Gisement préhistorique du Pech de l'Azé à Carsac-Aillac en Dordogne

Gisement préhistorique du Pech de l'Azé

  • 24200 Carsac-Aillac
Propriété de l'Etat

Frise chronologique

Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1800
1900
2000
1816
Découverte du site
1927
Classement historique
1949
Découverte de Pech II
1970-1971
Fouilles de Bordes
2000
Protection du site
2005
Installation d'un abri
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Le gisement préhistorique (cad. D 121, 850) : classement par arrêté du 28 mai 1927

Personnages clés

François Jouannet Découvreur du gisement du Pech de l'Azé en 1816.
François Bordes Archéologue ayant mené des fouilles et découvert Pech II.
Maurice Bourgon Archéologue ayant participé à la découverte de Pech II.
Jean-Pierre Texier Géologue ayant réévalué géologiquement Pech II en 2006.

Origine et histoire

Le gisement préhistorique du Pech de l'Azé se situe à Carsac-Aillac, en Dordogne, en Nouvelle-Aquitaine, et comprend cinq grottes désignées Pech I à Pech V, implantées dans la vallée de l'Énéa près de la D704, en rive droite de la Dordogne. Pech-de-l'Azé I est un site de référence pour le Paléolithique moyen régional, et les grottes se trouvent à une dizaine de kilomètres du Roc de Combe ; géologiquement, elles occupent la même bordure est du bassin aquitain, entre les formations crétacées du Périgord et les plateaux jurassiques du Quercy. Découvert en 1816 par François Jouannet, Pech-de-l'Azé I a été fouillé à plusieurs reprises au XIXe et XXe siècle, notamment par l'abbé Audierne, É. Lartet et H. Christy, puis par Capitan et Peyrony, qui y mirent au jour le crâne d'un jeune enfant. Le site a été classé monument historique en 1927 ; des campagnes de fouilles sont ensuite menées par Raymond Vaufrey, Maurice Bourgon et François Bordes, qui découvrent Pech II en 1949 et établissent dix niveaux archéologiques, la couche 1 étant la plus récente. François Bordes reprend les fouilles en 1970-1971; H. Laville propose en 1973 une subdivision en vingt niveaux chrono-stratigraphiques des dépôts, et Bordes définit en 1975 une variante peu commune du Moustérien, dite « asinipodien ». Des analyses micromorphologiques puis des datations ESR et autres études chronologiques ont ensuite apporté des éléments contradictoires par rapport aux interprétations antérieures, et une datation Th/U réalisée sur un plancher stalagmitique inclus dans la couche 2 de Pech II a donné une valeur de 103 000 +30/-25. En 1999, Soressi et ses collègues étudient le matériel issu des fouilles de 1970-1971, puis reprennent les fouilles en 2004-2005 sur une petite surface d'environ 10 m2 qui a livré près de 7 000 vestiges coordonnés. Pour protéger le gisement, une grille a été posée autour du site en 2000 et un abri en bois d'environ 100 m2 a été installé en 2005 pour préserver les témoins archéologiques des intempéries et de la végétation.
Une réévaluation géologique de Pech II par Jean‑Pierre Texier en 2006 met en évidence sept grandes phases d’évolution, depuis des dépôts anciens d’âge incertain à la fin du Tertiaire ou au début du Quaternaire, jusqu’à des épisodes de ruissellement, d’éboulement, de gelisol et de bioturbation associés à différents stades isotopiques de l’oxygène (SIO 6 à SIO 1), avec une transformation diagénétique des sédiments lors de certains épisodes. La chronologie proposée situe les couches 9 à 5 entre la fin du SIO 7 et le début du SIO 5, et les couches 4 à 2 entre la fin du SIO 5 et le début du SIO 3.
Archéologiquement, les grottes livrent un Moustérien de tradition acheuléenne (MTA) de type B ; Pech-de-l'Azé I a notamment fourni un fossile crânien d'un enfant néandertalien provenant du bas de la couche 6, premier vestige humain associé à ce faciès (hors une dent isolée), la couche 6 et le crâne ayant fait l'objet de datations convergentes situant leur âge dans les intervalles mentionnés par les études. Les dépôts rissiens et du Würm I ont été en grande partie détruits au Pech I lors de l'interstade Würm I‑II et ne subsistent qu'à Pech II, qui, moins exposé, a été moins fréquenté et présente une densité moindre de vestiges ; la partie antérieure de la voûte de Pech II s'est effondrée après le Riss. De nombreux foyers ont été repérés à des niveaux et emplacements variés, certains profondément à l'intérieur des cavités, ce qui indique qu'ils étaient autrefois encore plus en retrait, et les couches du MTA à Pech II comportent des foyers en « queue », c’est‑à‑dire des dépressions remplies de cendres prolongées par une mini-tranchée, une forme attestée aussi sur d'autres sites et périodes. Bordes signale par ailleurs pour Pech II un os percé et un fragment d'os présenté comme gravé ; l'analyse au microscope optique et en MEB a montré que les sillons observés sur ce fragment correspondent à des empreintes naturelles de sillons vasculaires comparables à ceux d'ossements modernes.
Une importante quantité de pigments a été mise au jour sur le site, comparable à celle trouvée dans la grotte du Renne et ailleurs ; Pech I a livré plus de 250 blocs de dioxyde de manganèse utilisés. Ces pigments étaient employées pour traiter des cuirs (vêtements, tentes), ce qui indique que les groupes néandertaliens maîtrisaient des matériaux colorants et donnaient déjà une dimension symbolique à des objets du quotidien avant l'apparition des peintures rupestres attribuées à Homo sapiens.

Liens externes