Grotte du Pech Merle à Cabrerets dans le Lot

Patrimoine classé Vestiges préhistoriques Grotte Grotte ornée

Grotte du Pech Merle à Cabrerets

  • Pech Merle
  • 46330 Cabrerets
Grotte du Pech Merle à Cabrerets
Grotte du Pech Merle à Cabrerets
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Grotte du Pech Merle à Cabrerets
Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

Préhistoire

Patrimoine classé

Grotte de Pech-Merle, comprenant sols et galeries ornées de dessins préhistoriques : classement par arrêté du 17 février 1951

Origine et histoire de la Grotte du Pech Merle

La grotte du Pech‑Merle, située à Cabrerets (Lot, Occitanie), s'ouvre dans un pech dominant les vallées de la Sagne et du Célé, en Quercy. Grotte ornée majeure, elle a livré des peintures pariétales datées du Gravettien au Magdalénien. La cavité était connue des habitants et la tradition locale rapporte qu'un prêtre réfractaire s'y cachait pendant la Révolution française. La salle dite Rouge, du fait de ses concrétions teintes, a été découverte en 1915 par Henri Redon et son cousin Touzery. Le 15 février 1920, l'abbé Amédée Lemozi et plusieurs enfants explorateurs n'y trouvèrent que des ossements d'animaux contemporains. En avril 1922, André David et Henri Dutertre dégagèrent un boyau d'argile qui conduisit à la salle Blanche; Lemozi et Pierre Colonge manquèrent de se perdre lors d'une visite ultérieure faute d'éclairage adéquat. Le 4 septembre 1922, André et Marthe David avec Henri Dutertre découvrirent les salles préhistoriques ; Lemozi réalisa alors un relevé topographique complet aidé d'André David. Dès 1929 Lemozi soupçonna la présence de galeries dissimulées par un éboulis près de la nouvelle entrée, et en octobre 1949 André David perça cet éboulis pour mettre au jour le réseau du Combel. La grotte a ensuite fait l'objet d'études approfondies, notamment par André Leroi‑Gourhan et Michel Lorblanchet.

Le 26 juillet 1923, Jean Lebaudy et Mlle de Gouvion‑Saint‑Cyr, propriétaires du château de Cabrerets, acquirent la grotte et financèrent l'aménagement d'un tunnel d'accès, de galeries et d'une route, permettant l'ouverture au public en juillet 1924. Des problèmes d'exploitation liés au contrat avec les époux David entraînèrent la création, le 26 juillet 1946, d'une société mixte dénommée Musée et Grottes de Cabrerets, mais les difficultés financières et les désaccords avec André David aboutirent finalement à la cession de la grotte à la municipalité de Cabrerets le 29 janvier 1950 pour 30 000 francs, somme prise en charge par Jean Lebaudy.

La cavité présente un développement proche de deux kilomètres, dont environ 1 200 mètres sont accessibles aux visiteurs. Elle comporte deux étages de galeries communiquant par des puits et des boyaux en pente, situés quelque cent mètres au‑dessus des rivières Sagne et Célé. Ces galeries se sont d'abord creusées en régime noyé il y a près de deux millions d'années, puis ont été partiellement vidangées ; des concrétions calcaires se sont développées ensuite, des puits de soutirage ont provoqué des effondrements de planchers où s'étaient formées des stalagmites, puis de nouvelles cristallisations comme des oolithes et de grands disques sont apparues, antérieures aux dessins préhistoriques. Les galeries sont principalement sèches, larges en moyenne de dix mètres, avec une hauteur sous voûte comprise entre cinq et dix mètres.

On observe encore des traces d'occupation animale, notamment des bauges et des griffades d'ours des cavernes, et l'ensemble comporte sept cavités dont deux seulement ont été fréquentées par des hommes préhistoriques. Le sol a conservé des témoins humains : douze empreintes de pas d'un adolescent fossilisées par calcification dans le fond d'un gour asséché, trois outils de silex (un burin, une lame et un galet), quelques charbons de bois et des débris d'omoplate de renne, et Michel Lorblanchet estime que la grotte n'a pas été un habitat mais a été fréquentée de manière épisodique. L'entrée naturelle fut comblée à la fin de la glaciation de Würm ; l'accès actuel pour les visiteurs s'effectue par une galerie artificielle creusée en 1923.

