Origine et histoire
La grotte du Mas-d'Azil est une cavité préhistorique située sur la commune du Mas-d'Azil, dans le département de l'Ariège, en région Occitanie. Traversée par la rivière Arize et par la route départementale D119, elle figure parmi les rares grottes d'Europe que l'on peut franchir en voiture. Occupée à diverses époques préhistoriques et historiques, elle a donné son nom à la culture azilienne. La cavité s'ouvre en rive droite de l'Arize, à un kilomètre au sud du village, dans l'ouest du département ; Saint-Girons se trouve à 25 km au sud-ouest, Pamiers à 29 km à l'est et Foix à 30 km au sud-est. Elle appartient au massif du Plantaurel, proche du massif de l'Arize qui commence à environ 3 km au sud. Le réseau se développe sur 2 100 mètres ; la « Porte de l'Arize » marque l'entrée sud par un porche de 51 mètres de haut et 48 mètres de large. Une partie de la grotte forme un tunnel naturel long de 420 mètres et d'une largeur moyenne de 50 mètres, emprunté par la route sur 410 mètres ; la construction de cette voie a d'ailleurs entraîné la découverte d'indices archéologiques. La cavité s'ouvre dans des calcaires du Thanétien supérieur et la limite Crétacé‑Tertiaire y est visible ; l'Arize a façonné la grotte par érosion et creusement des marnes, entraînant la formation et l'évolution du réseau karstique. Selon les phases climatiques du Quaternaire, la rivière a comblé puis redégagé différentes galeries, ce qui a conditionné l'occupation humaine par des groupes aurignaciens et magdaléniens. Les premières transformations du site remontent au milieu du XIXe siècle, lors de l'aménagement d'une route impériale qui provoqua le déplacement massif de sédiments et la mise au jour de vestiges. L'abbé Jean-Jacques Pouech étudia la cavité pendant près de quarante ans et en réalisa la topographie la plus fidèle, travail repris plus tard par d'autres chercheurs. Au tournant du XXe siècle et au cours du siècle suivant, de nombreuses campagnes ont documenté la paléontologie, la géologie, l'art pariétal et les occupations humaines : Édouard Piette, Henri Breuil, les époux Péquart, Joseph Mandement, André Alteirac et d'autres chercheurs ont effectué des fouilles et mis au jour des habitats et des objets remarquables. Parmi les découvertes figurent le propulseur dit « Faon aux oiseaux », des scènes gravées et sculptées, ainsi que de riches assemblages magdaléniens et aziliens ; lors de travaux récents et d'une fouille préventive menée par l'Inrap lors de l'aménagement d'un centre d'interprétation, des habitats aurignaciens ont été identifiés. Depuis 2013, une équipe pluridisciplinaire coordonnée par des chercheurs de l'Inrap et de l'université réalise un état des lieux et développe des axes de recherche en cartographie, géologie, archéologie et morpho‑karstique. La grotte renferme d'abondants restes fauniques (mammouths, ours des cavernes, rhinocéros laineux) et de nombreux vestiges humains et mobiliers : propulseurs, sculptures, harpons, éléments d'industrie osseuse et lithique, galets peints et gravés. Les parois comportent plusieurs secteurs ornés, notamment la salle Breuil (bisons, chevaux, cervidés, poissons, signes géométriques et un animal éventuellement félin), la galerie du Renne (nombreuses gravures superposées) et la salle du Four (représentations de cheval, bouquetin et un visage sur un contour naturel), ainsi qu'un boyau comportant une vulve gravée. Le site a donné son nom à l'Azilien, culture épipaléolithique caractérisée notamment par une industrie microlithique, des harpons plats et des galets peints d'ocre. Aux abords, des dolmens néolithiques et des poteries témoignent d'occupations postérieures. De nombreux objets découverts dans la grotte sont conservés dans des collections régionales et nationales, notamment au Muséum de Toulouse et au Musée d'Archéologie nationale. Sur le plan historique, la cavité a servi de lieu de prière aux premiers chrétiens, offert un refuge possible aux cathares et abrité des protestants au XVIIe siècle lors d'un siège ; des aménagements furent envisagés et partiellement exécutés pendant la Seconde Guerre mondiale, puis interrompus. Depuis 1997, le site accueille une manche du championnat européen de tir aux armes préhistoriques. Classée au titre des monuments historiques en 1942, la grotte et ses abords bénéficient également de la protection liée à l'établissement du parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises. La plupart des vestiges présents sont considérés comme enfouis dans le remblai à l'entrée ; un espace d'habitat préhistorique est accessible dans les parties supérieures des galeries, hors de portée des crues, et un musée de la Préhistoire dans le bourg complète la visite. La grotte a par ailleurs été franchie par le Tour de France lors des étapes de 2010 et 2018.