Grotte de Pair-non-Pair à Prignac-et-Marcamps en Gironde

Patrimoine classé Vestiges préhistoriques Grotte Grotte ornée

Grotte de Pair-non-Pair à Prignac-et-Marcamps

  • 4-8 Chemin de Pair Non Pair
  • 33710 Prignac-et-Marcamps
Grotte de Pair-non-Pair à Prignac-et-Marcamps
Grotte de Pair-non-Pair à Prignac-et-Marcamps
Grotte de Pair-non-Pair à Prignac-et-Marcamps
Grotte de Pair-non-Pair à Prignac-et-Marcamps
Crédit photo : Xabi Rome-Hérault - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Période

Paléolithique supérieur

Patrimoine classé

Caverne à peintures dite de Pair-non-Pair : classement par arrêté du 20 décembre 1900

Origine et histoire de la Grotte de Pair-non-Pair

La caverne à peintures dite de Pair‑non‑Pair, située sur la commune de Prignac‑et‑Marcamps en Gironde, est une grotte ornée contenant des représentations attribuées à la culture aurignacienne et datées de plus de 32 000 ans avant le présent. Découverte fortuitement le 6 mars 1881 par l’érudit autodidacte François Daleau, elle est la troisième grotte ornée mise au jour après Altamira et la grotte Chabot. Son classement au titre des monuments historiques date du 20 décembre 1900. La cavité se trouve au nord‑ouest de Prignac‑et‑Marcamps, à environ 200 m de la route D669, dans la vallée du Moron sur la rive droite, et se creuse dans un petit massif de calcaire à astéries du Rupélien couvert de bois. Le toponyme provient d’une évolution écrite : « Penot père » puis « Penotpair » avant de devenir « Pair‑non‑Pair ». La découverte populaire rapporte qu’une brebis se serait coincée dans une ornière, révélant l’entrée de la grotte.

La galerie principale, presque rectiligne sur une quinzaine de mètres et orientée sud‑est/nord‑ouest, s’inscrit dans l’alignement d’une diaclase; des élargissements latéraux et une cheminée mènent à un carrefour où se concentrent la majorité des peintures. Les parois sont rugueuses, riches en fossiles et sans concrétions. Un effondrement du plafond à la fin du Moustérien avait partiellement comblé la galerie principale sur plus de dix mètres, masquant l’entrée initiale, et, au cours des occupations préhistoriques, les dépôts ont recouvert la voûte jusqu’à soixante centimètres. François Daleau explora la grotte dès le 8 mars 1881 et mena plusieurs campagnes, poursuivies entre 1883 et 1887, et signala des lignes gravées dès décembre 1883; la lecture nette d’un animal (l’équidè no 1) est attestée le 31 août 1896. Après des difficultés foncières et une interruption des travaux, un accord de location fut conclu en 1896. Henri Breuil visita le site à partir de 1897 et y revint à plusieurs reprises, tandis que des spécialistes étudièrent la faune et le mobilier recueillis.

Les niveaux archéologiques montrent des occupations allant du Moustérien au Gravettien. L’accès extérieur s’est modifié après un effondrement vers 40 000 ans avant le présent, et l’analyse des couches attribue les gravures initialement mises en couleur à l’Aurignacien, entre 37 000 et 32 000 ans avant le présent; la grotte est ensuite abandonnée à la fin du Gravettien. Pair‑non‑Pair a joué un rôle majeur dans la reconnaissance de l’art préhistorique, car la présence de figures enfouies sous des dépôts anciens a confirmé leur ancienneté et permis de clore le débat sur leur authenticité, ces œuvres étant antérieures au Solutréen.

Le décor pariétal comprend de nombreuses gravures de bouquetins, mammouths, bisons, chevaux et cervidés, parmi lesquelles figurent un mégalocéros de grande taille, une gravure de cheval longue de 2,50 m et deux chevaux à la tête tournée vers l’arrière — dont le célèbre Agnus dei — qui témoignent d’une forte expressivité du mouvement. Le mobilier découvert par Daleau comprend plus de 15 000 outils en silex, en os et en ivoire; parmi les pièces remarquables figurent une pendeloque en ivoire sculptée en forme de cyprée et une flûte taillée dans un os de gypaète barbu, instrument rare en contexte préhistorique et interprété comme indice de modes de vie nomades. Les vestiges non rejetés sont conservés au musée d’Aquitaine et au Muséum d’histoire naturelle de Bordeaux. Les restes fauniques mis au jour par Daleau comptent quelque 6 000 ossements, dont des équidés, un mégalocéros et un mammouth.

Propriété de l’État, la grotte est ouverte au public toute l’année sous réserve de limitations strictes pour sa conservation : réservation obligatoire, nombre de visiteurs restreint, fermeture habituelle un jour par semaine et plafond annuel fixé aux visites de groupe. Des prélèvements réguliers de la paroi sont effectués pour surveiller les effets du tourisme. Le bâtiment d’accueil, réalisé par l’architecte Patrick Hernandez et inauguré en 2008, utilise des matériaux bruts et nobles (chêne, béton, verre, métal et cuivre) et propose des vitrines d’interprétation présentant des vestiges authentiques issus du site. Pair‑non‑Pair est ainsi à la fois un lieu fondamental pour l’histoire de l’art préhistorique et un site protégé et étudié en continu.

Liens externes