Hôpital de la Charité de Senlis dans l'Oise

Patrimoine classé Patrimoine urbain Hôpital

Hôpital de la Charité de Senlis

  • 1 Rue du Temple
  • 60300 Senlis
Hôpital de la Charité de Senlis
Hôpital de la Charité de Senlis
Hôpital de la Charité de Senlis
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Hôpital de la Charité de Senlis
Hôpital de la Charité de Senlis
Crédit photo : P.poschadel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1er quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

L'ancien hôpital : classement par arrêté du 19 janvier 1942

Origine et histoire de l'hôpital de la Charité

L'ancien hôpital de la Charité de Senlis, fondé au XVIIe siècle par la congrégation de la Charité (ordre de Saint-Jean-de-Dieu), s'est développé à partir d'une donation initiale et a fonctionné jusqu'aux années 1830. Le projet prit naissance avec l'acte de donation signé par Jacques Joly en 1647, mais des difficultés juridiques et financières retardèrent sa réalisation après le décès du donateur en 1652. La congrégation de la Charité de Paris acheta des immeubles à Senlis, dut faire face à une escroquerie liée à l'hôtel du Paon et engagea plusieurs procédures pour recouvrer des rentes et vendre des biens dégradés. Après de longues péripéties, les lettres patentes royales autorisèrent la création officielle de l'hôpital en février 1668, complétée par le consentement de l'évêque de Senlis en janvier de la même année. Les premières acquisitions de maisons eurent lieu en 1668, l'ouverture solennelle se tint le 7 mars 1670 avec les premiers lits fondés par Jacques Joly et d'autres donateurs, et la chapelle provisoire dédiée à Denys l'Aréopagite fut bénie le 20 mars 1670. L'établissement s'agrandit progressivement par achats et constructions : premières constructions nouvelles en 1687, église commencée en 1706 et bénite l'année suivante, puis démolie et reconstruite après malfaçon pour être consacrée en 1715 ; le cimetière du chœur date de 1708. L'église fut dédiée à saint Denys ainsi qu'à plusieurs autres saints et fut reconstruite sous la direction du frère François‑Xavier Constant après les problèmes structurels constatés peu après son achèvement.
La Charité se spécialisa dans la prise en charge des hommes, notamment des malades mentaux, et signa dès 1672 un accord avec l'Hôtel‑Dieu prévoyant l'accueil de patients orientés, une indemnité journalière et un versement pour le mobilier. L'infirmerie compta peu de lits au début — onze en 1691, quatorze en 1708, dix‑huit en 1722 puis quatorze jusqu'à la Révolution — tandis que le nombre de pensionnaires croissait, atteignant quarante‑sept en 1764 et soixante‑dix à quatre‑vingts dans les dernières années de l'Ancien Régime. Des soldats furent reçus ponctuellement à partir de 1778. Le personnel comportait quelques religieux et un nombre croissant de domestiques et d'employés spécialisés : à la fin du XVIIIe siècle on relève plusieurs dizaines de personnels pour un effectif moyen de patients, les religieux restant en petit nombre.
La gestion financière était soignée, les comptes bien tenus et des excédents placés pour financer des travaux ; entre 1676 et 1755, environ 56 880 livres furent investies pour les constructions et agrandissements, et le nouvel ensemble conventuel dit « la Liberté » fut édifié entre 1764 et 1771. L'hôpital offrait des prestations complètes : une grande salle d'infirmerie avec lits individuels munis de rideaux, linge et vêtements fournis, chauffage assuré, trois repas quotidiens soignés et cave à vins approvisionnée, soins pharmaceutiques et présence d'au moins un chirurgien. Les soins psychiatriques reposaient sur un traitement moral attentif, des régimes gradués — liberté, semi‑liberté et force pour les cas violents — et une surveillance régulière assurée par le prieur et le sous‑prieur ; les internés pouvaient adresser des réclamations aux autorités.
Après 1789 l'hôpital poursuivit son activité malgré les bouleversements révolutionnaires : les religieux se déclarèrent parfois désormais simples particuliers, l'établissement prit le nom d'Hospice civil de la Charité et, après la dissolution d'autres institutions, accueillit des patients des deux sexes. La fusion avec l'hôpital Saint‑Lazare au début du XIXe siècle entraîna la fermeture de la Charité dans les années 1830 et la redistribution des bâtiments entre la ville et le département. L'ancienne infirmerie et l'église furent affectées à des usages scolaires et culturels, le bâtiment conventuel abrita la sous‑préfecture et le tribunal à partir de 1836, et le bâtiment de « la Force » fut transformé en prison en 1840 puis modifié en 1843. L'église devint musée municipal en 1887, puis musée de la Vénerie en 1934‑35 avant d'être déplacé en 1956 ; la « Force » connut des usages variés au XXe siècle, dont annexe des archives départementales entre 1983 et 2002, puis des logements jusqu'en 2011. L'église, vacante pendant de longues périodes, a été vendue en septembre 2013 à l'Éparchie Saint Vladimir le Grand de Paris des Ukrainiens.
Situé dans le quartier médiéval aujourd'hui appelé Saint‑Vincent, l'ensemble formé jusqu'en 1752 s'étendait entre la rue de Meaux, la rue de la Poterne, la rue du Temple et la rue de la République ; la plupart des bâtiments de cette époque subsistent, l'infirmerie de 1708 et l'église formant l'angle au carrefour dit des Tisserands. L'église, de style classique, se distingue par sa façade nord richement traitée avec pilastres toscans et ioniques, une baie en plein cintre et un fronton triangulaire ; son plan simple comprend une nef voûtée en berceau, un chœur à pans coupés aveugle pour le maître‑autel, un double transept muni de tribunes pour les malades et quelques chapelles latérales. L'infirmerie, contemporaine de l'église, présente une façade sur rue avec fronton sculpté et porte encore des caves et un ossuaire souterrain ; les longues ailes de la Poterne et du Temple conservent l'allure sobre issue de la transformation carcérale du XIXe siècle, tandis que les façades donnant sur cour et jardin affichent des fenêtres plus larges et des restaurations récentes. L'ensemble a été classé monument historique par arrêté du 19 janvier 1942.

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