Glacière de Pradelles-Cabardès dans l'Aude

Patrimoine classé Glacière

Glacière de Pradelles-Cabardès

  • 11380 Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Glacière de Pradelles-Cabardès
Crédit photo : METGE Jean - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Ancienne glacière : inscription par arrêté du 19 juin 1986

Origine et histoire de la Glacière

Les premiers documents mentionnant la commercialisation de la glace datent de 1659. Ce commerce, monopole royal, passa pour la première fois en Languedoc aux fermiers-généraux en octobre 1659. Par lettres patentes données le 31 octobre 1659 à Toulouse, le roi autorisa la construction de glacières dans la province et la vente de la glace. Des contrats de sous-fermages se multiplièrent à partir de 1709, puis, face à cette organisation, les clients obtinrent l'autorisation de construire des glacières dans les villages où les fermiers-généraux n'en avaient pas établi, entraînant le déclin du monopole. Le commerce réapparut autour de 1850 sous la forme d'entreprises indépendantes et se poursuivit jusqu'en 1920, date de l'apparition de la glace artificielle; à partir de cette époque les glacières cessèrent définitivement de fonctionner.

La commune compte une douzaine de glacières autrefois alimentées par la neige du Pic de Nore. Les glacières de Pradelles-Cabardès, construites au XIXe siècle, sont des fosses semi-enterrées qui servaient à fabriquer et stocker des pains de glace destinés à la commercialisation. Le village de Pradelles-Cabardès, à 830 m d'altitude au pied du Pic de Nore, développa au milieu du XIXe siècle une petite industrie de la glace répondant à une demande croissante dans les plaines environnantes. La première glacière privée à vocation commerciale fut construite et exploitée par Pierre Piquemol en 1849; son fils en construisit cinq autres en 1859, puis l'activité se développa progressivement dans la commune. Les pains de glace, chargés sur des charrettes tirées par des chevaux, étaient livrés dans la plaine; les glaciers desservaient le pays carcassonnais et narbonnais au sud et la région de Mazamet et de Castres au nord, puis, avec le chemin de fer, diverses grandes villes du sud comme Toulouse, Bordeaux et Perpignan.

Dès le début du XXe siècle l'apparition de la glace artificielle provoqua un déclin du commerce; la Première Guerre mondiale, qui réquisitionna hommes et chevaux, porta un coup fatal à l'activité. Après l'armistice seules deux glacières poursuivirent leur activité: celle de Jean Pech, qui ferma en 1925, et celle de Jules Assémat, en fonction jusqu'en 1927. Les glacières de Pradelles sont inscrites au titre des monuments historiques en 1986.

Une glacière est généralement constituée d'une grande fosse cylindrique, d'un diamètre et d'une profondeur de l'ordre de 8 à 10 mètres; le remblai extrait est disposé autour de la fosse pour améliorer son isolation. Un mur de pierre bâti contre les parois habille le puits et s'élève au-dessus du sol de 2 à 3 mètres; la toiture à deux pans, pratiquement au niveau du sol, est en ardoise et repose sur des arcades en pierre et une charpente en bois. L'édifice comporte des ouvertures au niveau du sol: certaines glacières avaient deux portes, l'une pour le remplissage et l'autre pour l'évacuation de la glace, tandis qu'une glacière décrite plus précisément présente quatre portes disposées selon deux axes, dont une seule était munie d'un sas. L'intérieur peut montrer trois arcs doubleaux maçonnés légèrement en dessous du niveau du sol; ce sont des cintres surbaissés dont l'extrados est renforcé au niveau des reins et du faîte pour obtenir deux rampants rectilignes sur lesquels s'appuient les pannes de la toiture. La charpente, portée par ces arcs, est constituée de pannes couvertes de voliges; la toiture en ardoise repose ainsi presque au niveau du sol extérieur. Un petit canal d'écoulement situé au fond de la glacière permet d'évacuer l'eau issue de la fonte.

La neige provenant des congères était déversée et tassée dans la fosse à l'aide d'un outil constitué d'un disque en bois de frêne fixé au bout d'un manche, le remplissage s'effectuant en plusieurs fois selon les chutes. Une fois la glacière pleine, la masse de neige était recouverte d'environ un mètre de feuilles de hêtre, réputées imputrescibles, pour assurer une isolation maximale. En été, on enlevait le tapis de feuilles, la neige-glace était moulée et tassée en pains de glace d'environ 50 kg, puis conditionnée dans des paquets tapissés de feuilles et d'une toile appelée « bourra », cousue aux quatre coins pour l'étanchéité, avant d'être stockée en attente de livraison. Les livraisons, effectuées principalement de nuit, s'effectuaient par caravanes de charrettes le long de la « route de la glace » pour alimenter glacières et clients de la plaine, notamment commerçants de denrées périssables et cafetiers.

Plusieurs de ces glacières peuvent être visitées via un circuit de randonnée balisé partant du lac à la périphérie du village.

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