Origine et histoire du Four à chaux
L'ancienne usine de chaux de La Tour-sur-Orb, inscrite au titre des Monuments historiques le 17 mars 2010, forme un ensemble complet de production représentatif de la seconde moitié du XIXe siècle. Construite en 1854 sur un site où la mention « four » figure déjà sur le cadastre napoléonien de 1826, elle succède à des fours plus anciens dont l'origine n'a pas été retrouvée. Les fours conservent la trace de la filière de production, depuis l'extraction dans la carrière jusqu'à l'ensachage, et leurs dimensions imposantes sont liées à l'importance des chantiers du chemin de fer. La chaux hydraulique produite a servi à l'édification des ouvrages d'art de la ligne de Graissessac à Béziers — grand viaduc de Bédarieux, viaduc de La Tour-sur-Orb, tunnels et contreforts — entre 1854 et 1858, comme l'atteste Albert Fabre. Exploitée par divers propriétaires jusqu'en 1927, l'usine a été tenue de 1905 à 1920 par la Compagnie Générale pour le Chauffage et l'Éclairage par le Gaz, qui produisait notamment du gaz d'éclairage urbain et utilisait la chaux pour la fabrication d'acétylène ; on suppose que la chaux de La Tour fut employée à ce même usage. En 1927, l'usine fut vendue à un particulier avec une clause interdisant l'exploitation d'un four à chaux pendant cinquante ans à compter du 21 novembre 1927. L'architecture du site résulte de ces diverses phases d'aménagement, chaque four témoignant d'une évolution technique entre pratiques artisanales et procédés plus élaborés. Le complexe comprend le bâtiment des fours — quatre fours disposés autour d'une halle centrale voûtée — la bluterie, la carrière reliée aux fours par un tunnel, et une écurie transformée en habitation. Cet ensemble illustre de façon exemplaire l'organisation et les procédés d'une production de chaux au XIXe siècle.