Grotte du Vallonet à Roquebrune-Cap-Martin dans les Alpes-Maritimes

Grotte du Vallonet

  • 06190 Roquebrune-Cap-Martin
Grotte du Vallonet
Grotte du Vallonet
Grotte du Vallonet
Grotte du Vallonet
Propriété de l'Etat

Période

Paléolithique supérieur

Patrimoine classé

La parcelle AL 6, lieudit Lascasa, sur laquelle s'ouvre la grotte, en totalité : classement par arrêté du 28 avril 2004

Origine et histoire

Cavité d’origine karstique, la grotte du Vallonnet présente plusieurs diverticules contenant des remplissages continentaux et constitue un gisement majeur pour la connaissance de la faune épi‑villafranchienne et de l’industrie lithique associée. Située à Roquebrune‑Cap‑Martin, entre Monaco et Menton, elle a été découverte en 1958 par Marianne Van Klaveren, âgée de huit ans, qui montra des fragments de calcite à René Pascal; l’entrée fut ensuite signalée à plusieurs personnes, dont l’historien Louis Barral. Les premières fouilles systématiques ont débuté en 1962 sous la direction d’Henry de Lumley, puis furent poursuivies par Pierre‑Elie Moullé. La grotte s’ouvre à 110 mètres d’altitude sur le flanc d’un ravin parcouru par le ruisseau du Vallonnet et s’inscrit dans un massif de roches dolomitiques et calcitiques du Jurassique, recouvert d’un poudingue miocène. L’accès, étroit et bas, conduit par un couloir de cinq mètres à une salle d’environ quatre mètres de haut. Les fouilles ont mis en évidence une stratigraphie en cinq unités sédimentaires distinctes. La couche I, la plus profonde, est un sol de stalagmites dont l’âge possible est estimé entre 1,4 et 1,37 million d’années ; les pollens y indiquent un paysage boisé dominé par les platanes. La couche II, composée de sable marin mêlé à coquillages et arêtes de poisson et datée de plus de 1,05 million d’années, témoigne d’une influence marine tropicale ou subtropicale et de paysages dominés par des forêts de pins sous un climat relativement chaud aux hivers doux. La couche III, la plus épaisse (1,5 m), est formée de sable mêlé de pierres et de blocs de poudingue tombés du plafond ; elle contient de nombreux ossements d’animaux apportés soit par l’homme soit par carnivores, et des pollens indiquant un climat plus sec dominé par les chênes blancs; à l’échelle du site, l’érosion a creusé l’entrée vers un million d’années, ne laissant des sédiments que dans la partie la plus reculée de la salle. La couche IV, faite de débris de stalagmites, a été datée par résonance paramagnétique électronique entre 900 000 et 890 000 ans; ses pollens traduisent un climat plus humide et plus frais. La couche V, la plus superficielle, comprend des lits de sables déposés lors de périodes humides successives. La couche III livre les informations les plus riches sur les activités humaines : ossements, restes fauniques et 111 outils lithiques de type oldowayen. La datation paléomagnétique place la couche III dans la période Jaramillo, ce qui correspond à un âge voisin d’un million d’années, et une datation uranium‑plomb des calcites encadrant les vestiges a donné des âges de 1,2 et 1,1 Ma pour la calcite, conduisant à un âge moyen d’environ 1,15 Ma pour les outils, faisant du Vallonnet l’un des sites préhistoriques les plus anciens de France. La grotte a vraisemblablement servi de repaire à de grands carnivores — ours des cavernes, panthère, tigre à dents de sabre, hyène des cavernes — qui y apportaient des carcasses d’herbivores tels que cerfs, bisons, petits bovidés, rhinocéros, chevaux et sangliers; les humains ont utilisé l’abri après le départ de ces prédateurs. Au total, les fouilles ont livré des restes de vingt‑cinq espèces de mammifères propres au Pléistocène inférieur, parmi lesquelles Panthera gombaszoegensis, Acinonyx pardinensis et Mammuthus meridionalis ; d’autres espèces, comme Canis mosbachensis, Alopex praeglacialis et Lynx spelaea, sont attribuées au Pléistocène moyen. Les 111 outils de la couche III sont majoritairement en calcaire, plus rarement en grès, et plus rarement encore en quartz ou silex; les pièces de percussion, ou de martèlement, dominent, il s’agit principalement d’outils de découpe de facture sommaire et sans retouche. Des traces sur un fémur de bison et sur d’autres os montrent que certains d’entre eux ont été fracturés par des outils pour en extraire la moelle, tandis que la plupart des os présentent des cassures liées au rongement par des carnivores, ce qui suggère un comportement charognard des premiers visiteurs humains. Aucune trace d’usage du feu ni d’occupation durable n’a été observée. La grotte du Vallonnet est protégée au titre des monuments historiques par arrêté du 28 avril 2004.

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