Origine et histoire du gisement préhistorique
Le Régourdou est un gisement préhistorique situé à Montignac-Lascaux, en Dordogne, correspondant à une ancienne grotte dont le plafond s'est effondré ; le site, proche de la grotte de Lascaux, est aujourd'hui aménagé et comprend un parc à ours et un musée. Il a été découvert par hasard en 1954 par Roger Constant, propriétaire, qui agrandit un trou dans la cour de sa ferme en espérant retrouver une entrée de Lascaux ; creusant sans autorisation, il mit au jour le 22 septembre 1957 une mandibule d'Homme de Néandertal. Les autorités scientifiques furent alertées : François Bordes et Eugène Bonifay visitèrent le site et des fouilles furent entreprises sous la direction d'Eugène Bonifay. Bonifay interpréta les vestiges comme une sépulture néandertalienne et une sépulture d'ours brun ; deux individus néandertaliens furent dégagés, dont un squelette partiel et un calcanéus isolé. Roger Constant laissa travailler les archéologues et poursuivit ses propres recherches à quelques mètres, dans un autre gouffre où il découvrit des fossiles marins et un important gisement d'ocre. Il aménagea un parc et introduisit des ours bruns en 1988 ; deux oursons naquirent en janvier 1993 et il dut arrêter les fouilles dans ce gouffre la même année. Roger Constant, qui creusa souvent la nuit après son travail de fermier pendant près de quarante ans, est décédé le 27 décembre 2002 ; selon ses souhaits le site est resté privé et familial et sa maison a été transformée en musée. Le gouffre, deuxième secteur creusé par Constant à partir de 1970, a été exploité avec une grue et des wagonnets sur une profondeur d'environ 35 mètres dans l'espoir d'atteindre la grotte de Lascaux. Les fossiles marins retrouvés dans ce gouffre appartiennent à l'ère secondaire et le gisement d'ocre découvert y a été prélevé pour la réalisation du fac-similé « Lascaux 2 » par Monique Peytral afin de reproduire les couleurs préhistoriques. Le gisement principal, fouillé par Bonifay, a fourni en 1957 un squelette néandertalien et de nombreux ossements d'ours brun ; ces accumulations, initialement interprétées comme la preuve d'un culte de l'ours au Paléolithique moyen, sont depuis sujettes à controverse et peuvent s'expliquer par des phénomènes taphonomiques liés à l'hibernation des ours. Le squelette néandertalien, probablement intentionnellement inhumé, est remarquable malgré l'absence du crâne et de la quasi-totalité des membres inférieurs ; la mandibule et des éléments des membres supérieurs sont bien conservés, et la fossilisation quasi complète du sternum en fait un fossile de référence. Son âge est évalué à 70 000 ans avant le présent. Pour commémorer la présence des ours pendant la Préhistoire, Roger Constant institua le parc à ours ; en mai 2021 la famille comprenait cinq individus nommés Copain, Charly, Cassy, Noisette et Michka. Le musée installé dans la maison de Roger Constant expose une partie des découvertes du site, dont un moulage de la mâchoire et des outils de pierre taillée. Le Régourdou fait partie de l'ensemble des quinze sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO sous l'intitulé « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère » et est classé monument historique depuis 1959. Le gouffre et le gisement feront prochainement l'objet de nouvelles fouilles.
