Origine et histoire de la Grotte d'Ebbou
La grotte d'Ebbou, dite aussi grotte du Château d'Ebbo, est une cavité ornée située à Vallon-Pont-d'Arc, en Ardèche, région Rhône-Alpes. Elle comporte 69 gravures pariétales représentant principalement des animaux, attribuées par comparaison au Magdalénien.
La grotte fait l'objet de fouilles depuis la fin du XIXe siècle : Jules Ollier de Marichard la mentionne dès 1867, signale en 1870 des « signes du zodiaque » et, en 1873, décrit des griffures et des silhouettes animales sur les parois. Ces gravures ont été redécouvertes par les spéléologues A. Bonnaud et G. Saussac en 1945, étudiées et relevées par André Glory en 1946, puis la grotte a été classée au titre des monuments historiques en 1947. Jusqu'en 1964 la cavité était ouverte au public, mais elle a dû être fermée en raison de dégradations : décaissement du sol, concrétions brisées et nombreux graffitis modernes. Entre 1964 et 1968, des campagnes d'étude ont permis d'en réaliser la topographie, d'explorer l'entrée, d'établir un inventaire et d'effectuer un relevé photographique des figures ; une nouvelle série d'études s'est focalisée de 1994 à 1999 sur les techniques de réalisation des œuvres pariétales.
Le nom complet « grotte du château d'Ebbo » fait référence à une maison forte appelée « Ebb », édifiée au XVIe siècle pour surveiller le trafic fluvial sur l'Ardèche ; les ruines de cette construction sont encore visibles sur un petit terre-plein à gauche de l'entrée.
La cavité se trouve sur la rive droite de l'Ardèche, au pied d'une falaise de calcaire urgonien haute d'environ 100 mètres, à 1 200 mètres en aval du Pont d'Arc, au niveau du méandre du Pas de Mousse. Elle possède plusieurs entrées, la plus vaste étant située 23 mètres au-dessus de la rivière, soit à 94 mètres d'altitude. L'ensemble mesure près de 260 mètres de long et se divise en cinq parties distinctes : après un vaste porche, une galerie rectiligne bifurque vers l'est près d'une colonne en calcite ; lui succède une galerie courbe très concrétionnée d'environ trente mètres qui débouche, à 110 mètres de l'entrée, sur la salle où sont concentrées les gravures. Le développement se poursuit par une vaste salle à haut plafond, autrefois ornée de hautes stalagmites désormais pour beaucoup brisées et où aucune gravure n'a été signalée, puis par une succession de puits et de salles colmatées d'argile qui, après une forte déclivité, redescend au niveau de la rivière.
Le recensement le plus récent dénombre 69 gravures attribuables au Paléolithique, comprenant des signes et un bestiaire riche : 19 chevaux, 10 aurochs, 6 bouquetins, 4 cerfs, 2 bisons, 1 mammouth, 1 félin, 1 ours probable et 12 autres animaux indéterminés très schématiques. Ces représentations occupent tous les emplacements disponibles de la salle et forment sept à huit panneaux distincts — notamment le panneau du Grand Taureau et le panneau des Chevaux — avec des paires de chevaux placées aux extrémités de la salle ou au centre du plafond, souvent sur des parois en vis-à-vis. Le style est très dépouillé : les gravures ont été réalisées sur des surfaces au relief marqué, les détails anatomiques sont réduits au minimum, et les pattes sont souvent stylisées jusqu'à n'être que des traits se terminant en V, X ou Y. Dans de nombreux cas, une seule indication réaliste — crinière, ramure ou encornures — suffit à identifier l'espèce, et le relief naturel a été habilement mis à profit pour restituer les volumes corporels. Un avant-train de bison peut stylistiquement être attribué au Magdalénien, mais la homogénéité du style semble renvoyer à un même horizon paléolithique avec des phases successives. On note par ailleurs certaines similitudes stylistiques, notamment au niveau des encornures d'aurochs, avec les représentations de la grotte Chauvet, datées de l'Aurignacien et du début du Gravettien.
Des fouilles menées dans l'entrée par J. P. Thévenot ont mis au jour des couches archéologiques contenant du petit matériel céramique et osseux attribué au Magdalénien supérieur.