Habitation Leyritz

Habitation Leyritz

  • 97218 Basse-Pointe
Propriété d'une société privée

Frise chronologique

Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1700
1800
1900
2000
1749
Anoblissement de Michel Leiritz
4e quart XVIIe siècle
Fondation de l'habitation
1788
Ouragan dévastateur
1791
Expansion de la propriété
1848
Abolition de l'esclavage
1902
Dégâts causés par l'éruption
1948
Assassinat d'un administrateur
1974
Sommet international
2007
Destruction partielle
2014
Inscription aux Monuments historiques
2021
Restauration engagée
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

"L'Habitation, à savoir : pour la partie haute : l'ensemble du jardin, le bassin, la fontaine, la case à lessive, la maison et ses dépendances, le bâtiment dit " cases des gardes ", le réseau hydraulique ; pour la partie industrielle : l'aqueduc, le moulin et sa roue, les vestiges du bâtiment dit " four à chaux " avec sa cheminée et l'ensemble du sol de la parcelle D 1 : inscription par arrêté du 9 mai 2014"

Personnages clés

Michel Leiritz Premier membre de la famille à s'installer en Martinique et fondateur de l'habitation.
Rose Asselain Épouse de Michel Leiritz et propriétaire d'une exploitation d'indigo.
Marie Catherine Marraud Seconde épouse de Michel Leiritz, issue d'une famille propriétaire d'une habitation sucrière.
Rose Marie Louise de Leyritz Propriétaire de l'habitation au début du XIXe siècle.
Louis Marraud des Grottes Gestionnaire de l'exploitation au début du XXe siècle.

Origine et histoire

L’habitation Leyritz, parfois orthographiée Leiritz, est une ancienne plantation coloniale située à Basse-Pointe, en Martinique ; plusieurs éléments et édifices en ont été inscrits aux Monuments historiques en 2014. Fondée au XVIIIe siècle, elle appartient pendant plus de deux siècles à la famille Leiritz, venue du Limousin et divisée ensuite entre des branches établies à Saint-Malo et à Bordeaux. Le premier membre de la famille à s’installer en Martinique, Michel Leiritz, s’établit à Basse-Pointe où, par son mariage avec Rose Asselain, il prend possession d’une exploitation d’indigo d’environ vingt hectares avec une trentaine d’esclaves. Michel Leiritz exerce également des fonctions locales, notamment comme syndic de paroisse et officier de milice, et épouse en secondes noces Marie Catherine Marraud, issue d’une famille propriétaire d’une habitation sucrière. Il achète une charge anoblissante en 1749 et meurt à Basse-Pointe en 1764 ; la propriété reste ensuite dans la famille, transmise de génération en génération. Un ouragan frappe la plantation en 1788 et cause d’importants dégâts aux bâtiments, aux installations et aux cultures, alors que la propriété compte plusieurs centaines d’esclaves. À la veille de la Révolution, la superficie et l’effectif asservi augmentent encore : en 1791 l’habitation couvre près de 500 hectares et compte plus de 300 esclaves. Au début du XIXe siècle, la propriété passe à Rose Marie Louise de Leyritz puis, à sa mort, à ses deux filles qui la conservent en indivision ; un inventaire de 1836 mentionne environ 517 hectares dont 258 de terres cultivables et 218 esclaves. À la suite des premières lois d’encadrement du travail d’esclave, des tensions et des arrêts de travail apparaissent dans les plantations ; en décembre 1845, l’atelier de l’habitation Leyritz refuse le travail de nuit, entraînant des interventions de gendarmerie, l’arrestation de plusieurs personnes et la punition publique de quelques meneurs. L’abolition définitive de l’esclavage en 1848 bouleverse l’économie sucrière locale : les anciens esclaves refusent souvent des salaires insuffisants et les propriétaires font appel à de la main-d’œuvre engagée, notamment indienne. Confrontée plus tard à la crise de la canne et à des difficultés de main-d’œuvre, l’habitation se tourne, dans la seconde moitié du XIXe siècle, vers la production de rhum et l’expédition de ses produits vers Bordeaux. La gestion de la propriété est confiée à Louis Marraud des Grottes, qui dirige l’exploitation et signale, en 1902, des dégâts causés par une réplique de l’éruption de la Montagne Pelée tout en précisant l’envoi de tafia et de rhum vers Fort-de-France. En 1948, dans un contexte de grèves agricoles, l’assassinat d’un administrateur sur les terres de Leyritz déclenche une vaste répression : des coupeurs de canne sont arrêtés, seize d’entre eux sont emprisonnés pendant plusieurs années puis transférés en métropole avant d’être finalement acquittés pour absence de preuves. Dans les années 1970 la propriété est vendue aux Lucy de Fossarie, qui restaurent les bâtiments pour les exploiter comme hôtel-restaurant dans un parc d’environ huit hectares ; l’établissement gagne en notoriété lors d’un sommet international en décembre 1974, où deux chefs d’État y séjournent. Partiellement détruite par l’ouragan Dean en 2007, la plantation reste longtemps fermée faute de moyens de rénovation ; en décembre 2021 elle reçoit le soutien de la Fondation du patrimoine et certaines restaurations, notamment de la rue des cases-nègres, sont engagées. Située à trois kilomètres de Basse-Pointe, sur un contrefort de la Montagne Pelée au milieu d’une végétation dense, l’habitation s’étend sur huit hectares et s’organise autour d’une roue hydraulique toujours active, centre névralgique de l’ensemble. Deux allées perpendiculaires divisent le domaine : à l’est se trouvent la distillerie et les anciennes cases d’esclaves, reconverties en bungalows ; à l’ouest, sur un terrain plus élevé, se situent la sucrerie devenue restaurant, la maison du géreur et d’autres bâtiments utilitaires ainsi qu’un jardin d’agrément. La maison des maîtres, construite au début du XVIIIe siècle et agrandie au XIXe siècle, domine la propriété ; elle illustre l’évolution des maisons antillaises de maître, avec cuisine extérieure à l’origine, puis galeries, balcons en fer forgé, une toiture de type Mansart mêlant ardoise et tuiles, et un jardin à la française agrémenté de deux fontaines anciennes. L’ensemble formé par le jardin, le bassin, la fontaine, la case à lessive, la maison et ses dépendances, la « case des gardes », le réseau hydraulique et la partie industrielle (aqueduc, moulin et roue, vestiges du four à chaux avec sa cheminée et l’ensemble du sol) est protégé au titre des monuments historiques depuis 2014.

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