Origine et histoire de l'ex Hôpital
L’hospice Beaujon, fondé en 1785 rue du Faubourg-du-Roule (actuellement 208 rue du Faubourg-Saint-Honoré), est un établissement construit de juillet 1784 à août 1785 par l’architecte Nicolas-Claude Girardin pour le banquier Nicolas Beaujon, sur un terrain acquis au baron d’Arcy. Le bâtiment, édifié pour un coût d’un million de livres, forme un quadrilatère d’environ 30 mètres sur 40 autour d’une cour et présente en façade un large portique en plein cintre surmonté d’une voûte à caissons. Conçu à l’origine comme orphelinat, il était doté d’un fonds de 20 000 livres de rentes destiné à l’éducation de vingt-quatre enfants, douze garçons et douze filles, accueillis à partir de sept ans et quittant l’établissement à quatorze ans munis d’un pécule de 400 livres. Dès l’ouverture, l’hospice comportait un service de consultation médicale et était administré sous la présidence de Chrétien-François II de Lamoignon, avec le concours de six sœurs grises et de deux lazaristes. À l’intérieur, les écoles étaient réparties à droite et à gauche de l’entrée, les frères lazaristes logeaient au premier étage et les ailes abritaient buanderie, lingerie, dortoirs des garçons, cuisines, réfectoire et dortoirs des filles ; le bâtiment de fond comprenait la chapelle, l’infirmerie et le réfectoire des sœurs, desservis par deux grands escaliers en vis. Les dortoirs étaient organisés en rangées de lits et, à leur sortie, les enfants bénéficiaient d’une somme pour leur apprentissage ; Beaujon avait aussi institué six bourses à l’École gratuite de dessin pour les plus doués. Par décret de la Convention du 29 nivôse an III (18 janvier 1795), l’hospice fut transformé en hôpital, les élèves étant replacés parmi ceux de la Patrie ou rendus à leur famille, et les bâtiments furent réaménagés par l’architecte Nicolas Marie Clavereau qui modifia des cloisons, ajouta des escaliers circulaires et aménagea des annexes dans le jardin, avec une entrée particulière rue de Chartres (actuelle rue de Courcelles). Un portail donnant sur le jardin était encadré de deux pavillons en demi-cercle ; deux pelouses parallèles bordées d’allées plantées formaient alors des promenoirs distincts pour les hommes et les femmes, avec un bassin hexagonal et, au-delà, un jardin potager. L’hôpital disposait de 80 lits en 1795 et de 100 en 1805 ; en 1805 le service comptait vingt-sept personnes, dont seize infirmières, un médecin, un chirurgien, un pharmacien et deux élèves. Au début du XIXe siècle, l’établissement était réputé salubre, propre et bien aménagé. Il prit successivement les appellations « hospice de l’Ouest » en 1795 puis « hôpital Beaujon » en 1803, tout en conservant l’usage courant du nom d’hospice Beaujon. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’hôpital fut agrandi par deux ailes en façade et par des bâtiments en peigne construits dans le jardin et reliés par une galerie au rez-de-chaussée ; ces adjonctions, qui n’altéraient pas l’édifice originel de Girardin, ont été détruites en 1989. L’hôpital comptait 700 lits en 1935 et était alors jugé vétuste ; il servit d’hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale. Le poète et journaliste Claude Roy y est né en 1915 et le président Paul Doumer y est décédé le 7 mai 1932. L’Assistance publique fit construire un nouvel hôpital à Clichy dont les premiers patients furent admis en 1935 ; l’ancien établissement parisien cessa de recevoir des malades à partir de janvier 1937 et accueillit par la suite le commissariat du 8e arrondissement et une école de gardiens de la paix. La ZAC Beaujon a été aménagée en 2013 sur les terrains occupés par les bâtiments édifiés dans le jardin arrière ; le bâtiment d’origine du XVIIIe siècle a été préservé et, en 2024, en cours de rénovation, il accueille une crèche, le conservatoire Camille Saint-Saëns et le Centre Paris Anim' Beaujon, qui comprend des salles de sport, d’animation et une salle de spectacle.