Origine et histoire
La grotte du Visage, autrefois appelée grotte de Vilhonneur et parfois désignée aven du Charnier ou cro du Charnier, est une grotte ornée située sur le territoire de l’ancienne commune de Vilhonneur, aujourd’hui intégrée à Moulins‑sur‑Tardoire en Charente, région Nouvelle‑Aquitaine. Elle a été rebaptisée « grotte du Visage » pour éviter la confusion avec la grotte du Placard et en référence à une peinture pariétale représentant un visage stylisé inscrit dans une concrétion naturelle et évoquant une tête coiffée. La cavité se trouve dans le bois de Vilhonneur, à proximité d’une fosse connue localement sous le nom d’aven du Charnier.
En décembre 2005, après environ deux années de travaux de désobstruction autorisés par le propriétaire, un groupe de spéléologues charentais a pénétré dans la cavité ; ce groupe réunissait notamment Dominique Augier, Bruno Delage, André Louis, Joël Louis, Jean‑Michel Rainaud et Pierre Vauvillier, assistés ponctuellement par Alain Binet, Gérard Boudault, Pierre Groulade, Arnaud Louis, André Terrade et Gérard Jourdy. Le 1er décembre 2005, les explorateurs découvrent des ossements ; le lendemain, Gérard Jourdy revient seul et identifie sur les parois le visage qui donnera plus tard son nom à la grotte. La découverte a été rendue publique en février 2006 par le ministère de la Culture et de la Communication. La Fédération française de spéléologie a ensuite exclu Gérard Jourdy pour des faits qui lui auraient permis d’en retirer un profit personnel, décision prise par sa commission disciplinaire.
La grotte a livré, en plus d’ossements humains et animaux, des œuvres pariétales initialement attribuées au Paléolithique supérieur et plus précisément au Gravettien sur la base de comparaisons stylistiques, ce qui les place antérieurement aux œuvres de Lascaux. Les peintures et signes comprennent un visage peint, des ponctuations et des traits, ainsi qu’une très belle main négative droite en pigment noir dont le pouce présente un possible dédoublement. Les artistes ont exploité le relief naturel de la paroi pour positionner leurs figures et faire ressortir certains éléments, ce qui suggère des représentations probables d’animaux archaïques tels qu’équidé, félin, ours ou renne. Ces découvertes complètent les connaissances sur cette période, même si elles ne sont pas présentées comme aussi spectaculaires que celles d’autres grottes ornées.
Les vestiges osseux comprennent des restes humains découverts au milieu d’un éboulis dans la salle proche du visage et un crâne intact, privé de sa mandibule, trouvé dans une petite cavité à l’extrémité d’un boyau accessible depuis cette salle ; l’emplacement et le positionnement du crâne laissent penser à un dépôt intentionnel, sans qu’il soit établi s’il appartenait au même individu que les autres ossements. Cinq squelettes de hyènes en connexion anatomique ont également été mis au jour dans une salle voisine et semblent antérieurs aux peintures. Des datations au carbone 14 estiment l’âge des ossements humains à environ 27 000 ans et celui des hyènes à environ 28 000 ans, ce qui rend vraisemblable une contemporanéité entre les ossements et les peintures ; la marge d’erreur des analyses laisse toutefois ouverte l’hypothèse d’un lieu de sépulture rituel pour un personnage particulier. Une association similaire entre œuvres gravettiennes et ossements humains a été observée dans la grotte de Cussac, en Dordogne.
Le site est privé et protégé ; son accès est restreint et limité à quelques visites annuelles en très petit nombre, organisées par le propriétaire.