Origine et histoire de la Grotte de Fontéchevade
La grotte de Fontéchevade est une grotte préhistorique située sur la commune de Montbron en Charente, à 27 km à l'est d'Angoulême, à 5 km de la Dordogne et à 11 km de la Haute‑Vienne. Elle se trouve à 2 km au nord‑ouest de Montbron, à la limite de la commune d'Orgedeuil, au pied du hameau de Fontéchevade, dans un petit vallon orienté vers le sud‑ouest traversé par le ruisseau Fontéchevade, affluent de rive droite de la Tardoire. La cavité est proche, à vol d'oiseau, de la grotte de Montgaudier (1,5 km) et de la grotte du Placard (4,8 km). Elle a été occupée aux niveaux tayacien (Paléolithique inférieur), moustérien (Paléolithique moyen) et aurignacien (Paléolithique supérieur). La grotte forme un tunnel d'environ 30 m de long et 6 m de large avec un parcours en U. Des fouilles ont été menées à partir de 1870 par Paire et Fermond, puis par Durousseau‑Dugontier (1902‑1910), Vallade (1913‑1914), Saint‑Perrier (1921) et David, qui effectua en 1933 des sondages en niveau aurignacien. La grotte a été classée monument historique le 6 septembre 1933. Germaine Henri‑Martin a repris les fouilles de 1937 à 1955 et a publié en 1957 une première description stratigraphique. Elle distinguait six couches désignées de A à E et une couche d'argile au sol, attribuant la couche B à l'Aurignacien, la couche C au Moustérien et la couche E au Tayacien. Cette occupation tayacienne a été située dans l'interglaciaire Riss‑Würm, il y a environ 150 000 ans. Des fouilles récentes proposent une stratigraphie en huit couches. En 1947, Henri‑Martin mit au jour des fragments frontaux et pariétaux formant une partie de calotte crânienne, attribués à un pré‑néandertalien en raison de sutures soudées; à l'époque, les seuls fossiles comparables en France provenaient de la grotte de l'Hyène au site d'Arcy‑sur‑Cure. D'autres restes humains comprennent un cinquième métatarsien gauche découvert en 1948 et attribué au Moustérien, ainsi que quatre dents et une phalange assignées soit à l'Aurignacien soit à des niveaux plus récents. Plusieurs vestiges d'Homo sapiens, tous attribués à l'Aurignacien, comprennent un pariétal découvert par Durousseau‑Dugontier, une partie de mandibule d'enfant et un fragment de radius. La faune fossile réunit équidés, gros bovidés (bœuf et bison), cervidés, rongeurs, sangliers, renards, ours et hyènes. La couche tayacienne profonde a livré une tortue terrestre, un rhinocéros de Merck (Dicerorhinus mercki) et un daim de Clacton (Dama clactoniana), tandis que la microfaune inclut le lemming des steppes (Lagurus lagurus); cette association est un argument en faveur d'une datation anté‑Würmienne de la couche tayacienne. La cavité a servi d'habitat dès le Paléolithique moyen, comme l'attestent les industries retrouvées. Le Tayacien local, contemporain de l'Acheuléen mais dépourvu de bifaces, est caractérisé par des racloirs, des denticulés et des chopping‑tools ou grattoirs massifs. Le Moustérien se manifeste par une industrie à pointes et à bifaces. L'Aurignacien est représenté par des grattoirs, des burins, des lamelles et des sagaies à base fendue en os. Enfin, la présence humaine au Périgordien est signalée par de nombreux burins, des pointes de la Gravette et un fragment de pointe de Font‑Robert.