Origine et histoire des halles
Les Halles de Montbéliard, dans le Doubs, remplacent une halle en bois déjà mentionnée en 1301. L'édifice actuel a été construit en plusieurs campagnes au XVIe et XVIIe siècles : l'aile méridionale (1535‑1539), l'aile orientale (1565‑1592) et l'aile occidentale (1624‑1626). Une aile nord, prévue pour fermer l'ensemble, n'a jamais été réalisée. Conçu pour accueillir à la fois des fonctions administratives et commerciales, le bâtiment a abrité le conseil gouvernemental dit régence, des services de douane, le marché, des réserves et le grenier à grains. Les vastes greniers ont servi régulièrement au stockage des céréales. Le quartier des Halles s'impose comme le centre commercial reliant la Neuve‑ville (Faubourg de Besançon) à la vieille ville et la place et la halle ont été le théâtre de tournois, de représentations et de rassemblements. Le bâtiment est classé au titre des monuments historiques depuis le 12 juin 1992.
Les façades, en pierre de taille calcaire, présentent une ordonnance régulière annonçant les premiers motifs de la Renaissance ; les fenêtres sont munies de meneaux. Au centre de l'aile méridionale se dresse un campanile avec horloge et une cloche classée au titre des objets des monuments historiques le 30 mai 1928, portant l'inscription « Vox mea cunctorum sit terror Daemonum Frère Johan Vaucler abbé MVIC XVIII ». Sous le campanile, un passage voûté en arc en plein cintre donne accès à la cour intérieure.
Plusieurs aménagements et projets ponctuent l'histoire du bâtiment : l'installation de la douane à l'extrémité nord de l'aile orientale entre 1582 et 1583 ; la tentative, restée inachevée, d'une fontaine par Hans Reichardt en 1591‑1592 ; un projet pour l'aile nord proposé par l'ingénieur Claude Flamand en 1618 ; et l'établissement du grenier à grains dans l'aile ouest entre 1624 et 1628, dont une grille porte la date 1626 et les initiales IC. Au XVIIIe siècle, des réparations et des réaménagements intérieurs ont été réalisés.
Aux XIXe et début XXe siècles, l'édifice subit d'importantes transformations : en 1875‑1876, les boutiques en appentis accolées dès le XVIe siècle sont démolies, des magasins sont aménagés au rez‑de‑chaussée de l'aile principale et un grand escalier est construit dans l'aile ouest par l'architecte Luc Wetzel ; un projet de refonte de la façade par Charles Surleau reste non réalisé. Durant le XIXe siècle, toutes les ouvertures donnant sur la cour sont refaites et une partie des maisons fermant la cour au sud est démolie. Entre 1905 et 1909, l'architecte Jules Adolphe Pelletier poursuit des transformations : il construit un second escalier dans l'aile ouest et perce toutes les fenêtres du rez‑de‑chaussée de l'aile est donnant sur la place Dorian, y compris la fenêtre en plein cintre de l'escalier de la halle.
Aujourd'hui, le rez‑de‑chaussée accueille des commerces et la cour intérieure est utilisée comme parking, le bâtiment restant un témoin majeur de l'histoire urbaine et commerciale de Montbéliard.
