Origine et histoire de la halle
Fondée en 1290 par les moines de Granselve, la bastide de Grenade a été conçue comme une ville‑marché destinée à stimuler l’activité agricole et commerciale de la région. La place centrale, établie dès la fondation, mesure environ 72 × 74 mètres et constitue le cœur du plan en damier. Au centre de cette place se dresse une halle de plan carré d’environ 43 mètres de côté, soit près de 1 800 m2. La halle occupe un îlot de la bastide au croisement des axes principaux, rue Gambetta et rue de la République, sur la place du Commerce. Elle présente une charpente sur trois étages surmontée d’un beffroi et reposant sur trente‑six piliers octogonaux en briques roses, typiques du pays toulousain. La toiture pyramidale présente trois décrochements successifs à partir du beffroi, le dernier recouvrant les deux étages à greniers à l’intérieur. Au premier étage, au‑dessus des seize piliers de la surface centrale, se trouvent des greniers à grains accessibles autrefois par des échelles en bois ; cet étage était fermé par des planches et ajouré par de grandes fenêtres à croisillons en bois. Des analyses dendrochronologiques ont montré que certains bois de la charpente datent de la fin du XIIIe siècle, avec des bois coupés en 1293. Certaines sources attribuent toutefois la construction ou des remaniements de l’édifice à la période 1582‑1593. La charte de fondation de 1290 prévoyait déjà la fonction commerciale de la halle, autorisant un marché hebdomadaire et deux foires annuelles ; un texte de 1315 mentionne des tables de cordonniers sur la place, sans que l’on puisse affirmer avec certitude qu’il s’agisse de la halle. Un inventaire de 1617 cite un texte de 1305 indiquant que le conseil municipal se tenait dans la « maison commune » de la ville, ce qui laisse penser que la halle accueillait des fonctions consulaires dès le Moyen Âge. Plusieurs loges y étaient installées de manière permanente, notamment une loge des poids et mesures et la loge du mazel ou boucherie. L’édifice a également eu des fonctions judiciaires et administratives, abritant un auditoire royal et les locaux de travail du juge, du bailli, des notaires, des crieurs publics et des consuls. Les documents d’époque montrent que la halle a subi de nombreux travaux aux XVIIe et XVIIIe siècles : réparations de poutres, entretien de la couverture et interventions sur le bâtiment de l’horloge, qui a été signalé comme menaçant de tomber en 1671 et en 1773. Un acte de 1668 fait état d’une halle soutenue par trente piliers et déjà pourvue d’une horloge publique, tandis qu’en 1671 un autre acte évoque un nombre différent de piliers en l’air. Une gravure réalisée en 1879 montre que la halle était entourée de petits murets au XIXe siècle. Le sol et les piliers ont été rénovés et restaurés en 1992‑1993. La halle couverte, nommée halle Jean Moulin, est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 5 décembre 1979. Depuis des siècles, elle reste un lieu de rencontre pour les habitants de Grenade, accueillant le marché du samedi, la foire annuelle de la Saint‑Luc, les bals d’été et d’autres manifestations.