Origine et histoire
L'Habitation Mamiel, ancienne plantation coloniale sucrière située aux Abymes sur Grande‑Terre (Guadeloupe), est inscrite aux monuments historiques en 2006. Le site est occupé depuis le XVIIIe siècle : la carte des ingénieurs du roi la mentionne en 1768 sous le nom de L'Espérance. En 1778, elle passe à Catherine Françoise Godemar Reverchon, veuve Mamiel ; l'acte précise qu'il s'agit d'une importante habitation fabriquant du sucre terré et disposant d'un moulin à vent aujourd'hui disparu. La maison principale actuelle, établie sur un petit morne boisé et construite aux environs de 1810, conserve la distribution d'origine avec trois pièces en enfilade, galeries et cabinets. Elle comprend plus de huit pièces et une surface totale de plus de 300 m2, entourée d'une galerie extérieure ouvrant sur un jardin fleuri. En 1863, l'habitation est équipée de machines à vapeur et ses propriétaires signent un engagement de fournir durant vingt ans leur production de canne à l'usine Darboussier. Les bâtiments de production sont ensuite progressivement délaissés ; Darboussier rachète le domaine et y loge son personnel, dont Camille Dain, qui y réside de 1900 à 1934. Au XXe siècle, l'ensemble est régulièrement transformé et sert notamment d'entrepôt dans les années 1960 ; dans les années 1950, une galerie est ajoutée pour unifier la maison de maître et les annexes, formant un plan en U s'ouvrant sur un bassin et un colombier non d'origine. Quatre dépendances importantes entourent la maison : une maison de gardien de plain‑pied (77 m2), une maison d'amis (88 m2), la « Maison Katia », ancienne maison à deux étages (69 m2), et la « Maison Clément », d'un étage (70 m2). À l'intérieur, le dallage des galeries est d'origine et le salon présente un décor soigné dont seuls les lambris sont postérieurs. Le mobilier créole comprend notamment un sofa à dossier incurvé de style Second Empire ; la salle de bains conserve une baignoire en cuivre et, sur une étagère, un chauffe‑bain du XVIIIe siècle à deux cheminées latérales coudées. Le jardin, d'aménagement récent, conserve des vestiges de l'ancienne sucrerie : bâtiments d'exploitation et restes de machines, qui constituent un témoignage devenu rare de l'organisation d'une habitation sucrière au XIXe siècle en Grande‑Terre.