Fours à chaux d'Échoisy à Cellettes en Charente

Patrimoine classé Patrimoine industriel Fours à chaux

Fours à chaux d'Échoisy à Cellettes

  • Echoisy
  • 16230 Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Fours à chaux dÉchoisy à Cellettes
Crédit photo : Rosier - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété d'une association

Période

2e moitié XIXe siècle

Patrimoine classé

Ensemble des bâtiments et des sols (cad. A 17, 1256, 193), ainsi que la carrière (cad. A 1265, 1244) : inscription par arrêté du 23 décembre 1994

Origine et histoire des Fours à chaux

Le domaine d'Échoisy, à Cellettes (Charente), s'étend sur 40 hectares et comprend notamment une imposante usine de fours à chaux avec sa carrière de calcaire. On y repère les traces d'un hôtel noble, d'un logis des régisseurs, d'un corps de ferme avec habitations, étables et écuries, d'une distillerie de cognac, d'un vivier, d'une laverie, d'un fournil, de trois moulins dont un moulin à vent, de caves, d'un clocheton vestige d'une ancienne chapelle, d'un pigeonnier et de jardins qui descendent jusqu'à la Charente. L'usine, les sols et la carrière sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1994. Intégré au paysage, le site abrite une biodiversité remarquable.

L'histoire connue du domaine remonte au XIe siècle ; il occupait alors 130 hectares gagnés sur la forêt de Boixe par des paysans et des moines défricheurs. Les comtes d'Angoulême ont ensuite attribué des terres aux bénédictins de Saint-Amant-de-Boixe, puis un monastère cistercien soutenu par Bernard de Clairvaux s'y implanta avant d'être saccagé et remplacé par un prieuré bénédictin. Du XVIe au début du XIXe siècle le domaine fonctionna comme seigneurie et accueillit des activités de polyculture, d'élevage et d'artisanat — charpenterie, forge, tissage, ainsi que des moulins à huile et à papier. Une tuilerie et un premier four à chaux apparaissent en 1764 ; un château est construit vers 1750 puis détruit sur ordre de son propriétaire en 1850. La construction de la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux favorisa l'essor d'une industrie de fours à chaux.

L'usine de chaux et de ciment hydraulique est édifiée vers 1850 pour Modenel et Cie ; le domaine appartient en 1851 à Jean‑Auguste Modenel, qui achève la démolition du château et installe sa résidence au vieux logis rebaptisé château, tout en gérant la nouvelle usine. L'activité prospère : la chaux d'Échoisy jouit d'une réputation nationale, avec notamment des commandes de la Marine pendant la Première Guerre mondiale. Le charbon et la chaux étaient transportés par le train dit « l'économique ». L'ensemble industriel conserve une plate-forme de cassage proche du hangar des gueulards, où s'opérait le chargement des fours ; l'usine comptait quatre fours à courte flamme et à cuisson continue pour la chaux hydraulique et deux fours destinés à la chaux lourde. Le hangar, à charpente bois et couvert d'un toit en tuile mécanique à lanterneau, s'accompagne d'un atelier des broyeurs, de bureaux et d'une modeste gare. L'intérêt du site tient surtout à la cohérence de l'ensemble, qui illustre la chaîne complète de production depuis l'extraction dans la carrière jusqu'à l'expédition par wagonnet, machines et outils compris.

Concurrence du ciment et des liants chimiques entraîna la liquidation et l'abandon de l'usine en 1956. La commune de Cellettes rachète le domaine en 1993 ; l'association de sauvegarde des sites d'Échoisy engage alors un vaste programme de rénovation et d'entretien, et une vie associative se développe avec l'implantation d'une ferme de spiruline et d'une ferme pédagogique. Face à la lourdeur des travaux, la commune décide en 2010 de partager le domaine en deux propriétés : l'une comprend le moulin et ses deux gîtes en bordure de Charente ; l'autre réunit les fours à chaux, le logis noble, le corps de ferme, le château d'eau et les vestiges du moulin à vent. En 2021, cette seconde parcelle est acquise par l'Oasis du Coq à l'Âme, un collectif d'une vingtaine de foyers qui transforme le lieu en « laboratoire vivant », encadré par un comité scientifique, pour expérimenter des modes de vie éco‑responsables. Le projet s'organise autour d'invariants partagés — autonomie alimentaire, mutualisation, ouverture, gouvernance partagée, sobriété énergétique et écoconstruction — et accueille, sensibilise et forme des personnes désireuses d'agir pour la transition sociétale, écologique et économique.

Sur le plan architectural, l'entrée du domaine est encadrée de pilastres doriques ; le site conserve un clocher de chapelle, des jardins, des dépendances, un pigeonnier et un fournil, et le moulin dont le mécanisme a été totalement rénové reste un élément notable du paysage.

Liens externes