L'art pariétal comprend environ 700 motifs peints ou gravés : 69 figurations animales, 13 figurations humaines ou para‑humaines et quelque 595 signes abstraits, parmi lesquels dominent de très nombreuses ponctuations rouges ou noires, des motifs géométriques et des bâtonnets ; on y trouve aussi des mains négatives et des mains « essuyées ». Les animaux représentés incluent 25 mammouths, 13 bisons, neuf chevaux, sept aurochs, quatre cervidés dont un Megaloceros, deux bouquetins, deux poissons (dont un douteux), un félin, un ours et cinq animaux imaginaires.

La frise dite « de la frise noire » ou chapelle des mammouths réunit onze mammouths, cinq bisons, quatre chevaux, quatre aurochs et un ensemble de ponctuations rouges ; l'exécution révèle une composition spiralée commencée par un grand cheval entouré de bisons puis de mammouths et enfin surchargée par des aurochs, et les dessins noirs, réalisés au charbon de bois, ont été attribués au Magdalénien ancien. Le panneau des chevaux ponctués, réalisé sur la face d'un bloc de 3,6 m sur 1,65 m, associe deux chevaux adossés, un grand poisson finement tracé en rouge, l'encolure d'un troisième cheval en rouge, six mains négatives noires, sept empreintes de pouces repliés rouges, un cercle entourant un ovale rouges et 252 signes de ponctuation (28 rouges et le reste noirs) ; l'analyse des pigments noirs employés pour les chevaux montre la présence d'oxydes de manganèse et de baryum ainsi que du charbon de bois. La datation au radiocarbone d'un cheval de ce panneau, réalisée par le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement de Gif‑sur‑Yvette, a donné 24 640 ± 390 ans avant le présent (AP), résultat interprété comme relevant du Gravettien récent dans le sud‑ouest de la France et compatible avec la présence des mains négatives.

Michel Lorblanchet distingue trois phases artistiques : une phase archaïque illustrée par le Combel, les chevaux ponctués et les premiers tracés digitaux (vers 25 000–24 000 ans AP), une phase moyenne centrée sur la frise noire et les figurations noires, et une phase récente représentée par les gravures rattachées au Magdalénien (vers 14 000–13 000 ans AP), et les analyses polliniques confirment trois passages de fréquentation séparés par de longues périodes d'abandon. Parmi les autres ensembles, le panneau des « hiéroglyphes » rassemble des tracés digitaux entrelacés sur près de 40 m² du plafond, avec treize figures de mammouths et des silhouettes féminines seins pendants, la galerie du Combel, non visitable, comporte des ponctuations rouges, des chevaux, une lionne et des animaux fantastiques appelés antilopes dont des photographies sont visibles au musée, et le panneau dit « des femmes‑bisons » regroupe huit silhouettes que Leroi‑Gourhan analysa comme des permutations entre formes féminines et traits de bison tandis que Lorblanchet les considère comme des femmes stylisées sans exclure une assimilation animale. Le dessin du « homme blessé » est un schéma rouge représentant un homme à tête allongée entouré de quatre traits et relié à un double signe tectiforme.

En 1990, Michel Lorblanchet a reproduit le panneau des chevaux à la grotte des Bugadous en appliquant du charbon et de la poudre d'ocre rouge mâchée et mêlée à la salive, soufflée en pochoir à l'aide des mains et retouchée au charbon de genevrier ; il n'utilisa pas les oxydes de manganèse et de baryum en raison de leur toxicité, et la description de cette expérimentation a été publiée en 1998.

La grotte est classée au titre des monuments historiques depuis le 17 février 1951. Pech‑Merle demeure l'une des rares grandes grottes ornées paléolithiques ouvertes au public ; pour limiter les risques d'altération, le nombre de visiteurs est, en juillet‑août, plafonné à 700 personnes par jour et chaque groupe est limité à 25 visiteurs, tandis que peintures et gravures sont protégées par un grillage. Le musée de préhistoire Amédée‑Lemozi, labellisé Musée de France, complète la visite avec deux collections permanentes, une salle de projection et des expositions temporaires, et en 2017 la grotte a accueilli 80 195 visiteurs.

Description

Assez vaste, la grotte s'étend sur près deux kilomètres mais seulement 1 200 m de galeries et de salles sont actuellement accessibles aux visiteurs.

Liens externes

Conditions de visite

  • Conditions de visite : Ouvert toute l'année
  • Ouverture : Horaires, jours et tarifs sur le site officiel ci-dessus