Origine et histoire de la Grotte aux points
La Grotte aux Points, anciennement appelée grotte Yves, est une grotte ornée du Paléolithique supérieur située sur la commune d'Aiguèze, dans les gorges de l'Ardèche (rive droite, côté sud). Elle s'ouvre sous une saillie de falaise calcaire à 95 m d'altitude, presque en face de l'élément rocheux dit « la Cathédrale », et on peut l'atteindre depuis le GR 4 par une boucle de sentier. La cavité est un couloir subhorizontal dont le porche, orienté au nord, mesure environ 3 m de hauteur et 13 m de largeur ; la galerie s'étend sur 108 m, d'abord selon un axe nord‑sud puis est‑ouest, et les figures se situent à 75 m de l'entrée. Le porche a servi d'abri‑bergerie, dont subsiste un muret en pierres sèches, et des activités d'extraction, probablement entre la fin du XVIe et la seconde moitié du XIXe siècle, ont encombré le sol de remblais et modifié les volumes internes, ce qui complique l'interprétation des aménagements préhistoriques. Lors d'une sortie spéléologique le 7 novembre 1993, Éliette Brunel, Jean‑Marie Chauvet et Christian Hillaire ont repéré des signes peints à l'ocre rouge dans les parties profondes de la cavité ; ces signes ont été authentifiés par Jean Clottes en 1995, année du classement de la grotte au titre des Monuments historiques. Depuis 2011, la grotte fait l'objet de recherches pluridisciplinaires dans le cadre du projet « Datation Grottes Ornées » (DGO) dirigé par Julien Monney. L'ornementation pariétale, exclusivement rouge et vraisemblablement obtenue par estompage de l'ocre, présente des affinités stylistiques avec l'ornementation des premières salles de la grotte Chauvet, notamment par la présence de signes bilobés et de points‑paumes. Le bestiaire comprend trois bouquetins, un cheval et un bison ; les parois montrent également de nombreuses traces rouges, un tracé angulaire, deux signes bilobés et 59 ponctuations rouges, et des descriptions antérieures citent des ponctuations figurant bison, mammouth et cheval. Parmi les motifs, plusieurs empreintes de paume peintes (« points‑paumes ») portent des traces papillaires palmaires : les sillons palmaires, reconnus comme dermatoglyphes en 2002, ont été analysés par chiroscopie, et les empreintes identifiées sont exclusivement des mains droites. La grotte est inscrite au titre des Monuments historiques depuis le 29 mai 1995 ; un arrêté de classement du 18 novembre 2024 se substitue à cette inscription. Le site n'est pas ouvert à la visite. De nombreuses publications et rapports, notamment des travaux de Brunel, Chauvet, Hillaire et des numéros spéciaux dirigés par Julien Monney dans Karstologia, documentent les découvertes, les études topographiques, les analyses pigmentaires et les recherches chiroscopiques menées sur la grotte.