Origine et histoire de la Grotte des Chevaux
La grotte dite de Labastide, ou grotte des Chevaux, forme avec la grotte de la Perte et la grotte Blanche un ensemble karstique à perte‑résurgence situé sur la commune de Labastide, dans les Hautes‑Pyrénées. Cet ensemble se développe dans des brèches carbonatées jurassico‑crétacées (dolomies, calcaires, marnes) et s’inscrit dans une cuvette de terrains sédimentaires allant du Gargasien‑Albien inférieur à l’Albien supérieur ; des tronçons fossiles de la cavité, répartis sur 200 mètres de dénivellation, témoignent des phases de surrection et de désaffaissement du système. La grotte‑tunnel abrite une rivière hypogée drainant un bassin d’environ 6 km2 soumis à plus de 1 000 mm de précipitations annuelles ; les eaux ressortent notamment à la résurgence de l’Echourdidet (ou résurgence de l’Ayguette), sur la commune d’Esparros. Le toponyme « Laspugue » dérive de l’occitan spugue/spélugue et du latin spelunca, désignant une grotte fortifiée, terme retrouvé dans d’autres noms de cavités régionales. Les grottes se trouvent à environ 500 mètres à l’ouest‑sud‑ouest du village, à quelque 25 km à l’est de Bagnères‑de‑Bigorre, et sont traversées par le sentier de grande randonnée de pays Tour des Baronnies de Bigorre.  
La grotte principale, ouverte au pied d’une grande falaise au fond d’un entonnoir d’éboulis, débouche sur un gouffre aujourd’hui colmaté ; elle s’étend sur plus de 500 mètres. À 190 mètres de l’entrée, un diverticule orienté au nord s’ouvre sur la droite de la galerie principale, se rétrécit en une chatière puis reprend sa largeur avant de se terminer quelques mètres plus loin par un puits plongeant vers l’étage inférieur ; des gravures présentes jusqu’au fond témoignent d’une fréquentation jusque dans ces secteurs. La grotte ornée est célèbre pour son grand cheval polychrome et pour la richesse de son art pariétal, qui comprend gravures et peintures représentant chevaux, bisons, bouquetins, rennes, ainsi qu’une figure humaine et une tête de félin ; de nombreuses plaquettes gravées et contours découpés représentant des têtes de bouquetin y ont aussi été retrouvés. Le mobilier attribué au Magdalénien IV a été confirmé par Henri Breuil, et des tessons d’âge du Bronze et du second âge du Fer proviennent de l’entrée ; au moins quatorze inhumations, dont trois enfants, ont été mises au jour dans les 190 premiers mètres, sous la forme de dépôts de corps, d’une incinération partielle et d’une crémation in situ.  
La grotte a été connue des habitants et explorée depuis la fin du XIXe siècle, étudiée notamment par Armand Viré, Norbert Casteret — qui reconnut des figures pariétales en 1932 — et par les familles Simonnet, ainsi que par Henri Begouën et André Glory. Elle est inscrite au titre des monuments historiques le 3 août 1983. Des lames de silex provenant du site, comprenant des exemplaires de plein débitage et des lames retouchées sur deux bords, sont conservées au Muséum de Toulouse. Vers 1950, G. Simonnet découvrit une lampe composée d’un fragment de stalagmite naturel, très calcitée, mesurant 104,5 × 71 mm pour une épaisseur de 30 à 32 mm ; elle comporte deux cuvettes reliées et porte d’abondantes traces de carbonisation et de rubéfaction indiquant son usage comme luminaire. L’analyse des résidus charbonneux par le laboratoire du bois de Zurich n’a révélé aucune structure fibreuse, ce qui suggère l’emploi d’une mèche végétale non ligneuse, vraisemblablement des lichens ou des mousses ; la lampe provient d’une zone obscure située à 200 mètres de l’entrée, juste avant la chatière, et figure dans la collection Simonnet.  
Un foyer en grotte profonde a été signalé dans la cavité, ce qui rejoint l’observation que les grottes pyrénéennes contiennent de nombreuses aires de combustion ; la position et l’état de la cuvette associée à la lampe laissent supposer que celle‑ci a pu être préchauffée dans un foyer ou abandonnée après usage à proximité ou dans les braises. Enfin, un diverticule contenant des niches et des points rouges comporte une niche en forme de « trône » faisant face à un panneau aux lions et présentant une forte résonance acoustique ; des études montrent une forte concordance entre images et lieux de résonance marqués par des points rouges, et l’usage de la voix — voire d’expressions musicales — est probable dans ces espaces, qui ont pu servir à des pratiques rituelles associées aux représentations. La grotte de la Perte a par ailleurs servi de décor au film Le Pacte des loups (2001).