Origine et histoire
Située au fond de la vallée de la Grande Rivière, à Vieux-Habitants sur Basse-Terre (Guadeloupe), l’habitation La Grivelière forme un ensemble agricole exceptionnel, bien conservé et inscrit aux monuments historiques depuis 1987. Fondée par des moines jacobins à la fin du XVIIe siècle sous le nom de Manufacture Saint-Joseph, la propriété a été exploitée par les religieux jusqu’en 1761. À partir du milieu du XVIIIe siècle, le domaine s’est développé par parcelles et les parties les plus anciennes des bâtiments datent de la fin du XVIIIe siècle ; c’est alors qu’une bonifierie fut établie. Acquise au XIXe siècle par Auguste-Alexandre Perriolat, elle prit le nom de La Grivelière et fut exploitée pour le roucou et le cacao. Vers 1860 l’habitation fonctionna comme rocouerie et cacaoyère ; elle retrouva sa vocation caféière au début du XXe siècle. Rachetée en 1919 par François Pagésy, la plantation s’étendait en 1978 sur 90 hectares cultivés pour moitié en café et en cacao, avec aussi de la vanille, et l’exploitation a perduré jusqu’au début des années 1980. Après une interruption au tournant des années 1980, le site a été classé puis acquis par le conseil général de la Guadeloupe, qui l’a ouvert au public comme « Maison du café » et relancé la replantation de caféiers et de cacaoyers. Ces replantations ont conduit à la production d’environ 1,5 tonne de café en parche en 2007. Le domaine a ensuite développé avec l’association Verte Vallée une politique d’écotourisme et d’emplois locaux liés à une entreprise d’insertion ; en 2002 une centaine de personnes a participé aux travaux de reconstruction et de plantation et le site a accueilli 30 000 visiteurs en 2010. À partir de mai 2009 un programme de rénovation a visé à réhabiliter les bâtiments selon les plans historiques, les méthodes et les matériaux du XIXe siècle. Fermée lors de l’épidémie de COVID-19, l’habitation n’avait pas rouvert en 2024.
L’ensemble agricole, situé à environ 200 mètres d’altitude dans le parc national de la Guadeloupe, comprend une maison de maître, la maison du géreur avec les habitations des ouvriers permanents, deux boucans, un hangar de torréfaction, deux moulins pour la déceriseuse, une bonifierie et une murisserie pour la fermentation du cacao, un oratoire, cinq maisons d’ouvriers — probablement d’anciennes cases d’esclaves — ainsi que des porcheries et divers petits bâtiments annexes. Les allées qui desservent les constructions sont dallées, et l’ensemble figure parmi les exploitations agricoles les mieux préservées des Petites Antilles. Depuis la reprise engagée par les collectivités et l’association Verte Vallée, le site a été valorisé à la fois comme lieu de production agricole, musée vivant du café et chantier de réinsertion.