Hôpital Avicenne de Bobigny en Seine-Saint-Denis

Patrimoine classé Patrimoine urbain Hôpital

Hôpital Avicenne de Bobigny

  • 125 Rue de Stalingrad
  • 93000 Bobigny
Hôpital Avicenne de Bobigny
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Hôpital Avicenne de Bobigny
Hôpital Avicenne de Bobigny
Propriété d'un établissement public

Période

2e quart XXe siècle

Patrimoine classé

Le porche d'entrée dans son ensemble ; les façades (y compris la colonnade) et toitures de la partie centrale du bâtiment Larrey ; le hall d'entrée et la salle du conseil ; la chapelle funéraire de la morgue (cad. D 44, cf plan annexé à l'arrêté) : inscription par arrêté du 25 janvier 2006

Origine et histoire de l'hôpital Avicenne

Inauguré en 1935 sous le nom d'hôpital franco-musulman, l'établissement était destiné à accueillir les malades de confession musulmane originaires du Maghreb résidant en région parisienne. Il a été conçu dans un style néo‑mauresque par les architectes Maurice Mantout et Léon Azéma. La création de l'hôpital s'inscrit dans le prolongement de l'inauguration de la Grande mosquée de Paris et de l'initiative d'un « Comité Laffont », présidé notamment par André‑Pierre Godin, qui associait des objectifs sanitaires et un dispositif de surveillance de la population nord‑africaine. Un terrain de 116 000 m² à Bobigny, acquis par le conseil départemental, fut retenu pour le projet malgré l'opposition locale; la déclaration d'utilité publique a été signée en septembre 1930. L'hôpital a été inauguré officiellement le 22 mars 1935 en présence de représentants de l'État et de la communauté musulmane, et il était alors placé sous l'autorité de la préfecture de police et rattaché au Service de surveillance et de protection des indigènes nord‑africains. Adolphe Gérolami dirigea les premiers services et l'école d'infirmières. En 1937 fut inauguré le cimetière franco‑musulman lié à l'hôpital.

L'ensemble originel, organisé autour du bâtiment Larrey de plan en U, relève de l'architecture hospitalière de l'entre‑deux‑guerres : volumes parallélépipédiques, horizontaux, toits‑terrasses et emploi du béton armé pour intégrer des fonctions modernes. Il se distingue toutefois par des éléments décoratifs d'inspiration orientale, tels que colonnades, arcs brisés, enduits blancs et revêtements de céramique aux teintes jaune, verte et bleue. L'accès s'effectue par un porche monumental néo‑mauresque, directement inspiré de la porte de Meknès, orné de mosaïques portant l'inscription « hôpital franco‑musulman » en français et en arabe; le porche et la mosquée attestent de cette unité stylistique. L'entrée de la morgue est pavée de vert et de blanc, et le parvis en céramiques bleues et blanches, qui reliait la voie publique au bâtiment principal, a été détruit en 2004.

Conçu initialement pour environ 300 lits, l'hôpital comportait un corps central administratif, une aile gauche dédiée aux tuberculeux, une aile droite consacrée à la médecine générale et à la chirurgie, ainsi qu'un important laboratoire des maladies exotiques jouant aussi un rôle de recherche. Une grande partie du personnel infirmier parlait arabe ou kabyle et les formations tenaient compte de la culture et de la géographie arabes; l'établissement devint une référence pour les étudiants en médecine d'Afrique du Nord.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'hôpital fut réquisitionné par l'armée allemande en novembre 1940; le professeur Ali Sakka quitta alors son poste. Des actions de protection et de résistance se mirent en place : l'interne Ahmed Somia, avec la complicité de la mairie, déplace du matériel, la pharmacienne Alice Rollen effectue des analyses clandestines, et à partir de 1942 des hébergements et des soins discrets sont organisés, notamment dans le service des tuberculeux où étaient soignés des résistants et des aviateurs alliés.

Après 1945 l'hôpital s'ouvre progressivement à l'ensemble de la population et cesse d'être directement géré par la préfecture de police; il devient centre hospitalier universitaire en 1968. De nouvelles constructions complètent le site au fil des décennies, parmi lesquelles les pavillons Charcot, Lavoisier et Madeleine Brès, ainsi que des structures dédiées au SAMU/SMUR. En 1978 l'établissement adopte le nom d'Avicenne. Pour son 70e anniversaire, une exposition lui a été consacrée au musée de l'Assistance publique‑Hôpitaux de Paris en 2005. Le porche d'entrée, les façades et toitures de la partie centrale du bâtiment Larrey, le hall d'entrée, la salle du conseil et la chapelle funéraire de la morgue ont été inscrits au titre des monuments historiques en janvier 2006.

Le site conserve également une forte valeur archéologique : des fouilles menées depuis 1992 ont révélé des traces d'occupation gauloise et, lors d'opérations préventives de 2002‑2003, l'INRAP a mis au jour une nécropole gauloise majeure comportant 521 tombes et de nombreux objets, dont des vases, parures et fibules; une partie du matériel a été exposée dans le hall de l'hôpital jusqu'au début de 2009.

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