Origine et histoire de la gare
La gare de L'Estaque, construite en 1851 par la Compagnie du PLM sur la ligne Avignon–Marseille, a été à l'origine de l'expansion du village de pêcheurs et de tuiliers de L'Estaque, favorisant son développement économique, démographique et la villégiature balnéaire, avec un retentissement sur les activités marchandes de Marseille. Le bâtiment voyageurs de 1851 a été conservé lors des transformations ultérieures. Au début du XXe siècle, la gare a été étendue : doublement des voies, création d'un passage souterrain et édification de pavillons et d'abris métalliques sur les quais. Les matrices cadastrales signalent des modifications et des agrandissements dans le premier quart du XXe siècle, vraisemblablement liés à la mise en service de la ligne Miramas–L'Estaque dite de la Côte Bleue en 1915. Située dans le 16e arrondissement, à l'extrémité nord‑ouest de Marseille et à 54 mètres d'altitude, la gare dessert le quartier rendu célèbre par Paul Cézanne et ses amis ; sa position haute a donné naissance à la dénomination L'Estaque‑Gare, par opposition à L'Estaque‑Plage. La gare, halte SNCF desservie par des TER Provence‑Alpes‑Côte d'Azur, se trouve à dix kilomètres de Marseille‑Saint‑Charles et fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 22 novembre 2012. Station de bifurcation, elle se situe au point kilométrique 851,699 de la ligne Paris‑Lyon–Marseille‑Saint‑Charles et au PK 870,081 de la ligne de Miramas à L'Estaque, et constitue l'origine de la ligne vers Marseille‑Joliette. Elle est le point de jonction de plusieurs lignes : la ligne principale PLM, à double voie et électrifiée, reliant Marseille à Avignon, la ligne de la Côte Bleue vers Miramas, secondaire et non électrifiée mais à double voie avec de nombreux viaducs et tunnels desservant des stations touristiques, et l'embranchement électrifié vers La Joliette, ancien relais entre paquebots et trains. Les trains de grandes lignes n'empruntent plus l'itinéraire de Port‑de‑Bouc ; le dernier direct Paris–Marseille via ce tracé, le Phocéen, a été supprimé dans les années 1990. Le branchement vers La Joliette dessert également les gares fret du Canet, de Mourepiane et d'Arenc, et la halte Arenc‑Euroméditerranée mise en service en février 2014 ; la liaison par Arenc vers Marseille‑Saint‑Charles a été ouverte au trafic voyageurs à la fin des années 2000 et est aujourd'hui empruntée par des TER reliant Marseille à Miramas via Vitrolles‑Aéroport‑Marseille‑Provence et Rognac, ou via Martigues. Le bâtiment principal, édifié entre 1848 et 1851, est complété par des annexes métalliques remarquables réalisées à la fin des années 1920 dans un style Art déco. Au sud de la gare, plusieurs voies de débord destinées au trafic marchandises sont très peu utilisées depuis la fermeture des briqueteries, cimenteries et usines chimiques locales. L'ensemble de l'infrastructure est électrifié en courant continu 1 500 V depuis le 22 juin 1962. Des travaux de restauration étaient en cours en août 2016, avec le kiosque et la salle d'attente nord déjà repeints et des études portant sur le passage souterrain, le bâtiment voyageurs et sa marquise. En février 2023, une rénovation du bâtiment a été annoncée à partir de la fin de la même année, accompagnée d'un projet d'implantation d'une nouvelle activité non ferroviaire choisie par appel à projets, dont la sélection devait se conclure le 10 mars ; l'association Ancrages propose de réaménager le bâtiment et ses abords. Halte non gérée à entrée libre, la gare dispose d'automates pour l'achat de titres et de quatre voies à quai avec un quai central et deux quais latéraux, les voies de la ligne de Miramas encadrant celles de la ligne Paris‑Lyon–Marseille. L'Estaque est desservie par des TER effectuant des relations entre Marseille et Avignon ou Miramas selon plusieurs itinéraires ; la plupart des trains s'y arrêtent, sauf quelques relations rapides sans arrêt entre Marseille‑Saint‑Charles et Vitrolles Aéroport. Des places de parking et des correspondances par les lignes de bus RTM (36, 36B, 95 et 96) assurent l'intermodalité. René Char a consacré à la gare une suite poétique en prose, "La gare hallucinée", dans Les voisinages de Van Gogh (1985).