Origine et histoire de la Grotte de Labaume-Latrone
La baume Latrone (baume en français, balma en occitan signifiant grotte) est un site préhistorique situé à Sainte-Anastasie, dans le Gard, connu pour des dessins de mammouths et d'un félin attribués au Paléolithique supérieur. Connu de longue date des archéologues locaux, le porche d'entrée a fait l'objet de fouilles à la fin du XIXe siècle qui ont mis en évidence des niveaux exclusivement néolithiques. En 1940, une désobstruction a permis de découvrir, dans un réseau profond, des dessins paléolithiques, qui ont ensuite été étudiés par plusieurs chercheurs. En raison d'un style particulier, les représentations ont donné lieu à des attributions variées — Aurignacien, Gravettien ou Solutréen — faute de comparaisons évidentes. La baume Latrone a été classée Monument historique par arrêté du 19 mai 1941. Une reprise de l'étude en 2009 par une équipe pluridisciplinaire dirigée par Marc Azéma a mis en évidence des rapprochements techniques, stylistiques et thématiques avec la grotte Chauvet, datée de l'Aurignacien, notamment la représentation de défenses de mammouths écartées de part et d'autre de la trompe. En 2012, un charbon de bois prélevé au pied des dessins a été daté à 37 464 ans avant le présent en âge calibré, apportant un argument supplémentaire en faveur d'une attribution aurignacienne et faisant de la baume Latrone l'un des plus anciens ensembles d'art préhistorique connus en Europe. Les dessins ont été réalisés par la technique dite polydigitale : les artistes ont utilisé de deux à quatre doigts enduits d'une argile brune pour tracer des traits d'épaisseur variable, particularité unique dans l'art pariétal paléolithique. Selon les chercheurs, une scène semble évoquer l'attaque d'un groupe de mammouths par un félin ; le style très stylisé des figures est une des originalités du site. Certains mammouths ne sont représentés que par une silhouette en fer à cheval complétée d'un appendice figurant la trompe. Une figure auparavant interprétée comme un cheval, en raison d'un arc de cercle au bout des naseaux, est désormais considérée comme un probable rhinocéros, par analogie avec la représentation des oreilles observée dans les grottes de Chauvet et d'Aldène. L'ensemble comporte aussi des figures gravées, des tracés polydigitaux exécutés sur une paroi meuble sans apport de colorant, et des mains positives obtenues par application de pigment sur la paroi.