Grotte du Portel à Loubens dans l'Ariège

Patrimoine classé Vestiges préhistoriques Grotte Grotte ornée

Grotte du Portel à Loubens

  • D11
  • 09120 Loubens
Propriété privée

Période

Paléolithique supérieur

Patrimoine classé

Grotte ornée du Portel (cad. B 957 à 959, 1160 à 1165) : classement par arrêté du 24 février 1969

Origine et histoire de la Grotte du Portel

La grotte du Portel, aussi nommée grotte de Campagna ou de la Caire, est une cavité ornée préhistorique située sur la commune de Loubens, en Ariège, et intégrée au système karstique du massif du Plantaurel, au piémont des Pyrénées. Elle se compose de deux secteurs d'occupation distincts : le secteur central et sud‑est dit Portel-Est, reconnu comme grotte ornée, dont la principale période d'occupation est le Magdalénien moyen, et le secteur ouest, dit Portel-Ouest, dont la séquence stratigraphique contient du Moustérien, du Châtelperronien et du Gravettien. La grotte est classée au titre des monuments historiques par un arrêté du 24 février 1969 et n'est pas ouverte au public. Le nom de la grotte varie selon les sources ; elle est parfois appelée « grotte de Crampagna », bien que le mont de Crampagna situé en aval n'ait pas de lien direct avec la cavité, et on retrouve aussi localement les toponymes chaîne de la Quière et la Caire. Située à environ neuf kilomètres au nord‑ouest de Foix, la cavité s'ouvre vers le sud au lieu‑dit Pas du Portel, à proximité de la limite communale avec Baulou et à quelque 300 mètres à l'est de la ferme du Cournet ; le petit col du Pas du Portel est une cluse fossile creusée par le ruisseau de Carol, qui coule aujourd'hui sensiblement en contrebas. Géologiquement, la grotte appartient au piémont pyrénéen et se situe à proximité de la grande faille frontale nord‑pyrénéenne ; localement les couches sont ordonnées en bandes parallèles et la crête de la Quière est formée de calcaires à millioles du Thanétien inférieur, avec des intercalations de calcaires micritiques lacustres. Le ruisseau de Carol s'infiltre dans ces formations, disparaît puis réapparaît en aval en devenant le ruisseau de Loubens avant de rejoindre l'Ariège, et la cavité se trouve à l'interface de deux grandes masses d'eau souterraines régionales. L'érosion liée au soulèvement quaternaire a favorisé l'infiltration du ruisseau dans le calcaire thanétien et la formation du réseau supérieur de la grotte. Découverte le 6 mars 1908 par le Dr R. Jeannel et G. Fauveau sur des terres de la famille Vézian, la cavité a fait l'objet des premiers relevés par Henri Breuil et a été étudiée et protégée par plusieurs générations des Vézian ; les fouilles menées par cette famille se distinguent par la rigueur de leur documentation. Un programme pluriannuel engagé en 2019 par le Centre européen de Tautavel et le Muséum national d'histoire naturelle vise à mieux connaître l'occupation néandertalienne du secteur Ouest. La cavité se développe selon un axe sud‑est/nord‑ouest et comprend deux étages, le ruisseau circulant dans l'étage inférieur ; les deux unités principales sont situées dans le réseau supérieur : la grotte ornée du Portel à l'est et Portel-Ouest à l'ouest. Le secteur orn é, ou Portel-Est, occupe l'essentiel de la longueur du réseau supérieur et regroupe la plupart des œuvres pariétales. Les peintures et gravures, dominées par le Magdalénien, comptent 138 figures répertoriées, et des éléments plus anciens attribués à l'Aurignacien ont également été signalés. Depuis l'entrée Est, la galerie Joseph Vézian conduit vers la galerie Jeannel et la Grande salle, puis débouche sur trois galeries principales — Jammes, Breuil (ou galerie des Bisons) qui comprend la niche du Camarin, et Régnault (ou galerie des Chevaux) — la niche du Camarin concentrant une représentation exceptionnelle des espèces figurées dans la grotte. Les fouilles à Portel-Est ont livré 810 pièces lithiques réparties sur trois gisements magdaléniens, ainsi qu'une industrie osseuse magdalénienne bien conservée. Des études d'archéoacoustique menées dans les années 1980 ont cartographié les résonances de la grotte et établi une corrélation marquée entre les images pariétales et des lieux à qualités acoustiques particulières : la plupart des images se situent dans des lieux sonores ou à leur proximité, ces lieux sont souvent marqués et ornés, et certaines figures semblent placées en fonction de la qualité sonore du site. À titre d'exemple, la niche du Camarin produit des résonances graves amplifiant les sons, et le panneau des Chevaux à l'extrémité de la galerie Régnault résonne sur une grande longueur de galeries. Le secteur Portel-Ouest, situé à l'extrémité occidentale de la galerie Jammes et séparé par une étroiture, correspond à une ancienne entrée d'écoulement d'eau nommée Cap del Saut ; cette petite cavité a commencé à se combler aux alentours de 135 000 ans avant le présent. Une industrie moustérienne y a été reconnue dès 1946, associée à des restes fauniques et à une industrie lithique sur quartz ; la couche F2 a livré des restes néandertaliens attribués à un enfant de neuf à onze ans, datés par uranium‑thorium à 38 000 ± 6 000 ans, et deux phases d'occupation moustérienne ont été distinguées autour de 44 000 et 39 000 ans avant le présent. Les couches C, D, F2, F3 et G sont particulièrement riches en restes fauniques, la couche F2 étant la plus pourvoyeuse ; cheval et renne dominent la faune, accompagnés de cerf, bovidés, renard (dont le renard des neiges), et en moindre quantité de loup, ours, blaireau, putois, lion, chevreuil, chamois, bouquetin et mégacéros, tandis que des hyènes ont également occupé la cavité à certaines périodes. Le site, protégé au titre des monuments historiques, se situe par ailleurs dans le périmètre du parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises.

Liens externes