Origine et histoire des Fouilles du Glanum
Glanum est une cité antique de l'Empire romain, aujourd'hui site archéologique sur la commune de Saint-Rémy-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. D'origine celto-ligure, la ville s'est développée autour d'une source sacrée vouée au dieu guérisseur Glanis et a subi une forte influence hellénistique avant de connaître son apogée à l'époque augustéenne. Abritée par les reliefs des Alpilles et située à proximité de la voie Domitienne, Glanum présente plusieurs couches d'occupation réunies en trois grandes périodes : celto-ligure, d'influence hellénistique et romaine. La cité occupe un emplacement stratégique, au carrefour de deux itinéraires antiques reliant l'Italie à l'Hispanie, à l'entrée d'un défilé vers le mont Gaussier; en bordure de la route départementale se dressent le cénotaphe des Julii et l'arc de triomphe, appelés les "Antiques". Les plus anciens vestiges remontent à l'âge du bronze final, et la fondation de la ville proprement dite se situe au premier âge du fer sur les pentes du mont Gaussier, au-dessus de la source cultuelle. Protégée naturellement par les falaises des Alpilles, la ville se développe au fil des siècles et connaît un fort accroissement d'habitants et de monuments à partir du IIe siècle av. J.-C., en partie grâce au recul de l'expansion d'Arles. L'identité gauloise de Glanum est attestée par des noms indigènes, le culte de divinités locales comme Glanis et les Glanicae ainsi que par la nature des objets et des pratiques retrouvés sur le site. Dans la phase d'influence grecque, des édifices et installations de type massaliote sont construits, notamment des maisons à péristyle, un bouleutérion et un prytanée, tandis que certains monuments sont détruits lors des conflits avec les Massaliotes et les Romains. Après ces bouleversements, la cité retrouve une prospérité marquée par la monnaie en argent, la fréquentation de la source et sa situation sur la via Domitia, avant une nouvelle répression par les Romains entraînant la reconstruction d'édifices plus modestes. Intégrée à l'Empire romain, Glanum adopte des éléments d'urbanisme romain tels que réseaux d'adduction et d'assainissement, temples impériaux, thermes, basilique, curie et forum; des notables locaux obtiennent la citoyenneté via le droit latin et la cité devient la capitale d'une civitas. Le cénotaphe des Julii, érigé à proximité de l'arc, témoigne de la romanisation d'une partie de l'élite locale et présente des scènes historiques et mythologiques sculptées sur ses faces, tandis qu'un temple dédié à la santé, dit "temple de Valetudo", est associé à la fréquentation thérapeutique de la source. La période de prospérité prend fin lors des invasions du IIIe siècle qui provoquent le sac et l'abandon de la ville; des matériaux sont réutilisés pour la construction de Saint-Rémy-de-Provence et les vestiges sont progressivement enfouis. Redécouvert au XXe siècle, le site fait l'objet de fouilles scientifiques dès 1921 sous la direction de Jules Formigé, puis de Pierre de Brun et d'Henri Rolland, qui mettent au jour thermes, basilique, sanctuaires et habitats; des campagnes récentes ont porté sur la conservation et la restitution du forum. Les "Antiques", le cénotaphe des Julii et l'arc municipal, constituent l'ensemble le plus connu du site; l'arc, construit à la fin du règne d'Auguste, est orné de scènes montrant des prisonniers gaulois et des figures allégoriques, tandis que le cénotaphe présente, notamment, des reliefs évoquant la guerre des Amazones, la chasse de Méléagre et des combats héroïques. Le plan de la ville reste lisible en plusieurs quartiers superposés : au nord, un secteur résidentiel et des thermes romains avec palestre, natatio et salles chauffées ; au centre, le forum, la curie, la basilique et d'autres édifices publics ; au sud, le sanctuaire autour de la source sacrée. Le quartier nord comprend des maisons hellénistiques à péristyle, dont la "maison des antes" organisée autour d'un bassin, le marché hellénistique transformé à l'époque romaine par l'édification d'un petit temple, et des thermes comportant caldaria sur hypocauste, palestre et piscine. Le centre monumental associe des traces d'architecture hellénique et romaine : petits temples corinthiens, un bouleutérion, une curie et une basilique dont subsistent les bases de piliers et des vestiges en sous-sol attestant de constructions antérieures. La partie sud conserve la source sacrée, entourée d'un ensemble cultuel et d'un temple dédié à Valetudo, ainsi que des autels et une chapelle en l'honneur d'Hercule, gardien des sources; des inscriptions et offrandes attestent de la fréquentation par des vétérans et des fidèles. Des secteurs plus indigènes conservent des traces d'habitations et d'installations rurales, comme des fumoirs à vin et des maisons du village gaulois primitif. Les collections issues des fouilles sont exposées au musée archéologique installé dans l'hôtel de Sade à Saint-Rémy-de-Provence, bâtiment Renaissance regroupant mobilier, statuaire et éléments lapidaires des différentes périodes du site. Le site et les Antiques bénéficient de protections au titre des monuments historiques et des sites naturels, et font l'objet d'un dispositif de mise en valeur incluant aménagements pour les visiteurs, belvédères et restitution partielle de monuments. Depuis les années 1980, les interventions se concentrent sur la conservation des vestiges, l'amélioration de la lisibilité du site et l'accueil du public, dans le cadre d'un projet global de préservation et de gestion durable.