Origine et histoire du Gros-Horloge
Le Gros-Horloge est l’un des monuments emblématiques de Rouen ; il se compose d’une arche Renaissance enjambant la rue du même nom et d’une horloge astronomique du XIVe siècle, adossée à un beffroi. L’ensemble est classé au titre des monuments historiques depuis 1862.
Le beffroi, construit aux XIVe et XVe siècles, présente des baies à remplage gothique rayonnant et flamboyant ; à l’origine couronné d’une flèche en charpente, il est aujourd’hui surmonté d’une coupole de style classique. Il remplace un beffroi antérieur rasé après la révolte de la Harelle, et il abrite dès l’origine le mécanisme de l’horloge ainsi que les cloches qui en marquent les sonneries. Le mouvement d’horlogerie, l’un des plus anciens de France, a été fabriqué en 1389, et l’horloge installée la même année. Le fonctionnement de l’ensemble est assuré par l’électricité depuis les années 1920, tandis que le mouvement mécanique est conservé en parfait état de marche.
Au XVe siècle, la porte Massacre formait déjà une arche surmontée d’une construction à pans de bois accueillant les cadrans ; les façades actuelles datent d’une reconstruction de la Renaissance et représentent un soleil doré de vingt-quatre rayons sur fond bleu étoilé, le cadran mesurant 2,50 mètres de diamètre. Une aiguille unique, ornée d’un agneau, indique l’heure ; les phases de la Lune apparaissent dans l’oculus supérieur grâce à une sphère de trente centimètres qui accomplit une rotation en vingt-neuf jours. À la base du cadran, un semainier présente, par des sujets allégoriques tirés par des animaux, les jours de la semaine associés à des divinités, des métiers et des signes du zodiaque.
Le pavillon Renaissance qui supporte les cadrans fut édifié entre 1527 et 1529 pour remplacer l’ancienne porte Massacre ; il repose sur une arche en anse de panier et se compose d’un premier étage en pierre surmonté d’étages en colombage plâtré ornés de moulures de pilastres. Au centre de l’arcade figure le blason de la ville, un agneau pascal sur fond rouge, et le dessous de la voûte, richement sculpté, montre notamment le Christ en Bon Pasteur, polychrome à l’origine avec des traces de couleur encore visibles sur le caisson central. Sur la façade droite, des anges sont gravés dans la pierre, dont l’un présente la tête inversée, anecdote attribuée au mécontentement des ouvriers lors de la construction. L’ensemble a été restauré en 1892, date à laquelle la toiture a reçu une frise en plomb et des épis de faîtage réalisés par le ferronnier Ferdinand Marrou.
Au pied de l’édifice, du côté ouest, une fontaine de 1734 illustre la légende d’Alphée et d’Aréthuse, figurée par un Cupidon au-dessus des deux personnages, et a été érigée sur l’emplacement d’une fontaine gothique du XVe siècle ; la composition rappelle également la dédicace au roi Louis XV. Cette fontaine est classée au titre des monuments historiques depuis 1889 et figure parmi les équipements pris en compte dans la remise en état des fontaines programmée par la ville en 2021-2022.
Contiguë au beffroi, une échoppe du XVIe siècle permit à l’horloger résident de vendre des articles d’horlogerie ; elle fut rehaussée de deux étages en 1623 et prit le nom de loggia ; elle sert aujourd’hui d’entrée au musée du Gros-Horloge. Le musée présente l’atelier de l’horloger, les cloches, les poids, les machines et le dôme, des salles liées à l’histoire de l’édifice et de Rouen, et une plate-forme offrant un panorama sur les toits de la ville et la cathédrale Notre-Dame ; il accueille environ 30 000 visiteurs par an.
Après une restauration menée de 1889 à 1893 par Louis Sauvageot, le site a de nouveau été restauré à partir de 1997, mis en lumière en 2003 et rouvert au public en décembre 2006. Fermé pour travaux en novembre 2023 afin de remplacer des pièces en bois au niveau du dôme du beffroi, le Gros-Horloge a rouvert ses portes en mars 2024. En mai 2023, le monument a fait l’objet d’un tag, et en juillet 2023 des travaux d’urgence ont été entrepris après un effritement de pans de bois causé par la petite vrillette ; des travaux complémentaires sont prévus début 2025.
Le Gros-Horloge a inspiré des représentations graphiques anciennes, comme une vue contenue dans le Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur (1526), et il a été reproduit sur deux timbres postaux français émis en 1976 et en 2014. Il figure également dans un médaillon de la porte principale de la cathédrale Notre-Dame du Liban à New York.