Origine et histoire du Grenier à sel
L'ancien grenier à sel de Pouancé, construit au XVIIIe siècle à l'entrée du château et situé sur la commune de Pouancé (Maine-et-Loire), est historiquement lié à la deuxième forteresse d'Anjou sur la frontière Anjou–Bretagne. Sous l'Ancien Régime, il servait à entreposer le sel frappé de la gabelle avant sa mise en vente. L'institution du grenier à sel, probablement établie dès le XIVe siècle, étendait sa juridiction à vingt et une paroisses angevines. Un édit royal de mai 1726 a confirmé la liste de ces paroisses — Armaillé, Bouillé, Bourg-l'Évêque, Carbay, Chanveaux, La Chapelle-Hullin, Chazé-Henry, Combrée, Congrier, Grugé, L'Hôpital-de-Bouillé, Noëllet, Noyant, Pouancé, La Prévière, Renazé, La Rouaudière, Saint-Erblon, Saint-Michel-et-Chanveaux, Senonnes et Vergonnes — et fixé le prix du minot de sel d'impôt à 39 livres, celui du sel de vente volontaire à 38 livres. La proximité de la Bretagne et l'appartenance au triangle Ancenis–Pouancé–Angers favorisaient une contrebande active menée par des faux-sauniers. L'administration locale employait des gabelous et le grenier disposait d'une prison pour les délits de faux-saunage. Des incidents illustrent cette situation : en 1669, une troupe qualifiée de « cadets de Bretagne » força les prisons de Pouancé, tenta de piller la recette des gabelles et agressa un archer de la gabelle. Les archives font aussi état de consommations et de mesures administratives : vers 1697 le grenier consommait 27 muids de sel par an, et en 1761 la consommation atteignait 175 setiers pour l'ensemble des vingt et une paroisses. Le 29 mars 1740, la cour des aides infirma une sentence du grenier et interdit aux employés d'effectuer des visites domiciliaires chez les particuliers sans permission. En 1772, le grenier entretenait onze brigades et soixante-neuf gabelous pour un coût de 20 580 livres ; malgré ces moyens, la contrebande approvisionnait la moitié du marché du sel sur son territoire. L'institution et le grenier à sel disparurent à la Révolution française. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1996. Certaines ouvertures du bâtiment ont été modifiées.