Origine et histoire de la Grotte de Néron
La grotte de Néron, aussi appelée baume Néron, est un site préhistorique situé à Soyons, en Ardèche, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Découverte en 1869 par Ludovic-Napoléon Lepic et Jules Sonier de Lubac, elle a livré des industries lithiques moustériennes et une industrie locale dite néronienne. Classée au titre des monuments historiques depuis 1965 pour son gisement archéologique, elle est ouverte au public depuis 1999.
Elle se trouve sur la façade est du serre de Guercy, une petite éminence de calcaire kimméridgien immédiatement à droite du Rhône, et domine la vallée d’environ 95 mètres. La cavité fait partie des sept gisements archéologiques connus du serre de Guercy, aux côtés de la grotte des Enfants, de la grotte de la Madeleine, du trou du Renard, du trou du Mouton, du trou Roland et de la baume Moula-Guercy.
La découverte elle-même tient son nom du chien Néron, qui se glissa dans une entrée discrète lors de la partie de chasse des découvreurs. Après la découverte, une première fouille fut menée et un compte rendu publié en 1872. Plusieurs campagnes de fouilles se sont ensuite succédé au XXe siècle, dont des investigations anciennes peu publiées, des fouilles plus scientifiques publiées à partir de 1950, puis des travaux menés en 1990-1991.
La salle principale de la grotte s'étend sur environ 50 mètres de profondeur pour 9 mètres de large, et le dépôt sédimentaire atteint 2,30 mètres d'épaisseur à l'entrée. Les sondages réalisés dans la grotte et dans le trou du Renard voisin montrent une occupation continue du Paléolithique moyen récent jusqu'à la période gallo-romaine, avec trois phases d'occupation au cours du Paléolithique. La phase la plus ancienne est encadrée par des périodes d'utilisation par de grands carnivores tels que l'ours, le loup, la hyène des cavernes et des félins.
Sur le plan industriel, la baume Néron figure parmi les principaux sites moustériens du Sud-Est de la France, aux côtés de la grotte Mandrin. La fouille de 1950 a dégagé deux niveaux moustériens et un niveau de transition, ce dernier longtemps énigmatique. Les niveaux moustériens présentent une industrie proche de celle de Champ Grand et apparentée au Moustérien de type Quina, avec des éclats débités selon trois techniques distinctes : une méthode moustérienne typique, la méthode Levallois et la méthode Quina.
Le niveau le plus récent, appelé niveau I, montre une augmentation des productions de pointes et de lames au détriment d'outillages retouchés. Ces particularités locales ont conduit à la proposition d'une dénomination spécifique, le Néronien, caractérisé par la production d'outils lithiques élancés et acérés (lames, lamelles et pointes) et par la cohabitation de deux schémas de production — lame/pointe et lamelle/micropointe — donnant des produits laminaires très allongés. Une "pointe de Soyons", obtenue par reprise avec une fine retouche inverse souvent semi-abrupte, est considérée comme l'outil type de cette industrie, tandis que lamelles et micropointes représentent près de la moitié des produits finis et mesurent généralement moins de 3 cm.
Malgré ces innovations, l'outillage conserve des traits archaïques, comme la retouche des burins et de certains grattoirs, ce qui exclut un rattachement simple à l'Aurignacien. Le Néronien s'inscrit parmi les industries du Paléolithique supérieur initial, ensemble intermédiaire entre le Moustérien et l'Aurignacien, et, contrairement au Châtelperronien attribué souvent à l'Homme de Néandertal, des découvertes récentes tendent à associer le Néronien à Homo sapiens.
Les fouilles de 1990-1991 ont mis au jour deux dents humaines dans le niveau moustérien le plus ancien : une canine de lait d'un enfant de 2 à 3 ans et une molaire supérieure définitive (M1). Ces vestiges, datés du stade isotopique 4 et attribués morphologiquement et stratigraphiquement à l'Homme de Néandertal, constituent les premiers fossiles néandertaliens découverts dans la vallée du Rhône. D'autres fossiles néandertaliens ont depuis été identifiés dans la région, notamment à la baume Moula-Guercy et à la grotte Mandrin.
La grotte de Néron et le trou du Renard sont accessibles aux visiteurs d'avril à octobre ; la présentation du site inclut des reconstitutions d'hommes de Néandertal autour d'un foyer et la représentation des grands prédateurs contemporains, tandis que le trou du Renard offre également un bel ensemble de concrétions calcaires — stalagmites, stalactites, draperies et colonnes — sculptées par l'écoulement de l'eau.