Origine et histoire du Grand Café
Le Grand Café, situé 49 place d'Allier à Moulins (Allier), est un café-restaurant réputé pour son décor intérieur de style néo-rococo 1900, proche de l'Art nouveau. L'édifice, construit en 1898 et ouvert en 1899, constitue un exemple remarquable du Modern Style et présente un décor de la fin de siècle composé de grandes glaces, de stucs, de ferronneries, de luminaires, de peintures et de verrières. La grande salle rectangulaire du rez-de-chaussée est divisée en deux par une poutre métallique centrale, siglée Eiffel, recouverte de stuc et supportant un immense lustre en bronze. Le fond de la salle est dominé par une mezzanine à balustrade en fer forgé, réservée à l'orchestre et portant une pendule. Pour éclairer cette partie, le plafond est percé d'une verrière de type vitrail, tandis que la partie avant est ornée d'une peinture occupant un espace comparable. Les murs longitudinaux sont rythmés par des pilastres en stuc, couronnés de motifs ioniques et d'un abaque, d'où partent de fausses voûtes d'arêtes. Entre chaque pilastre, des miroirs disposés sur deux niveaux, séparés par des guirlandes ou feuillages, créent une perspective spectaculaire. Des pilastres émergent de motifs végétaux symétriques et portent à mi‑hauteur des bouquets de lampes qui marquent le départ des voûtes. Le plafond de la partie « café » a été peint par Auguste Sauroy et représente la légende de Gambrinus, tandis qu'une fresque de l'arrière de la salle a probablement été remplacée par une grande verrière dans le style des années 1930. L'ensemble décoratif associe aussi des boiseries chantournées aux encadrements dorés des grands miroirs et un riche mobilier de luminaires. L'architecte Louis Galfione‑Garetta, alors directeur de l'école municipale des beaux-arts, conçoit le décor à la demande de Renoux, qui investit 250 000 francs‑or pour la création de l'établissement. Galfione confie la réalisation du plafond à Auguste Sauroy, déjà connu pour d'autres commandes locales. Destiné dès son origine au café‑concert, le Grand Café conserve une mezzanine pour l'orchestre et propose des spectacles variés, comme le « cosmorama mouvant » et, vers 1905, les premières séances de cinématographe en ville. À la Belle Époque, il devient un lieu fréquenté par les notables de Moulins et par une clientèle bourgeoise; Gabrielle « Coco » Chanel y fit d'ailleurs sa première connaissance avec ce milieu. En 1933, Émile Marcelot reprend la direction de l'établissement et l'exploite pendant soixante ans, jusqu'à la diversification de la clientèle après la guerre. La jeunesse lui attribue alors le surnom de « Grand jus », encore en usage parmi les Moulinois. La façade et les deux salles avec leur décor sont inscrites au titre des Monuments historiques depuis le 22 septembre 1978. En 1993, Marcel Pocheron devient propriétaire et fait entreprendre une rénovation sous le contrôle de l'architecte des bâtiments de France, restituant notamment la couleur gris impérial de la grande salle. Le Grand Café change ensuite de propriétaires et, à la fin des années 2000, Christian Belin confie la direction à ses deux filles, Maud et Alexandra. Fin 2013, l'établissement obtient le label d'État de Maître restaurateur; en mars 2014 la cuisine est étendue de 20 à 80 m² et ouvre sur la salle. Le lieu a servi de décor pour le téléfilm Coco Chanel réalisé en 2008. Il est en revanche établi que le film Maigret et l'affaire Saint‑Fiacre (1959) n'a pas été tourné à l'intérieur du Grand Café : un décor inspiré du café a été reconstitué en studio, malgré des repérages sur place. Les photographies anciennes et récentes mettent en valeur la façade sur la place d'Allier, la perspective créée par les miroirs muraux, la fresque d'Auguste Sauroy et la vue de la salle depuis la mezzanine.