au titre du site n°42 du bassin minier. Le site est l'un des quatre grands carreaux majeurs préservés du bassin minier, aux côtés des fosses Arenberg, Delloye et n°11-19. La Communauté d'agglomération d'Hénin-Carvin a piloté la réhabilitation du carreau, qui comprend la rénovation des bâtiments et l'aménagement d'un parc d'environ trente hectares intégrant le terril et l'ancien parc à bois. Un syndicat mixte et l'agence Hérault Arnod ont élaboré un projet de reconversion centré sur la musique, avec la création du Métaphone, salle de concert conçue comme un instrument urbain dotée d'un auvent et d'une « peau sonore » composée de trente-deux panneaux-instruments aux propriétés acoustiques variées. La façade musicale a été conçue par le musicien Louis Dandrel, l'inventeur Luc Moreau et le luthier Sylvain Ravasse; la reconversion prévoit aussi un café-musique, une salle des fêtes, des espaces de répétition et des aménagements respectant la structure des bâtiments historiques. Le projet intègre également un volet économique avec des zones tertiaires, un hôtel et un restaurant dans l'ancienne salle des machines, ainsi que des salles de séminaires dans la chaufferie, tandis que la Mission Bassin minier occupe les bureaux de la fosse. Le Métaphone a été inauguré le 28 juin 2013 et le carreau a servi de décor à plusieurs films, dont Le Promeneur du Champ-de-Mars et Germinal. Le terril n°110 est un cône haut de 56 mètres, d'une superficie de 3,5 hectares et d'un volume d'environ 650 000 m3; il a été partiellement exploité. Quatre grandes cités ont été édifiées à l'est de la fosse : la cité-jardin Declercq, la cité des Bonniers, la cité du Verger et la cité de la Justice. La cité Declercq, construite à partir de 1933 par la Compagnie des mines de Dourges et étendue dans les années 1960, comprend un dispensaire de la Société de Secours Minière. La cité des Bonniers, contiguë à Declercq, la cité du Verger et la cité de la Justice ont été bâties après la nationalisation, avec des habitations souvent groupées par deux et de plain-pied; la cité de la Justice est notable par la variété de ses modèles et la présence d'une école à proximité.