Origine et histoire
La grotte Bayol, dite aussi grotte des Colonnes, est située sur la commune de Collias (Gard), en Occitanie. Elle se trouve à moins de 2 km à vol d'oiseau au sud-est du village, dans la combe de l'Ermitage, au lieu-dit Les Costelles, et domine d'environ 80 m le lit d'un petit cours d'eau saisonnier, à une altitude estimée entre 100 et 150 m. Sa longueur totale est de 168 m. Découverte en novembre 1927 par l'abbé Jean-Frédéric Bayol (1870-1952), elle est l'une des cinq grottes ornées connues dans le département du Gard. Elle contient des peintures non datées que des auteurs anciens ont attribuées à l'Aurignacien. L'abbé Bayol n'a trouvé dans l'entrée que quelques rares silex d'époque moustérienne et de nombreux ossements de bouquetins ; le mobilier est conservé au Muséum de Nîmes. Trois peintures utilisent des reliefs naturels de la roche, procédé courant dans le dessin préhistorique. Dans le couloir d'entrée, on observe un bouquetin dessiné en entier, remarquable par des rayures transversales sur le ventre ; ce même couloir comporte également une petite tête de capridé, une esquisse indéterminée (félidé ou bouquetin) et divers signes en rouge. La salle suivante présente des dessins exécutés en noir, souvent recouverts de concrétions, parmi lesquels une esquisse de proboscidien (mammouth ?) et peut-être un arrière-train de bison. Dans une salle plus vaste, une figure interprétée comme une tête de poisson ou de serpent utilise une excroissance rocheuse pour l'œil et un relief naturel pour le dos. On y trouve aussi une petite figure d'ours avec les membres postérieurs représentés en perspective frontale, surmontée d'une figure indéterminée, de facture grossière, en ocre jaune. Sur le même côté, une représentation de cervidé exploite des accidents de la roche pour les membres antérieurs, la tête et les bois ; le corps est orienté vers la gauche tandis que la tête est vue quasi de face, les membres postérieurs n'étant pas dessinés si ce n'est une ligne pour le dos et la queue et de petites retouches pour les yeux et quelques andouillers. Le panneau de gauche de cette salle comprend cinq mains positives, gauches et droites, réalisées par impression directe avec de l'ocre jaune, une tête de cheval tracée au trait noir tirant parti des reliefs naturels pour le chanfrein et le garrot, ainsi que l'évocation à peine esquissée d'un félin en brun-rouge dont la tête est en partie voilée par une coulée de calcite. Ce panneau contient également deux ébauches indéterminées, dont l'une en ocre jaune suggérant une tête de bovidé tournée vers la gauche. L'abbé Bayol signale des signes rouges en forme de C ou de O que Drouot n'a pas retrouvés, et l'on relève aussi des figures géométriques simples (lignes, angles). Des traces noires ont été attribuées par certains à des frottis de torches, mais certains groupes forment des motifs complexes qui semblent répondre à une autre finalité. L'ensemble des peintures est réalisé en tracés linéaires : aucune figure n'est remplie, seules des silhouettes sont évoquées par des contours simples, plus souvent en rouge qu'en noir. Ces représentations se rattachent à l'aurignaco-périgordien et, après les grottes à gravures des gisements proto-aurignaciens ardéchois, constituent parmi les plus représentatives de l'art pariétal du Languedoc dans les départements de l'Ardèche, de l'Hérault et du Gard. Les vestiges fauniques mis au jour comprennent le renne, le cerf, le bouquetin, le cheval, le bœuf, le castor, la panthère, le lion et l'ours. La grotte est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 24 août 1931. L'entrée ayant été agrandie pour les besoins de l'exploration, l'humidité accrue à l'intérieur a gravement attaqué les peintures proches de l'accès.