Origine et histoire de la Grotte de Font-de-Gaume
La grotte de Font‑de‑Gaume, dite grotte du Sourd, est une grotte ornée située dans l'ancienne commune des Eyzies‑de‑Tayac, aujourd'hui intégrée à la commune nouvelle des Eyzies, en Dordogne. Ses parois comportent plus de 200 gravures et peintures attribuées au Magdalénien. Elle figure parmi les dernières grottes ornées majeures françaises présentant des œuvres polychromes accessibles au public, comparables par leur richesse à celles d'Arcy‑sur‑Cure, d'Altamira ou de Lascaux, bien que leur état de conservation soit nettement moindre. Le site fait partie des quinze « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère » inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979.
Les peintures et gravures ont été découvertes le 12 septembre 1901 par Denis Peyrony, Louis Capitan et Henri Breuil, quatre jours après la découverte de la grotte voisine des Combarelles. Armand Pomarel, qui avait accompagné les préhistoriens, leur signala l'intérêt de la cavité, déjà connue des habitants et utilisée par des enfants, ce qui a entraîné la présence de quelques graffitis sur certaines peintures. La grotte a été classée au titre des monuments historiques en 1902. Des fouilles conduites par D. Peyrony et H. Breuil, puis par F. Prat entre 1958 et 1964 et en 1967, ont mis au jour des vestiges lithiques essentiellement attribués au Châtelperronien et à l'Aurignacien, avec des indices plus rares du Moustérien, du Solutréen et du Magdalénien.
Font‑de‑Gaume est creusée dans un massif calcaire du Crétacé, en périphérie de couches santoniennes et du Crétacé supérieur, et présente une morphologie de haute diaclase dans des calcaires gréseux contenant des concrétions. L'action des eaux souterraines a façonné la cavité, qui est aujourd'hui considérée comme sèche bien que l'on observe encore quelques écoulements sur certaines parois. La grotte se déploie comme un couloir relativement étroit long de 125 mètres, large de deux à trois mètres et haut d'environ huit mètres, et s'ouvre à mi‑hauteur d'une falaise de calcaire coniacien. Les premières figurations apparaissent à une soixantaine de mètres de l'entrée, après une étroiture surnommée le Rubicon, qui a sans doute contribué à leur conservation en limitant les circulations d'air; des œuvres situées entre l'entrée et l'étroiture ont été effacées pour la plupart, à l'exception de quelques traces de gravures.
Les représentations dépassent les 200 et comprennent des peintures polychromes et des gravures montrant des signes géométriques — tectiformes, quadrilatères et signes en X —, des animaux tels que aurochs, bisons, mammouths, chevaux, ainsi que lion et loup, et quelques figures anthropomorphes comme des vulves ou des silhouettes. Les couleurs noire et rouge proviennent de pigments naturels appliqués par tamponnage et par soufflage. Le renne est particulièrement bien représenté, avec notamment deux individus affrontés au centre de la paroi gauche. Dans une composition mêlant gravure et peinture, l'un des rennes, debout et doté de grands bois bruns, semble lécher le front d'un autre, agenouillé et pourvu de petits bois rouges; cette scène a reçu des interprétations contradictoires mais pourrait évoquer une parade sexuelle. Faute de datation absolue, ces œuvres sont en général rapprochées de l'art magdalénien sur la base de comparaisons stylistiques.
Gérée par le Centre des monuments nationaux, la grotte de Font‑de‑Gaume est ouverte au public, mais la fréquentation a été fortement limitée pour préserver les œuvres. Après des affluences pouvant atteindre par le passé 1 000 à 2 000 visiteurs par jour, le quota a été réduit à 340 dans les années 1990, puis fixé depuis 2013 à 78 visiteurs par jour. Cette limitation a stabilisé l'état de conservation des peintures en empêchant l'accumulation de chaleur d'une visite à l'autre, la cavité pouvant « récupérer » durant la nuit selon le conservateur. Les visites se déroulent en groupes de treize personnes, à raison d'un groupe par heure.
