Origine et histoire de la gare
La gare de Metz-Ville, usuellement appelée gare de Metz, est une gare ferroviaire française située à proximité du centre-ville de Metz, préfecture de la Moselle en région Grand Est. Sa construction fut décidée par ordonnance impériale du 21 avril 1901 et confiée à un concours ouvert aux architectes allemands ; l'architecte berlinois Jürgen Kröger, assisté de Peter Jürgensen et Jürgen Bachmann, remporta le premier prix. La construction s'étendit de 1904 à 1908 et le bâtiment voyageurs, long de plus de 300 mètres avec une tour de l'horloge d'environ 40 mètres, fut inauguré en 1908 par la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine. Établie sur les anciens fossés de la ville, la gare repose sur 3 034 pieux de fondation en béton armé de dix à dix-sept mètres, réalisés selon le procédé de François Hennebique, et le gros œuvre fut assuré par la Société de construction lorraine de Metz. Conçue dans un style romano-rhénan ou néo-roman rhénan voulu par l'Académie royale de Berlin et l'empereur, la gare mêle références religieuses et impériales dans sa volumétrie et son décor sculpté. Le décor sculpté et les vitraux évoquent des thèmes de puissance, de voyage et des références carolingiennes, tandis que certains éléments à connotation allemande furent modifiés ou supprimés après 1918. À l'origine deux halles métalliques, puis une troisième ajoutée après 1908, couvraient les quais ; ces marquises furent progressivement démantelées et remplacées par une dalle en béton armé aménagée en parc de stationnement dans les années 1970. La gare fut conçue pour répondre à des besoins militaires : terminus d'une ligne stratégique, elle comportait de nombreuses voies et des quais larges et surélevés destinés au chargement rapide de troupes et de matériel. La tour isolée jouait le rôle de château d'eau avec une capacité de 300 m3 pour alimenter les locomotives à vapeur. Classée au titre des monuments historiques depuis le 15 janvier 1975, la protection porte sur les façades et toitures (hors verrière), le salon d'honneur, le décor du buffet et le hall de départ. Construite en grès de Niderviller de couleur gris pâle, la gare contraste avec les pierres locales du centre-ville et s'inscrit dans le quartier impérial ou Neustadt, dont l'urbanisme constitue une composition novatrice. Le projet architectural lauréat, intitulé « Licht und Luft », initialement influencé par l'Art nouveau, fut adapté à la stylistique romane rhénane pour répondre aux attentes impériales tout en conservant une organisation fonctionnelle rigoureuse. Le buffet adjacent au salon d'honneur présente un décor riche de boiseries, frises peintes et bas-reliefs illustrant le voyage et la hiérarchie sociale des voyageurs, tandis que de nombreux détails sculptés et vitraux renforcent la portée symbolique de l'édifice. Après 1918 la gare changea d'exploitant : elle fut rattachée à l'administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine, devint concession de la SNCF lors de sa création en 1938 et, durant la Seconde Guerre mondiale, fut gérée par la Deutsche Reichsbahn jusqu'à la Libération. Aujourd'hui exploitée par la SNCF, la gare accueille des TGV et des trains express régionaux et reste le centre d'un important complexe ferroviaire établi à 179 mètres d'altitude et point kilométrique de plusieurs lignes. Pour répondre à l'augmentation du trafic, notamment liée à l'arrivée du TGV, des travaux de modernisation et l'ouverture de nouveaux quais ont été menés entre 2002 et 2012, augmentant la cadence et la capacité d'accueil. Ce projet, soutenu financièrement par la région Lorraine, l'État et Réseau ferré de France, a renforcé les liaisons transfrontalières et la desserte du sillon lorrain. La gare dispose d'un bâtiment voyageurs avec guichets et automates, d'aménagements pour les personnes à mobilité réduite, de commerces et services dans le hall, ainsi que de passages souterrains et d'une passerelle permettant l'accès aux voies et aux quartiers voisins. Le passage Jürgen-Kröger relie la place du Général-de-Gaulle au quartier de l'Amphithéâtre et, après restauration, fut rouvert en 2012 ; le passage Adrienne-Thomas relie la rue La Fayette au pôle d'échange multimodal et une passerelle sud conduit au Centre Pompidou-Metz. La gare a suscité au fil du temps critiques et éloges : accueillie avec hostilité par certains au début du XXe siècle, elle a depuis reçu plusieurs distinctions publiques et figure dans la littérature et les arts. Des œuvres et statues contemporaines, notamment une œuvre de Stephan Balkenhol rendant hommage à Jean Moulin et une statue du général de Gaulle inaugurée en 2021, complètent aujourd'hui le parvis et le patrimoine symbolique de la gare. La gare accueille par ailleurs un service fret et conserve une place importante dans les réseaux régionaux et internationaux desservis par TGV, TER et autres liaisons.
