Origine et histoire du Grand Hôtel
L’Hôtel de la Cloche, situé 14 place Darcy à Dijon, est un établissement cinq étoiles dont les façades et les toitures sont inscrites au titre des monuments historiques. Mentionné pour la première fois au XVe siècle sous le nom d’« ostelerie de la Cloiche », il apparaît à nouveau dans des documents des XVIe et XVIIe siècles. Rebaptisé « hôtel de Condé » dans les années 1750 en l’honneur du gouverneur de Bourgogne, il reprend son nom d’« hôtel de la Cloche » pendant la Révolution, redevient hôtel de Condé sous la Restauration puis retrouve définitivement le nom d’origine en 1830. Napoléon III y a séjourné la nuit du 1er au 2 juin 1856, alors que l’établissement se trouvait rue de la Liberté.
De 1881 à 1884, l’architecte dijonnais Louis Belin fit construire le nouvel hôtel, bordant la place Darcy, et l’établissement ouvrit ses portes le 13 avril 1884 ; il comprenait alors une grande salle à manger ornée de cloches dorées et un salon de style Louis XVI. En 1902, Louis Gorges prit la direction de l’hôtel, fit ajouter des lucarnes et, en 1926, le propriétaire fit édifier une aile le long de la rue Devosge par l’architecte Régis‑Joseph Jardel. L’hôtel fut occupé par les Allemands de 1940 à 1944.
Après une forte baisse de clientèle dans les années 1970 et la fermeture en décembre 1973, le mobilier fut vendu aux enchères en 1974 et une partie du bâtiment fut vendue et transformée en bureaux ou en appartements. Face à un projet de démolition, deux associations et la presse locale obtinrent la protection du monument : par arrêté du 29 octobre 1975, la façade et les toitures furent inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Le groupe La Hénin réaménagea l’immeuble des années 1880 pour rouvrir un hôtel en janvier 1982 ; l’établissement fut ensuite vendu en 1984 à la famille Jacquier, qui a assuré plusieurs rénovations ultérieures. Il intégra la chaîne Sofitel en 1994 puis, en 2013, la collection MGallery du groupe Accor et prit le nom de Grand Hôtel la Cloche.
Le Grand Hôtel la Cloche a fait l’objet d’une rénovation et d’une extension de janvier 2014 à décembre 2015, comprenant la modernisation des chambres et l’agrandissement de l’aile longeant la rue Devosge sur 1 700 m2 ; les nouvelles décorations intègrent des reproductions d’œuvres du musée des Beaux‑Arts de Dijon, tandis que les façades ont été nettoyées et éclairées par un dispositif de couleurs changeantes. Classé cinq étoiles depuis 2010, l’établissement compte quatre‑vingt‑huit chambres, dont cinq suites, et offre un restaurant gastronomique, un bar, des salons, des salles de réception et de séminaire, ainsi qu’une salle de sport et un spa.
Sur le plan architectural, l’immeuble de la fin du XIXe siècle présente des façades en pierre de taille alignées le long de l’avenue de la Première‑Armée‑Française, de la place Darcy et de la rue Devosge, percées de fenêtres rectangulaires munies de garde‑corps métalliques, ceux du premier étage étant ornés d’une cloche. L’étage de combles, couvert d’une toiture d’ardoise brisée, est éclairé par des lucarnes de pierre à ailerons. Le corps central de l’immeuble comporte au rez‑de‑chaussée trois grandes ouvertures cintrées, l’entrée principale occupant l’ouverture médiane ; il est surmonté d’un fronton gravé de la date MDCCCLXXXIII (1883), orné d’un cadran d’horloge et coiffé d’un campanile muni de trois cloches. Un jardin intérieur s’étend à l’arrière du bâtiment. Le site a été implanté sur le lieudit La Luzerne et la tradition rapporte qu’il s’agissait autrefois d’une décharge publique où auraient été ensevelis, pendant la Révolution, des statues et des tableaux de la cathédrale Saint‑Bénigne.
L’hôtel a accueilli au fil du temps de nombreuses personnalités : dans l’ancien établissement de la rue de la Liberté se succédèrent des figures telles que le maréchal Ney, Léopold Ier de Belgique, Alphonse de Lamartine ou Napoléon III ; dans le bâtiment de la place Darcy ont séjourné des artistes, des chefs d’État et des personnalités du monde culturel et politique, parmi lesquels Camille Saint‑Saëns, Auguste Rodin, l’archiduc Charles‑François‑Joseph d’Autriche, le roi Albert Ier de Belgique, le général de Lattre de Tassigny, ainsi que des artistes contemporains comme Bourvil, Louis de Funès, Jean Marais, Charles Aznavour, Grace de Monaco, David Gilmour, Chuck Berry, Joan Baez, André Rieu, Jean‑Michel Jarre, Johnny Hallyday ou Barbara, qui nota dans le livre d’or son appréciation « cette halte douce et chaleureuse ».