Origine et histoire de la Grande Maison
Le Manoir dit La Grande Maison, situé près de la Divette à 1,5 kilomètre au nord‑ouest de l'église Saint‑Michel de Bricquebosq (Manche, Normandie), est une ancienne demeure fortifiée de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. Il constitue l'un des plus beaux exemples de construction rurale du XVIe siècle en Cotentin, avec des éléments gothiques — clochetons, hautes cheminées, échauguettes — préservés au fil du temps. Le corps central, daté du début du XVIe siècle, forme un rectangle allongé d'un étage éclairé par des fenêtres à meneaux chanfreinés et surmonté de greniers percés de petites lucarnes. Sur la façade arrière se dresse une grosse tour d'escalier coiffée d'un toit pointu, éclairée par de petites lucarnes et abritant un colombier au dernier niveau; elle est accompagnée de deux échauguettes coiffées en poivrière. Aux angles se détachent deux gros pavillons en forte avancée, à deux étages et toitures en aigu, percés de meurtrières et de fenêtres étroites, ornés d'échauguettes et d'un clocheton; ces élévations, qui comprennent une chapelle, datent de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle. Au début du XVIIIe siècle, de nombreuses baies furent transformées, ce qui entraîna la suppression de leurs meneaux. Des aménagements intérieurs, notamment boiseries et carrelages, ainsi que la construction d'une partie des communs, remontent au XIXe siècle. Le domaine est desservi par une grande avenue arborée et comprend une maison de gardien en pierres et briques. La demeure a été édifiée par les comtes de Thieuville; Eustace de Thieuville, seigneur de Bricquebosq, figure dans le rôle du ban et d'arrière‑ban de la vicomté de Valognes en octobre 1567 et y est taxé de vingt‑quatre livres. Après quatre siècles dans la famille de Thieuville, la propriété passa, par mariage, en 1800 aux comtes de Blangy. À la mort de Maximilien de Blangy, en 1923, sans descendant, la demeure fut acquise par la famille Letablier, exploitante agricole. Au titre des monuments historiques, les façades et les toitures du manoir ainsi que la chapelle sont classées par arrêté du 5 octobre 1982; les façades et toitures des communs, le colombier logé dans la tour d'escalier et la cheminée du rez‑de‑chaussée côté ouest sont inscrits par le même arrêté.
