Origine et histoire de la Grotte de la Tête du Lion
La grotte de la Tête du Lion est une grotte ornée située à Bidon, dans le sud de l'Ardèche, comportant des peintures pariétales attribuées à une période comprise entre le Gravettien et le Solutréen. Elle a été découverte début mars 1963 lors d'un tir de mine sur le chantier de la départementale D290 ; les spéléologues Robert Brun et Michel Pagès l'ont explorée à partir du 15 mars et mis au jour un panneau mural portant des figures pariétales. La grotte a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 15 juin 1964, et le tracé de la route a été modifié pour préserver la barre rocheuse qui la contient. Des fouilles ont été menées près de l'entrée en 1972 et 1973; l'étude de la cavité a repris en 2009 pour préciser sa datation, puis en 2022 afin d'aborder la question de l'accès à la grotte dans le contexte paléolithique. La commune de Bidon est propriétaire de la grotte, qui n'est pas ouverte au public. Le nom provient du Roc-de-la-Tête-du-Lion, appellation moderne donnée par les bateliers effectuant la descente touristique des gorges de l'Ardèche. Située à 165 m d'altitude sur la rive gauche de l'Ardèche, en retrait des gorges et au pied du massif du Colombier, la grotte a été reconnue sur 70 m de longueur et comporte trois parties séparées par des rétrécissements : une courte galerie avec quelques traces de peinture rouge, une petite salle centrale dite « la Rotonde » où se trouvent les peintures dans une abside latérale, et un long boyau terminal qui ne présente aucune trace de fréquentation préhistorique et qui n'a été rendu accessible qu'en 1973 après désobstruction d'une chatière. Dès les premières études, la question de l'accès paléolithique s'est posée : il semble que la grotte n'était accessible que par une étroite chatière, détruite lors du tir de mine de 1963, les sondages n'ayant révélé aucun puits d'accès, ce qui rendait l'entrée très difficile. Les parois ne montrent pas de délitage cryoclastique et aucun reste osseux d'animaux introduits naturellement n'a été découvert. En dehors de quelques traces effacées, d'un point rouge et de deux traits gravés proches de l'entrée, les représentations figurées se concentrent dans l'abside de la Rotonde. Le panneau principal réunit une représentation d'un bovidé peint à l'ocre rouge, deux têtes de bouquetins et plusieurs groupes de points. Le bovidé, probablement une femelle du type Bos primigenius, est tourné vers la gauche ; la tête est étroite, les cornes sont rendues en perspective semi-frontale, les pattes antérieures figurées en perspective et les pattes postérieures partiellement recouvertes par une coulée d'argile. Deux têtes de bouquetin mâles, peintes en rouge et à fortes encornures, sont associées au boviné, l'une devant le poitrail et l'autre sous le ventre. Au-dessus du bovidé se trouve un groupe rectangulaire de dix-sept points jaune-vert, un second groupe de sept points similaires est placé sur le flanc, et une série oblique de quatre points rouges plus un cinquième isolé complète l'ensemble. À 0,60 m à gauche de ce panneau, une représentation incomplète d'un cerf en ocre rouge, tournée vers le bovidé, est visible; quelques traces d'ocre rouge et deux ponctuations ovales subsistent également dans l'abside en direction de l'entrée. Le niveau d'occupation principal se situe à environ 30 cm sous la surface actuelle ; des charbons de bois, vraisemblablement issus de torches liées aux peintures et retrouvés dans la même couche que des traces d'ocre, ont été datés par le radiocarbone. Une datation réalisée en 1972 a donné 21 650 ± 800 BP (environ 19 700 av. J.-C.), ce qui correspondrait au Gravettien récent ou au Solutréen ancien ; une datation de 2009 sur un charbon a fourni 22 120 ± 150 BP (environ 26 020 av. J.-C.), résultat comparable à la datation de 1973.