Origine et histoire de la Grosse Pierre
Le dolmen dit la Grosse Pierre, également appelé Pierre Couplée, se situe sur la commune de Verneusses dans l'Eure. Il est implanté en bordure de la rue du Dolmen, à l'est de la commune ; cette voie correspond à l'ancienne route romaine reliant Rouen à Alençon. La dalle de couverture présente une particularité géologique : sa partie supérieure est en poudingue et sa partie inférieure en grès. De forme triangulaire, la table a un côté nord de 4 m, les deux autres côtés de 3,50 m et une épaisseur de 60 cm. Elle repose sur quatre supports en poudingue ou en grès, et un cinquième support a été ajouté lors d'une restauration. Le support A, en grès, mesure 2,30 m de large, sa hauteur visible est de 0,70 m et son épaisseur de 0,45 m ; le support B est en grès sans dimensions précisées. Le support C, en poudingue, est large de 2 m, sa hauteur visible atteint 1,25 m et son épaisseur 1 m ; le support D, en grès, mesure 1,30 m de large, 0,90 m de hauteur visible et 0,70 m d'épaisseur. Le cinquième support E a été ajouté par Léon Coutil lors du redressement du dolmen en 1910.
Le monument a été signalé dès 1829 par Frédéric Galeron, qui mit en avant l'appellation de "pierre couplée". Pour Galeron, le nom renvoie à la racine lée, signifiant "pierre", tandis que Léon Coutil et Amélie Bosquet y voyaient l'allusion au triangle formé par les trois dolmens de Verneusses, La Ferté et Glos-la-Ferrière. Auguste Le Prévost puis le vicomte de Pulligny laissèrent croire à la destruction d'un dolmen à Verneusses, erreur corrigée lorsque Léon Coutil décrivit le monument en 1896. Coutil constata que le dolmen était en mauvais état : la chute d'un chêne avait déplacé la table et la proximité d'un épicéa menaçait encore le monument. Selon ses relevés, le côté ouest de la table s'était affaissé sur le support A, le support B était tombé sur l'accotement du chemin, le support C assurait encore la fonction porteuse et le support D était incliné et ne touchait plus la dalle.
La décision de redresser les supports donna lieu à une opération menée les 10 et 11 octobre 1910 : on releva la partie effondrée à l'aide de crics, on stabilisa la dalle avec des madriers, on releva et déplaça le support B de 1,40 m pour le replacer sous la table, et on ajusta les positions des supports C et D. Par crainte de déséquilibre, on ajouta à l'est un cinquième support en grès apporté de Montreuil-l'Argillé, haut de 1,85 m, large de 0,90 m et enfoncé d'1 m dans le sol. La seconde phase du chantier, en janvier 1911, consistait à dégager et redresser le support A encore couché sous la dalle : l'infiltration des racines de l'épicéa compliqua l'opération, on creusa pour glisser et redresser le support, et on gratta le haut du support D sur 2 cm pour améliorer la planéité. Après retrait des madriers, le tassement entraîna un relèvement de la dalle de 2 cm au-dessus du support D, précédemment rabaissé de cette hauteur, et la restauration fit l'objet de quelques critiques de la part de visiteurs.
Lors des travaux, Léon Coutil entreprit des fouilles sous la dalle : après avoir retiré de nombreux débris contemporains, le sol fut gratté sur 50 cm jusqu'à la glaise compacte à silex sans qu'aucun ossement ni objet travaillé ne soit mis au jour. Le dolmen fut classé au titre des monuments historiques le 4 avril 1911, et une plaque indiquant son classement et son redressement y fut apposée par Coutil.